En ce dernier tiers de la saison scolaire, les voix de désapprobation montent d'un cran. De plus belle, les parents d'élèves sévissent encore sous les effets de la panique, à l'approche des sentences des examens. D'aucuns craignent terriblement les résultats du second semestre qui se pointent, pour la plupart, fatals. En effet, depuis la mise en application du système de deux semestres au cours de l'année scolaire, au lieu de l'ancienne formule de trois trimestres, on ne fait que s'indigner devant cette méthode jugée trop drastique. Effectivement, dès que l'apprenant rate le premier semestre, il lui est vraiment difficile voire impossible de se rattraper dans le deuxième semestre. Car, pour un sept de moyenne, à titre d'exemple, on voit mal comment l'élève pourra remonter ce handicap lors du semestre suivant, avec une moyenne de plus de treize d'un seul coup. La pente est tellement raide que l'apprenant-grimpeur se trouve dans l'incapacité de tenter cette épreuve, avec des moyens toujours limités, et finit par craquer en abandonnant les cours, abattu par le désespoir. Dans ce sens, l'ancien système de trois trimestres présente beaucoup plus d'espoir aux élèves qui, après avoir loupé la première manche, peuvent toujours essayer les deux occasions restantes, avec beaucoup plus de détermination et de fraicheur. D'autre part, on constatera avec rancœur les flux des élèves qui accourent vers les établissements privés, juste après leur première déroute au public, estimant que les premiers sont beaucoup plus « généreux », en termes de points de ce qu'on appelle « le contrôle continu ». Dans le même conteste, il faut bien remarquer que la durée du second semestre est beaucoup plus écourtée, puisque les élèves ont la mauvaise habitude de quitter les écoles prématurément, sans que l'on prenne les mesures disciplinaires qui s'imposent aussi bien contre les élèves qui fuguent précocement que les enseignants qui se montrent, pour une bonne partie, trop « laxistes et incitateurs » à cette fugue. Certes, la formule de deux semestres a été initialement intégrée dans le système scolaire dans un souci de rationalisation des ressources matérielles, au niveau des logistiques lors des examens. Cependant, pédagogiquement parlant, il s'avère que le système reproduit, chaque année, des pertes considérables en termes de déperdition scolaire, occasionnée particulièrement par des sentiments de désarroi et de déconfiture. Il est vrai aussi que cette aubaine pour l'enseignement privé au sein duquel les « clients » terrorisés trouvent leur seul refuge pour un éventuel sauvetage. On aura pareillement économisé quelques sous, par le biais de cette espèce de remembrement des examens scolaires. Toutefois, on ne peut sacrifier toute une génération d'apprenants pour des calculs réducteurs. D'ailleurs, on aura bien accueilli, non sans réjouissance, l'allusion faite par le nouveau ministre de l'éducation nationale selon laquelle il est question de révision de cette formule préjudiciable. On aura noté également les incidences négatives des multiples débrayages dans le secteur de l'enseignement, appelés par les divers syndicats. Cette situation de grève a aussi tendance à écourter davantage les temps scolaires des élèves et influer directement sur leur résultat déjà sanctionné par le système de deux semestres. Il est donc judicieux de revoir le plus urgemment possible cette formule, surtout que le plan d'urgence rendra ces derniers soupirs, avec la fin de l'année en cours. A ce propos, il est loisible de mettre l'intérêt de l'élève au-dessus de toute autre considération.