Entretien avec Omar Halli, président de l'université Ibn Zohr d'Agadir A l'occasion de la nouvelle rentrée universitaire 2013/2014, il est toujours loisible de faire appel au président de l'université Ibn Zohr d'Agadir afin qu'il nous fasse part des nouveautés multiformes caractérisant cette nouvelle saison. Omar Halli, en fin interlocuteur et subtil communicateur, tient constamment un discours marqué par la détermination et l'engouement. Devant l'énormité des tâches qu'il assume avec brio, à la tête de cette gigantesque institution pédagogique et scientifique, il trouve le sourire raffiné et la disponibilité avenante, quelles que soient les situations à affronter. Comment avez-vous accueilli le dernier discours royal, à l'occasion de la célébration de la révolution du Roi et du Peuple ? Je pense que le discours était un mot d'ordre essentiel en vue d'insuffler une forte bouffée dans le sens de la réflexion constante sur la question de l'enseignement au Maroc, car elle nécessite continuellement de la vigilance. La jeunesse constitue une richesse pour le pays, notamment les étudiants avides d'un système développé, susceptibles de les adopter et de s'interagir par rapport à leurs aspirations. Ceci étant, il importe de mener une évaluation afin d'activer les mécanismes, à même de rectifier les dysfonctionnements et de s'armer de l'audace pour la réforme et le courage pour préserver les acquis. En fait, chaque nouveauté comporte un certain tourment qui accompagne naturellement tout changement, mais, il nous appartient de se munir de volonté, de méditation et de bonne gouvernance. C'est là, en effet, la portée du discours royal. Il va falloir alors investir dans la vertu de l'ouverture chez les jeunes pour hisser les langues étrangères, s'initier sur les cultures d'autrui et revoir les curricula. Comment avez-vous préparé la nouvelle rentrée universitaire ? Nous avons entamé cette saison avec des mesures dictées par la nécessité de sauvegarder les acquisitions et proscrire toute atteinte à l'image de l'université. Pendant l'inscription préliminaire des cycles et des niveaux, dans un délai suffisant pour toute personne ayant les aptitudes et le désir de s'inscrire à l'université. Nous avons agi suivant les directives du ministère et de la commission pédagogique de l'université, en procédant par suivi minutieux de toutes les étapes de l'inscription, afin d'assurer l'égalité des chances devant tout le monde, notamment le respect des délais et l'amélioration des conditions d'accueil, en particulier les nouveaux étudiants que nous avons réussi à recevoir, loin de l'affluence serrée qui sévissait auparavant. Les inscrits au préalable se procurent un rendez-vous défini dans l'établissement désiré. Cette opération a été facilitée par l'implication de toutes les constituantes de l'université, à savoir les fonctionnaires, les enseignants, les étudiants, d'une manière consciente et responsable. Ensuite, nous avons une expérience inédite dans les annales de l'université, baptisée «la rentrée linguistique», dont bénéficieront 500 étudiants qui ont exprimé leur désir de formation en langue française, parée d'activités culturelles et pédagogiques, de nature à les aider à surmonter leurs difficultés au niveau de la maîtrise de la langue. Si cette tentative s'avère concluante, nous nous attellerons à la généraliser et à l'étoffer pour les saisons et les vacances à venir. Quelles sont initiatives que vous avez entreprises pour faire face aux défis de l'université? Le premier handicap réside dans la capacité d'accueil. Je ne cacherai pas ma réjouissance du fait que l'université Ibn Zohr ait pu mettre en place, pour le compte de cette saison, 9130 sièges, soit 20% d'augmentation, pour être de ce fait la première à l'échelon national. Ces équipements sont sous forme d'amphithéâtres et de salles de haute qualité pour les établissements qui souffraient d'un grand manque dans ce sens. En plus, le pourcentage d'encadrement a connu aussi une croissance notoire, avec l'arrivée de 100 nouveaux enseignants. Evidemment, nous ne nous arrêterons pas là pour que nous ne soyons pas atteints de paresse, mais accéderont cette cadence afin de mettre fin au surpeuplement qui constituait, il est vrai, un véritable écueil menaçant la qualité de l'apprentissage. Si nous maintenons ce rythme, cette saison sera, sans doute, celle du début de la délivrance et la saison prochaine celle de la stabilité et le retour aux moyennes nationales. Comment allez-vous vous y prendre ? En complément à ce qui précède, nous optons toujours pour une approche participative. C'est ainsi que la mutualisation des efforts de la région Souss Massa Drâa, voire les quatre autres régions du sud marocain, favoriserait cette ambition. L'adhésion des parlementaires, des conseillers et toutes les composantes de ces zones, nous permettrait, sans aucun doute, à atteindre cet objectif, d'autant plus que le ministère nous appuie d'une façon potentielle. Avez-vous pensé à créer des annexes supplémentaires ? Si oui, ont-elles contribué à atténuer le poids sur le centre ? Tout à fait. Nous avons ouvert une filière d'économie à Taroudant et Guelmim où il est inscrit plus de 600 étudiants pour cette rentrée. En suite, nous avons augmenté l'effectif des étudiants d'Ouarzazate et Gulmim. Même chose pour les étudiants de l'école supérieure de technologie à Guelmim. Ces mesures allégeront, certainement, le fardeau sur les établissements d'Agadir et renforceront la présence de l'université dans diverses régions. L'université ibn Zohr s'est transformée en réel chantier, durant les deux dernières années, à travers une série de travaux de réhabilitation. Il était donc impératif de relever cette cadence et d'affronter les vrais problèmes, particulièrement la surabondance, l'encadrement, le rehaussement de la production des chercheurs, le relèvement du nombre des inscrits aux doctorats, le respect des composantes de l'université, à travers une bonne communication. Nous croyons que nous avons franchi de grosses étapes dans ce sens, mais nous aspirons toujours à plus. Est-ce que ces chantiers sont accompagnés de fonds suffisants ? En fait, il y a toujours des contraintes, mais il y a également synergie autour de l'université. Le ministère s'intéresse à nous et consacre des soutiens, la région Souss Massa Drâa nous appuie également et nous a construit un nouveau pavillon pour les étudiants de la cité, en plus de l'appui des langues en termes d'équipements, ainsi que la contribution à la construction d'un amphithéâtre de l'ordre de 250 millions de centimes, consacrés par la région Guelmim Smara, sans oublier les autorités locales et la commune d'Agadir qui a déployé un effort louable consistant l'assiette foncière pour l'édification de la faculté de médecine. Où en êtes-vous de l'appui de la recherche scientifique ? L'université Ibn Zohr est pionnière dans ce sens. En effet, la recherche scientifique est un volet nodal dans l'action universitaire. En ce sens, nous avons relevé l'appui aux structures de la recherche, après structuration. Nous avons augmenté le nombre des thèses et celui des inscrits aux doctorats. A cet effet, nous avons ancré une tradition annuelle consistant à organiser le prix Ibn Zohr de la recherche scientifique, avec trois grands domaines, à savoir les sciences et techniques, les lettres et les sciences sociales et économiques. Nous avons édifié un nouveau pavillon à la faculté des sciences et un centre de travaux à l'ENCG, en plus du prochain équipement du nouveau pavillon de recherche de la faculté des sciences juridiques. Nous comptons, prochainement, organiser des journées de consultation avec tous les intéressés pour déterminer les priorités de recherche et déceler les attentes de l'entourage. Où en êtes-vous à propos du pôle de médecine et de pharmacie ? Le projet prend son parcours normal. Le ministère de tutelle a délégué la mission du suivi au ministère de l'équipement. Les marchés sont déjà lancés, le bureau d'étude et de contrôle est déterminé. L'université a déjà ouvert la candidature au poste de doyen. Le ministère nous soutient pour renforcer les partenariats internationaux.