Le secrétaire général du Parti du progrès et du Socialisme (PPS), Nabil Benabdellah a affirmé, mardi, au cours d'un entretien avec la première secrétaire du Parti socialiste Français, Martine Aubry, également maire de Lille, que son parti est la seule force qui représente toute la gauche marocaine, au sein de l'alliance gouvernementale, dirigée par le parti de la justice et du développement (PJD). La participation du PPS à ce gouvernement a pour objectif de garantir à la nouvelle expérience gouvernementale, telle que définie dans le pacte de la majorité (PJD, Istiqlal, Mouvement populaire, PPS) toutes les chances de réussite, a-t-il souligné. Présentant l'évolution de la situation politique dans le pays au cours de l'année dernière, qui a été fortement marquée par le Printemps arabe, M. Benabdellah a noté qu'elle a été particulièrement fertile avec l'adoption d'une nouvelle constitution et l'organisation d'élections législatives, qui se sont soldées par la victoire du PJD et la nomination de son secrétaire général, chef du gouvernement. Il a rappelé que le PPS a été particulièrement visé par un parti qui présidait le groupement d'autres forces politiques (G4 puis G 8) et qu'il avait perdu de ce fait quelques sièges en n'obtenant que 18 sièges, score qui lui a permis de se doter d'un groupe parlementaire au sein de la Chambre des représentants après avoir été rejoint par deux députés. A l'issue d'un intense débat au sein des structures du parti, il a été décidé de participer au gouvernement dirigé par le PJD dans le but, a-t-il expliqué, d'empêcher toute main mise par une seule force politique sur la champ politique nationale et de s'approprier à elle seule les fruits de la mise en chantier de tous les grands projets prévus dans la nouvelle Constitution. Le SG du PPS a rappelé à cette occasion les divergences de son parti avec le PJD concernant notamment l'égalité entre hommes et femmes, la question de la parité, l'ouverture culturelle sur les autres civilisations et cultures, et la gestion des festivals, ajoutant que le parti du progrès et du socialisme partage toutefois avec ses alliés au gouvernement dont le PJD les mêmes préoccupations concernant notamment le développement de l'économie et sa modernisation, la lutte contre la corruption et l'économie de rente, la promotion de la bonne gouvernance, la moralisation de la vie publique, la consolidation de la démocratie, le respect des libertés et des valeurs d'ouverture et d'égalité des chances et la mise en chantier des projets annoncés dans le programme gouvernemental. Pour sa part, Mme Aubry a hautement apprécié la décision du PPS de participer au gouvernement, dirigé par le PJD, soulignant que les réformes en cours dans le pays ont été toujours au centre des revendications de la gauche marocaine dans son ensemble. Et de préciser au sujet de l'avènement du nouveau gouvernement au Maroc: "oui la démocratie a parlé, il faut la respecter". Le Maroc est un pays de démocratie et de culture avec ses festivals et son ouverture sur la culture contemporaine, a commenté Mme Aubry. Répondant par ailleurs à une question relative à l'utilisation du dossier du Sahara marocain au sein du Parlement européen pour porter atteinte aux relations entre l'Union européenne et le Maroc, elle a fait savoir que le groupe socialiste au sein du parlement avait au départ décidé de voter pour le renouvellement de l'accord de pêche Maroc-UE, mais à la dernière minute, les socialistes allemands avaient fait défection, suite au lobbying algérien. Elle a en outre souligné que le parti socialiste français est attaché à renforcer, en cas de victoire de son candidat aux élections présidentielles, François Hollande, les relations de la France avec le Maroc sur la base d'une "vraie coopération rénovée" dans tous les domaines. Elle a plaidé aussi pour des accords gagnants-gagnants dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée entre les pays membres. Revenant sur la situation dans son pays, elle a noté que le candidat socialiste a de fortes chances de l'emporter, étant donné que la crise en France n'épargne aucun secteur. Dans le cadre de son programme électoral, le candidat socialiste met surtout l'accent sur la nécessité de redresser l'économie du pays, de réaliser la justice sociale pour tous, de développer tous les secteurs (éducation, santé, etc…) et de renforcer la position de la France dans le monde. Cette rencontre s'est déroulée en présence des membres du Bureau politique du PPS Rachida Tahiri, parlementaire, Charafat Afilal, vice présidente de la chambre des représentants, Nouzha Skalli, parlementaire, Gajmoula Ebbi, parlementaire, Mustapha Labraimi, Chargé des relations extérieures et de la politique internationale au sein du PPS, Abdelouahed Souhail, ministre de l'emploi et de la formation professionnelle et Mohamed Lamine Sbihi, ministre de la culture. La délégation conduite par Mme Aubry comprenait Pouria Amirshahi, secrétaire national du PS, chargé de la coopération, de la francophonie et de l'aide au développement, Jean Christophe Cambadélis, député de Paris, secrétaire national du PS, chargé des relations internationales, Gilles Pargneaux, député européen et Jean Marc Germani, directeur de cabinet de Mme Aubry.