Le football est un spectacle cher. Il suffit de suivre chaque semaine les matchs de la Ligue espagnole (Liga) pour s'en rendre compte. Sur la pelouse, le salaire d'un seul joueur du Real Madrid, par exemple, est plusieurs fois supérieur au budget d'un grand club marocain. Les performances d'un club espagnol vont généralement de pair avec le capital investi. Il n'y a aucune honte d'admettre que le Réal Madrid et le FC Barcelone (Barça) dominent le football espagnol et européen parce qu'ils sont les plus riches. Si l'un des deux clubs remporte son match, le résultat est normal. S'il le perd, c'est un scandale pour les médias, le public et les sponsors. C'est le résultat d'un fort accompagnement médiatique qui a modifié la réalité sociale et créé, en leur faveur, un courant d'opinion inébranlable. A tel point que désormais les publics outre-frontières (marocain surtout) vibrent avec les succès des deux clubs, s'attristent lorsqu'ils sont accrochés par d'autres plus modestes, célèbrent les titres remportés par leurs joueurs comme s'il s'agit d'un acquis national. Pourtant, cette guerre n'est pas la leur. Encore une fois, le Réal et le Barça sont cités comme les équipes les plus riches de la planète en termes de chiffres d'affaires. Eu égard à leurs recettes en 2012/2013, ils sont en tête des clubs de la planète, signale une étude de Football Money League, réalisée par le cabinet d'audit Deloitte, sur la base des données financières des clubs en 2012/2013. Pour le Réal Madrid, qui n'a remporté aucun titre durant la même saison, les revenus se sont élevés à 518,9 millions d'euros, une hausse de 1,2% par rapport à la saison précédente. Ces montants se repartissent entre le produit de ventes de tickets d'entrée au stade (119 millions), droits de retransmission TV (188,3 millions) et publicité, merchandising et sponsors (211,6 millions). Le Barça, son eternel rival, compte des chiffres quasi-similaires en comptabilisant un chiffre d'affaires de 482,6 millions d'euros (contre 483 millions l'édition précédente). Les revenus sont dus aux 117,6 millions d'euros encaissés pour la vente de tickets d'entrée, 188,2 millions d'euros versés par les télévisions pour retransmission de ses matchs, et, 176,8 millions rapportés par la publicité, les groupes sponsors et le merchandising. Le Réal bat le Barça sur le terrain de la publicité, de vente de maillots et objets commémoratifs portant le logo du club, et, la générosité des sponsors. La logique n'a pas fonctionné pour récompenser le club le plus effectif. Le Barça avait fini la saison en champion et a remporté la super-coupe d'Espagne. Il est leader de la Liga depuis plus d'un an. Au 3e rang en termes de revenus, vient l'Atlético de Madrid, actuel co-leader et détenteur de la Coupe du Roi d'Espagne. Les chiffres jouent en sa faveur sur le plan sportif mais se place au 20e rang dans le ranking mondial selon le volume des recettes. Sa trésorerie a comptabilisé 120 millions d'euros, un chiffre qui est quatre fois inférieur à celui du Barça et représente moins de 25% des revenus du Réal Madrid. Ceci revient au fait que le club « rouge-blanc » a encaissé mois que ses deux rivaux : 27,5 millions d'euros pour la vente de tickets d'entrée, 52,5 millions pour retransmission TV et 40 millions en publicité, sponsors et merchandising. Le CF Valence, un club en pleine crise financière et footballistique, est à la 23e position du ranking mondial avec des recettes égales à 116 millions d'euros. Si Le Barça a pu gagner, mercredi soir, son match aller de la Coupe du Roi en balayant à domicile le Levante (1-4), c'est parce que le club est en mesure d'aligner une équipe différente pour chaque match. Le Levante, qui avait donné du fil à retordre au Barça dimanche dernier dans un match comptant pour la 1ère journée de la phase retour de la Liga (1-1), a subi la loi d'un jeune (Tello), appelé à substituer Neymar et Alexis dans l'aile gauche. Il a inscrit trois buts sur des remises de Messi qui a assumé le rôle de passeur de balles en l'absence d'Iniesta. Le Barça est parmi les rares clubs qui se permettent une rotation de ses joueurs pour doser l'effort en prévision de prochaines compétitions. Même cas pur le Réal Madrid qui compte au moins deux joueurs de qualité exceptionnelle pour le même poste. Le secret du succès et de l'écho médiatique réside dans la capacité du club de générer des revenus en engagement des joueurs capables de réaliser des combinaisons spectaculaires, d'inscrire des buts de toutes les positions mais aussi de gagner des titres.