L'abandon par la compagnie des transports maritimes Comarit des 104 membres de son équipage, tous marocains, interpelle d'urgence ses responsables à résoudre ce drame humain. Il suffit de lire chaque jour les titres de la presse espagnole, particulièrement andalouse, pour se rendre compte de la dimension de cette situation. Il s'agit d'un problème de liquidités pour Comarit en vue de faire face à ses créanciers mais les marins marocains ne cessent d'envoyer des « messages de détresse » pour mettre un terme à leur situation d'abandon. Les 104 marins qui forment les équipages de quatre ferries de Comarit - Ibn Batouta, Banasa, Al-Mansour et Boughaz-, sont attrapés à Algesiras. Ils sont confrontés depuis quatre mois à une situation de précarité extrême, à l'abandon et à la faute de ressources pour survivre à bord de leurs bateaux. Dans la baie d'Algésiras, les marins sont sans salaires depuis deux mois et survivent grâce aux gestes de solidarité de la part de nombreux acteurs sociaux. « Ils reçoivent du carburant goutte-à-goutte et ils sont sans courant pendant plusieurs heures, une situation qui est très grave pour leur sécurité. Ils n'ont pas accès à l'eau chaude, ne peuvent prendre de douche ni faire de la cuisine ». C'est avec ces termes que le coordonateur de la Fédération Internationale des Travailleurs de Transport (ITF), José Manuel Ortega, avait décrit la situation des marins marocains lors d'une conférence de presse à Algesiras. Il a toutefois assuré qu'il suit de près le cas de ces marins en coordination avec l'Union Marocaine de Travail (UMT). Les bateaux de Comarit et Comanav Ferry sont paralysés à Algesiras à cause de l'accumulation de dettes pour réparations effectuées aux chantiers navals de Navantia à San Fernando (Algesiras), pour approvisionnement en combustible, vivres et pièces détachées, précisent des sources proches des autorités portuaires espagnoles à Algésiras. Faute d'énergie pour alimenter les machines des bateaux, les marins sont exposés à de graves problèmes de sécurité, a expliqué le syndicaliste espagnol de l'ITF. « Pour manque permanent d'électricité, les pompes d'eau ne peuvent fonctionner en cas d'incendie. En cas de coupure de câbles d'abordage, le bateau risque d'être entraîné au large ». C'est à l'entreprise qu'il incombe de prendre les mesures nécessaires pour faire face à de telles éventualités, a-t-il observé. L'ITF a saisi Comarit par lettre pour résoudre la situation des membres d'équipage de ses ferries, a-t-il signalé. De nombreuses associations humanitaires, telles la Banque d'Aliments et la Croix Rouge ainsi que la Protection Civile espagnole ont été également sollicitées par l'ITF à prêter main forte aux marins marocains. Pour le moment, les ferries de Comarit qui assurent la ligne Tanger Med-Algesiras sont amarrés, une situation qui pourrait affecter l'Opération-Transit en été prochain. D'autres compagnies maritimes proposent d'assurer la desserte de cette ligne alors que Comarit compte se limiter au transport des marchandises et véhicules, signalent des sources maritimes à Algesiras. Dans ce cas, ces compagnies seront obligées de solliciter des licences de transport auprès des autorités marocaines et espagnoles. L'objectif est de garantir les meilleures conditions possibles pour le trafic maritime entre les deux rives du Détroit de Gibraltar au cours de l'Opération Transit-2012, assurent les mêmes sources. Les autorités portuaires d'Algesiras indiquent toutefois que la réduction de la flotte dans le détroit à cause de la crise de COMARIT n'affectera nullement le transit des marocains par le port d'Algésiras à destination de Tanger-Med. Lors de la dernière opération-transit, 39 ferries avaient assuré le transport de près de 2,5 millions de passagers entre les deux rives du Détroit de Gibraltar. Reste à résoudre l'aspect humain des 104 marins et sauvegarder l'image du Maroc.