L'adoption jeudi par le Parlement européen de l'Accord Maroc-UE sur la libéralisation du commerce des produits agricoles, produits agricoles transformés, de poissons et de produits de la pêche a suscité la satisfaction et le soulagement au Maroc, qui avait mis en garde l'Union européenne contre le rejet d'un tel document comme ce fut le cas, il y a deux mois pour la prolongation de l'accord de pêche entre les deux parties. Le vote positif en faveur de cet accord agricole (369 voix pour, 225 contre et 31 abstentions) constitue « une décision sage et responsable » qui «reflète l'excellence des relations qui lient le Maroc et l'Union européenne, confirme la dynamique ascendante enclenchée par les deux parties depuis plusieurs années et témoigne de l'adhésion de toutes les institutions de l'Union européenne au processus de rapprochement optimal entre le Maroc et l'UE selon l'esprit du Statut avancé adopté par les deux parties en 2008", indique, jeudi un communiqué du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération, qui réitère la position du Conseil de gouvernement, réuni le même jour à Rabat sous la présidence du chef de gouvernement Abdelilah Benkirane. Le ministère des Affaires étrangères et de la coopération salue à cette occasion le rôle actif joué par les responsables européens à la Commission européenne, au Conseil et au Parlement en faveur de l'aboutissement du processus de ratification de cet accord, «face aux manœuvres persistantes et délibérées de certaines parties visant à entraver l'évolution continue et sereine du Partenariat stratégique qui lie le Maroc et l'UE et à freiner la dynamique positive de coopération enclenchée entre l'Union européenne et son voisinage sud méditerranéen». Il s'agit pour le gouvernement d'un vote «responsable», qui «reflète la qualité» des relations entre les deux parties, a précisé pour sa part, lors d'un point de presse, donné à l'issue de la réunion jeudi à Rabat du Conseil de gouvernement, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. L'adoption de cet accord traduit en fait « la dynamique exponentielle marquant la coopération entre les deux parties dans le sillage du statut avancé accordé au Maroc en 2008 », a ajouté le ministre, qui s'est réjoui du fait que le texte adopté ne porte aucunement atteinte à la souveraineté nationale. L'accord prévoit des mesures de libéralisation réciproque des produits agricoles et des produits de la pêche qui permettront notamment d'augmenter les volumes des exportations marocaines de fruits et légumes sur le marché européen et de baisser les droits de douanes appliqués de part et d'autre. Il instaure ainsi une libéralisation avec effet immédiat de 55 % des droits de douane sur les produits agricoles et les produits de la pêche de l'UE (contre 33 % actuellement) et de 70 % des droits de douanes sur les produits agricoles et ceux de la pêche du Maroc (contre 1 % actuellement) et ce, sur une période de dix ans. En termes de valeur, l'accord va entraîner la libéralisation sans délai de 45 % des exportations de l'UE vers le Maroc et de 55 % des importations européennes en provenance du Maroc. Il permettra également d'accroître les concessions dans le secteur des fruits et légumes. Pour le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, le nouvel accord agricole Maroc-UE, adopté, à l'issue de trois ans de négociations, va contribuer au renforcement du «partenariat historique» entre le Royaume et l'Union européenne, «un partenaire stratégique de longue date du pays». C'est un accord «win-win : gagnant-gagnant, équilibré, qui donne satisfaction» à toutes les parties, a précisé jeudi le ministre lors d'une conférence de presse. Il a rendu hommage à tous ceux qui ont plaidé avec succès la cause de cet accord, devant inciter le Maroc à augmenter sa production agricole et à la diversifier dans le but d'éviter la concurrence des produits agricoles européens et de satisfaire par la même occasion la demande d'autres marchés. L'UE représente certes le principal partenaire du Royaume, mais il y a d'autres marchés (Chine, Russie, Etats Unis) demandeurs des produits marocains sans oublier le marché intérieur, a-t-il dit, soulignant l'importance de poursuivre la mise en œuvre des projets du Plan Maroc Vert pour améliorer la sécurité alimentaire du pays et augmenter les exportations agricoles. S'adressant aux agriculteurs espagnols encore réticents, il a affirmé que les exportations agricoles du Maroc vers l'UE ne vont nullement porter atteinte à leurs intérêts. Pour s'en assurer, le ministre les a invités à venir au Maroc prendre contact avec leurs homologues marocains pour en discuter. Au contraire, a-t-il dit, le Maroc a besoin de ses partenaires européens pour s'approvisionner en produits et matériels agricoles, et l'UE a besoin des produits agricoles marocains, a-t-il dit, estimant que la complémentarité entre les deux parties va se renforcer à l'avenir, à l'issue de l'entrée en vigueur du nouvel accord. Il a en outre précisé que ses prochains entretiens avec son homologue espagnol, attendu le 23 février au Maroc, vont porter sur divers sujets d'intérêt commun dont en premier le secteur de la pêche. Le Maroc, a-t-il dit, reste ouvert à toutes les négociations, à condition toutefois qu'elles ne portent pas atteinte à la souveraineté nationale. Gilles Pargneaux : «Une consolidation du statut avancé du Maroc» Gilles Pargneaux, président du groupe d'amitié UE- Maroc, a salué l'approbation de l'accord agricole par le Parlement européen. Le Maroc a initié une transition politique et démocratique que nous nous devions de soutenir en respectant les engagements, notamment sur le plan commercial, pris par l'Union européenne dans le cadre de l'Accord d'Association" insiste Gilles Pargneaux. "Les élections législatives du 25 novembre dernier se sont tenues dans des bonnes conditions. Les démarches en matière de politique étrangère initiées notamment par Saad Eddine EL OTHMANI, en vue d'une résolution du contentieux à l'Algérie, offrent également des perspectives de relance du partenariat euro-méditerranéen. Invoquer désormais la question du Sahara occidental, comme nous l'avons fait pour l'Accord de pêche, pour rejeter les accords commerciaux avec le Maroc n'est pas pertinent et devient contre-productif", insiste-t-il. Il poursuit: " L'agriculture est un secteur vital pour l'économie marocaine. Tout partenariat économique avec ce pays, dans le cadre des négociations commerciales liées à son Statut Avancé, se doit de prendre en compte le secteur agricole. Il emploie 40% de la population active et représente 16.4% du PIB marocain. Restreindre l'accès de ce pays au marché européen, première zone d'exportation pour les produits marocains, aurait eu des conséquences tout à fait désastreuses pour l'économie marocaine et nous aurait aliéné un partenaire stratégique dans le monde Arabe. Cet accord de libéralisation aura le mérite de favoriser le développement économique et la sortie de la pauvreté des communautés rurales marocaines les plus vulnérables. Il permettra ainsi au Plan Maroc Vert, accordant une importance particulière à la petite agriculture solidaire, de se concrétiser". L'eurodéputé conclut: "Au-delà de cet accord agricole, en tant que Président du Groupe d'Amitié UE-Maroc, j'espère que nous progresserons dans les autres domaines de coopération en matière politique, sociale, scientifique et culturelle conformément à l'agenda défini dans l'Accord d'association avec le Maroc, entré en vigueur le 1er mars 2000. Ce vote constitue un message fort de l'Union Européenne par lequel nous exprimons notre volonté de progresser dans les négociations avec le Maroc et concrètement faire aboutir son Statut Avancé"