L'écrivain et universitaire Hassan Aourid a présenté, samedi soir à Casablanca, son roman Le Morisque, qui vise à faire connaître l'histoire mal connue des Morisques, et ce quatre siècles après la promulgation de l'Edit de leur déportation en 1609. Ces Morisques sont des victimes d'une injustice soldée dans le rapport flux et reflux du mouvement de l'Histoire, a précisé M. Aourid lors d'une rencontre organisée dans le cadre du 18ème Salon international de l'édition et du livre. C'est une double injustice que d'évacuer leur drame dans la fin d'une séquence de l'Histoire, celle de l'Espagne musulmane, selon l'ancien historiographe du Royaume. Ces gens sont des victimes parce qu'outre leur déportation, ils ont été accusés d'être de mauvais musulmans ou traités de chrétiens de Castille, a-t-il expliqué. Les Morisques, qui sont un produit acculturé, un produit de la terre espagnole, exerçaient des activités corsaires et ont contribué aux explorations et au développement de la navigation maritime, a-t-il indiqué. Comme c'étaient toujours les vainqueurs qui écrivent l'Histoire ( ), nous ne disposons pas d'un seul document en arabe sur les Morisques , a dit M. Aourid, notant, par contre, l'existence d'une documentation riche en langue espagnole qui permet de jeter un regard critique sur ce sujet. Le drame de cette communauté a été décrit par Cervantes qui avait rapporté un témoignage du Morisque Ricote sur leur exil en Afrique du Nord : où que nous soyons, nous pleurons l'Espagne, car enfin nous y sommes nés, et c'est notre patrie naturelle. L'auteur de cette œuvre romanesque s'appuie aussi sur le témoignage de Ahmed Chihab Eddine, dit Afouqay (altération de Faqih, jurisconsulte en arabe) sur les péripéties de sa vie en Espagne, du temps de l'inquisition. Les documents montrent que les Morisques sont restés attachés à leur terre et qu'ils continuaient de parler castillan. Cette trame historique a servi de toile de fond à des personnages imaginaires, à d'autres romancés, qui côtoient des personnages réels, pour démêler les écheveaux de la piraterie salétine dont l'enjeu dépassait les Morisques, selon l'auteur du roman. Le phénomène des Morisques se répétera, car d'autres peuples, en d'autres temps, subiront ce que les Morisques ont subi au nom d'idéologies exclusives qui se voulaient puritaines, conclut M. Aourid. La 18ème édition du SIEL, axée sur le thème “un temps pour lire, un temps pour vivre”, est marquée par l'organisation de plusieurs conférences et tables rondes traitant notamment des mutations politiques dans le monde arabe, de l'écriture féminine arabe et de l'avenir de la culture arabe. L'Arabie Saoudite est l'invitée d'honneur de cette manifestation culturelle. Plaidoyer pour une véritable société du savoir dans le monde arabe Les participants à un débat au Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca ont plaidé pour la promotion d'une société du savoir dans le monde arabe à travers la modernisation du système de l'éducation, seule voie pour relever les défis du développement. Réunis autour d'une rencontre-débat sur “la société de savoir et les défis de développement”, les intervenants ont déploré le fait que les sociétés arabes sont toujours à la traîne sur les registres éducatif, culturel et scientifique. Une situation de sous-développement qui les empêchent, selon eux, de suivre le mouvement des évolutions incessantes dans l'univers des nouvelles technologies et d'asseoir une véritable société du savoir. Pour le chercheur Yahya El Yahyaoui, la société du savoir dans le monde arabe reste plutôt un “épiphénomène” qui n'est point propice à la promotion de toutes les formes et modes de connaissances scientifiques et technologiques, exprimant son regret face à une contribution arabe timide sur la toile. Et de pointer du doigt les politiques en matière d'enseignement et de recherche dans le monde arabe qui ne favorisent pas, à ses yeux, la naissance d'une société du savoir, déplorant la fracture numérique abyssale qui existe aujourd'hui entre l'Orient et l'Occident. Un avis que partage le chercheur Mohamed Zernine pour qui la promotion d'une société du savoir dans le monde arabe passe inéluctablement par une mise à niveau du système éducatif et une formation en phase les évolutions technologiques, estimant que la concrétisation de cet objectif ne requiert pas de faire le même chemin que l'Occident. Et de conclure que l'instauration d'une société de savoir se doit de se faire selon des politiques publiques appropriées en matière technologique et aussi en considération des réalités sociales et culturelles locales. Relevant, pour sa part, les indices particulièrement alarmants en matière de développement dans les sociétés arabes, l'universitaire Noureddine Afaya a déploré le retard enregistré au Maroc en matière de généralisation de l'enseignement scolaire qui n'a été instituée que dans les années 80, tirant la sonnette d'alarme quant à l'ampleur de la déperdition scolaire. Pour corroborer ses propos, il a indiqué que 3 pc seulement des étudiants parviennent à décrocher leur licence. Tout en attribuant le retard en matière de développement à l'”inefficience” du système de l'éducation et à l'”absence” d'une véritable classe moyenne, il a plaidé pour une bonne gouvernance participative dans tous les domaines, notamment au niveau de l'éducation