La SNI avait conclu, le 15 avril dernier, un accord stratégique visant l'adossement de Cosumar à un partenaire industriel de référence, le 1er groupe agroalimentaire asiatique Wilmar International, aux termes duquel elle a cédé 27,5 % du capital de la société à ce Groupe et avait annoncé son intention de constituer un large consortium d'investisseurs institutionnels marocains pour épauler Wilmar et former le nouveau noyau dur de Cosumar. Chose faite aujourd'hui, avec l'arrivée des institutionnels marocains qui, avec Wilmar, contrôlent plus de 54% du capital et des droits de vote. Mercredi 22 janvier 2014, un bloc de plus d'1 million d'actions a été cédé sur le marché boursier casablancais, au prix unitaire de 1.900 DH. C'est la SNI, ancienne maison mère de l'unique raffineur de sucre au Maroc qui, comme annoncé il y a trois ans déjà, entame la deuxième phase de son désengagement. L'opération s'est déroulée sous forme de vente de gré à gré au profit de plusieurs institutionnels marocains, sans tapage ni fanfare. Cette cession, qui a porté sur près de 25% du capital de Cosumar, devait rapporter au premier conglomérat national quelque 2 milliards DH. Une somme importante, c'est sûr, dont on ignore la destinée. Mais, passons. Cela ne regarde personne. C'est l'argent privé qui va dans des placements privés. Sauf que, dans ce genre de grosse opération boursière, le titre coté, objet d'une quelconque OPA, est, par principe, suspendu de la cotation et l'information est communiqué au marché dans l'intérêt bien compris des petits porteurs et actionnaires minoritaires. Ce qui n'a pas été le cas cette fois-ci. C'est regrettable, en ce sens que la transparence, fortement exigée en matière de transactions boursières, a semblé faire plusieurs pas en arrière. Cela dit, à notre grande surprise, le titre Cosumar fut suspendu de la cotation, ce jeudi matin. Est-ce à dire que cette suspension augure de nouvelles annonces importantes ? On ne sait trop. Le sucre et l'argent du sucre Mais au-delà des tenants et aboutissants de cette opération, on retiendra ceci : le fait de céder une bonne partie du contrôle de la sucrerie à des Marocains, c'est surtout un moyen de garder le sucre et l'argent du sucre. Les nouveaux actionnaires, généralement des compagnies d'assurances et des banques d'affaires ont, sans nul doute, réalisé une bonne affaire. En général, par les temps qui courent, l'agroalimentaire recèle un vaste potentiel de gains solides et réguliers, sans se soucier le moins du monde des aléas des marchés. C'est l'avis des spécialistes, pour qui le secteur agroalimentaire est « émergent et prometteur ». En l'occurrence, le sucre, dont la demande ne cesse de grossir, qui attire et séduit les investisseurs. Dans le cas de Cosumar, en effet, l'investissement est intéressant, car le prix payé, limité à 1.900 DH l'action, est encore sous ses plus hauts enregistrés ses trois dernières années (l'action Cosumar titillait les 1.300 DH, début 2011) et les fondamentaux de la compagnie sont largement positifs. De toutes les façons, on gardera les yeux ouverts sur l'évolution boursière, d'ici la saison des résultats en mars 2014. Pour le moment, on rappellera que le titre Cosumar, demeure, à tous points de vues, très intéressant. Avec les valorisations actuelles, le titre présente un PER des plus bas de la place (moins de neuf fois), présente un ROI (return on investment) de 21,7% contre moins de 20 % en 2011, et un BPA (bénéfice par action) des meilleurs de la place de près de 175 DH en 2012 au lieu de 148 DH en 2011. C'est dire que Cosumar est une valeur à forte profitabilité et ceci n'a pas échappé aux investisseurs qui, dans une démarche boursière «rationnellement» spéculative ne manqueront une chance de faire grimper les cours. C'est probablement le scénario qui puisse arriver, si l'on en croit l'idée selon laquelle la SNI mettrait, sous peu, sur le marché le reliquat du capital encore sous son contrôle (9% du capital).