Les entreprises du secteur laitier ont convenu, mercredi, avec le département de l'Agriculture de rétrocéder aux éleveurs au moins 60% de l'augmentation des prix du lait, décidée en août dernier. Cette mesure sera effective dans l'immédiat, avec un effet rétroactif remontant au début du mois d'août 2013, a précisé à la presse le ministre de l'Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, à l'issue de sa réunion avec l'interprofession du secteur laitier. «Au cours de cette rencontre, il a été convenu, suite aux différents échanges, de rétrocéder la plus grande part de cette augmentation aux agriculteurs», a-t-il affirmé, notant que cette décision vise notamment à soutenir les petits agriculteurs. Pour leur part, les opérateurs de la filière ont évoqué les hausses continues dans les prix du bétail, des fourrages, du gasoil et d'autres intrants de production sur le marché mondial, relevant que ces charges pèsent «lourdement» sur les éleveurs et les agriculteurs. Ils ont, à cet égard, précisé que cette hausse de 6%, la première depuis janvier 2009, correspond à une moyenne de près de 1,5% par an, soit un niveau sensiblement identique au taux d'inflation enregistré sur la période qui se situe à 1,2%. «Cette hausse du prix du lait est attribuable, notamment, à la flambée des prix des aliments de bétail, dont 95% sont importés. A cet effet, les éleveurs n'ont pu subir cette progression et donc procédé à cette légère augmentation pour éviter leur disparition du marché», a déclaré à la MAP, le président de la Fédération nationale des éleveurs producteurs laitiers, Moulay M'hamed Loultiti. Il a noté la nécessité de soutenir les éleveurs qu'il a qualifiés de «maillon faible» dans la chaine de production laitière. De son côté, le Président directeur général de la Centrale laitière, Jacques Ponty, a fait savoir que cette hausse des prix du lait est intervenue après plus de 4 ans de stabilité et reste en dessous des coûts de production supportés par les producteurs laitiers. «Notre décision de répercuter une partie de la hausse des prix d'intrants subie par les éleveurs sur les prix du lait vise, notamment, à garantir une autosuffisance en cette denrée vitale sur le marché marocain avec une bonne qualité», a-t-il expliqué. Ponty a également averti que la production laitière au Maroc aurait diminué si la hausse des prix du lait n'avait pas été décidée, relevant que cette augmentation ambitionne de permettre aux éleveurs d'atteindre la production de 3 milliards de litres en 2014, initialement fixée par le Plan Maroc Vert (PMV). «Le consommateur doit comprendre qu'il participe à la solidarité nationale, au développement de cette filière agricole et à l'indépendance vis à vis du marché extérieur», a-t-il insisté. Le ministre a, par ailleurs, mis l'accent sur la convergence des points de vue de la profession et de la tutelle autour de l'importance du développement de l'amont agricole, du partage de la valeur ajoutée avec les éleveurs et le soutien du monde rural. Le ministre n'a pas manqué de souligner l'importance du développement du monde rural, afin de garantir l'essor d'un amont agricole compétitif et performant, rappelant que le développement de l'agriculture dans le cadre du PMV vise à couvrir tous les maillons de la chaîne de production. La filière laitière compte parmi les activités principales de l'agriculture marocaine et bénéficie, à cet égard, de plusieurs programmes de développement lancés dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ainsi, le département de l'Agriculture a entrepris plusieurs actions structurantes visant notamment la modernisation des techniques d'élevage, l'amélioration de la productivité du cheptel, l'organisation des éleveurs en coopératives et associations et le développement de partenariat avec les organisations professionnelles. La filière a connu en avril 2009 la signature d'un contrat programme entre le gouvernement et la Fédération interprofessionnelle marocaine de lait (Fimalait), en vertu duquel un soutien de 2 milliards de dirhams (MMDH) a été consenti pour la filière, notamment à travers le fonds de développement agricole. A cet effet, le chiffre d'affaires amont de la filière a affiché une hausse importante avoisinant 8 MMDH à destination de 1 million d'éleveurs de viande rouge, dont 400.000 spécialisés dans l'activité laitière. La production laitière devrait enregistrer une croissance de 8 à 10% pour l'année 2013 pour atteindre 2,8 milliards de litres, selon les prévisions du ministère.