Enseignement C'est la rentrée scolaire, les élèves de la maternelle et du primaire reprennent le chemin de l'école avec des tenues neuves et sur leurs dos ou à la main de lourds cartables. Un constat triste et accablant, quand on imagine les méfaits d'un tel fardeau sur un enfant en pleine croissance. Malheureusement, l'élève marocain est trop chargé, voire surchargé. Chaque jour, il doit transporter un cartable contenant livres, cahiers, stylos, goûter... C'est pourquoi, pendant la rentrée scolaire, alors que tous les parents se ruent dans des magasins et boutiques pour préparer les fournitures de leurs enfants, leurs yeux sont dirigés vers ces «valises» qui accompagneront le voyage quotidien de leur progéniture. Des montants exorbitants sont dépensés, même par des ménages à budget limité. Chaque matin, l'élève se pointe devant sa classe avec une charge qui dépasse parfois son poids. Malgré qu'il soit en pleine croissance, une période déterminante de la vie, sa colonne vertébrale est malmenée à longueur de journée. Résultat : 67% des élèves souffrent de tensions musculaires, 50% de maux de dos, 24% d'endormissement pendant les cours et 15% de douleurs aux épaules. Le port du cartable lourd en soi-même n'est pas un facteur aggravant, mais c'est bien plus la durée et la répétition de cette attitude qui endommage la santé des enfants. Ce comportement «peut entraîner des microlésions des vertèbres qui ne sont pas encore ossifiées et l'écrasement du cartilage des disques intervertébraux». Ces problèmes de dos chez les enfants passent inaperçus chez beaucoup de parents puisqu'ils se traduisent la plupart du temps par la fatigue, des troubles de la concentration et les maux de tête. Ensuite, des douleurs au cou et épaules. Les parents ne font aucune relation avec la colonne vertébrale. Tout de même, certains parents et enseignants en sont conscients et dénoncent ce port répétitif et prolongé de cartables lourds. Un véritable paradoxe que vit la société marocaine quand on sait que vu l'ère du numérique, tout est devenu virtuel. Certains pays comme la Turquie en profitent au mieux en remplaçant les cartables par les tablettes. Le contenu du cartable est modifié. Les écoliers y mettent uniquement le matériel qui servira pour les travaux d'écriture et dessin. Peut-être un jour ce rêve se réalisera au Maroc. Mais en attendant, des mesures doivent être prises pour recommander aux parents de veiller à ce que les sacs de leurs enfants ne dépassent pas les 4 kilos. Le ministère de l'Education nationale au Maroc devrait annoncer l'obligation d'une rentrée scolaire avec cartable léger. Ce qui veut dire un poids qui ne devrait pas excéder 10% du poids de l'enfant... Mais à l'allure où vont les choses, nous en sommes encore loin !! Mohammed Boufrioua, pédagogue et spécialiste en coaching scolaire Un cartable lourd : source de déséquilibre pour l'élève Al Bayane : Quels peuvent être les inconvénients du poids des cartables pour un écolier ? Mohammed Boufrioua : Il faut prendre le problème à la base. Dès le plus jeune âge, l'enfant est confronté à des situations néfastes pour sa colonne : de longues périodes assises dans la classe, des cartables souvent trop chargés et une activité physique qui diminue sans cesse au cours de la scolarité. La question s'est souvent posée : mal de dos et contraintes scolaires, existe-t-il une relation ? L'enfant trouvera un «réconfort» dans l'habitude de porter un cartable derrière le dos. Le fait de le porter sur les deux épaules, permet de répartir la charge de façon symétrique par rapport à la colonne. Mais porter aussi un cartable très lourd engendre un déséquilibre par une inclinaison de sa colonne. Cette attitude maintenue quotidiennement finit par entraîner, à long terme, une déviation de la colonne. Il ne faut cependant pas que l'enfant s'encombre de livres lourds n'ayant aucune place dans son emploi du temps scolaire. Il faut rappeler qu'un enfant à l'école primaire doit tous les jours transporter quelques 5 et 6 kg de livres et de cahiers ! Pensez-vous que remplacer les livres par les tablettes serait la solution à envisager dans ce cas ? La tablette encourage à travailler. Les élèves ont beaucoup plus tendance à allumer la tablette que d'ouvrir un livre parce que c'est technologique. C'est plus attirant, certes, mais ça ne doit pas remplacer les livres. La capacité à écrire se retrouve au cœur de l'éducation primaire, secondaire et supérieure. Les enfants ont besoin d'être incités et encouragés à beaucoup écrire pour apprendre, soit par des notes, ou par la dictée, des rapports, des manipulations de données qui les aident à compléter leur croissance d'invention ou des dissertations. Et cela renforce leur savoir faire à court et à long terme. Une bonne technologie a toujours du style, mais c'est un style qui attire les adultes, pas les enfants. Ces initiatives sont souvent menées avec un but technologique et non pédagogique.