Très souvent occulté, le poids des cartables expose nos enfants à de graves risques pour leur santé. Zoom sur un phénomène dangereusement répandu… Quand le poids du savoir se ressent sur celui des cartables. Rayan, 7 ans, est en classe de CE1. Dans son cartable 7 manuels (arabes et français), 3 cahiers de 100 pages, un cahier de texte, un cahier de maths, deux exemplaires du Saint Coran, et un dictionnaire moyen. « Le mercredi, on doit tout emmener car la maîtresse ne nous indique pas le programme », révèle-t-il. Sarah, 9 ans, inscrite au CM1, est dans la même situation. «10 manuels (français et anglais), 12 cahiers de 100 pages, un cahier de texte, un carnet et un grand dictionnaire ». Deux âges, deux niveaux d'études, un calvaire identique : des cartables trop lourds. De nombreux écoliers finissent par devoir endosser des cartables dont le poids est souvent égal au tiers du leur. A qui la faute ? « Le cursus scolaire primaire s'est enrichi de plusieurs manuels dans le but de diversifier les acquis de l'élève à plusieurs niveaux. Les programmes dispensés ont inévitablement allongé la liste des fournitures et augmenté la charge des sacs », confie Mounir Yajjou conseiller d'orientation pédagogique à l'Académie régionale de Guelmim Smara. Tous les enfants ne connaissent pas les mêmes difficultés. Parfois les parents tentent de les soulager à leur manière. « Je porte le cartable de mon fils pour lui épargner cette charge. Il se plaint toujours de douleurs au dos. J'ai peur pour sa colonne vertébrale. Entre midi et deux, il revient sans fardeau, mais à 18 h c'est de nouveau la corvée» souligne Mounir Yajjou. Le transport scolaire peut lui aussi simplifier les choses en réduisant d'au moins 90%, le trajet parcouru avec le sac à dos. Des risques pour la santé A en croire les kinésithérapeutes, porter plus de 10% de son poids est très dangereux pour l'enfant. Dr Fatmi El Kadiri, président de l'Association nationale des kinésithérapeutes physiothérapeutes libéraux du Maroc nous éclaire sur le sujet. «Le squelette de ces enfants, en particulier leur colonne vertébrale, est très fragile et son ossification est incomplète. De grosses charges peuvent engendrer des contraintes biomécaniques importantes, perturber l'ossification, engendrer des déformations osseuses importantes et une fatigue musculaire. Il est aussi exposé à des déformations vertébrales comme l'hypercyphose, l'hyperlordose, la scoliose, etc. Le dépistage au Maroc est évidemment insuffisant. Pour respecter l'équilibre dorsal de leurs enfants, il est conseillé aux parents d'opter pour des sacs roulants ». La solution dans les NTIC ? Des alternatives, il n'en manque pas. L'usage des nouvelles technologies de l'information et de la communication pourrait constituer une alternative de choix. La Turquie l'a bien compris et a mis en place un programme dénommé « Al Fatih ». Ce dernier intègre la technologie à l'environnement scolaire. Des projets similaires existent au Maroc, mais sont hélas confinés dans les tiroirs. « L'initiative avait déjà été lancée par le biais du projet «Génie». Le concept visait à équiper les établissements scolaires de salles multimédias, malheureusement l'initiative est restée sans suite » regrette Mounir Yajjou. Un phénomène pluriel En France, le problème préoccupe tout autant. Du 17 au 29 septembre prochain, la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) organise, en collaboration avec le Syndicat national des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs, une opération dénommée « M'ton dos ». 230 masseurs vont effectuer des consultations gratuites aux élèves de CM1, CM2 et 6e. L'objectif est de prévenir les douleurs de dos chez les enfants et les adolescents et alerter par ricochet les autorités concernées. La campagne précédente avait permis de dépister des problèmes de dos chez 78% des écoliers et des lycéens. Un indicatif de taille ! * Tweet * *