Pour l'écrasante majorité de nos concitoyens se rendre à l'hôpital pour une consultation, des soins, des examens ou une intervention chirurgicale est souvent vécue comme une épreuve physique et psychologique difficile que le patient et sa famille s'efforceront d'oublier le plus rapidement possible. A l'accueil parfois froid pour ne pas dire glacial qui est le lot quotidien que réservent certains professionnels aux malades, au manque ou peu de communication, aux agissements et comportements louches de certains agents, s'ajoutent parfois la lourdeur administrative, les rendez-vous fantaisistes, les eternels pannes d'appareils qui sont autant d'éléments qui subsistent malheureusement encore au niveau de certains hôpitaux, ce qui ne contribue pas a alléger l'angoisse provoquée par la maladie à laquelle s'ajoute celle suscitée par la structure hospitalière ou parfois la dimension humaine laisse fortement à désirer, on comprend dès lors mieux pourquoi le malade et sa famille sont souvent déçus et jugent sévèrement l'hôpital. C'est la raison pour laquelle, il faut humaniser nos établissements hospitaliers. Des lieux de vie Les premiers contacts sont essentiels car aux sentiments d'inquiétude, d'interrogation, d'anxiété ou de peur exprimés par le malade et son entourage, surtout dans les services de pédiatrie, d'urgence, de chirurgie ou de maternité. Le personnel soignant doit manifester beaucoup de sollicitude : rassurer, expliquer et aider le malade et sa famille. Le malade quel que soit son âge ou son sexe doit être considéré comme une personne et jamais comme un numéro. Une personne qui a des droits comme vous et moi, qui a une culture, des habitudes et une vie privée qu'il faut respecter. L'hôpital ne saurait en aucun cas se réduire à un environnement technologique. Il est au service des hommes et des femmes que la maladie a diminué physiquement et psychologiquement. L'hôpital vit grâce aux malades qui viennent se faire soigner et aux hommes qui y travaillent. Sans ces acteurs, l'hôpital n'a pas de raisons d'exister, il deviendrait un lieu sans âme, un espace sans vie, c'es pourquoi, il faut tenir compte de l'importance de chacun de ces intervenants, de chacun de ces acteurs. Dans tous les cas de figure le patient est la raison d'être de ces établissements de soins, le malade doit rester au centre de toutes les préoccupations, le personnel hospitalier (médecins, infirmiers, agents de service...) a le devoir de prendre globalement en charge le malade qui doit être soigné non en tant que malade mais comme un être humain, mais est-ce vraiment le cas ? C'est pourquoi il est grand temps que nos hôpitaux soient des lieux de vie, que la relation soignant-soigné soit toujours privilégiée, que l'écoute de l'autre, c'est-à-dire du malade et de sa famille soit aussi incluse dans le protocole de soins. En d'autres termes, il faut que l'humanisation de nos hôpitaux soit une priorité au même titre que la qualité des soins, que les médicaments ... Intégrer la famille aux soins et aux traitements L'humanisation de nos hôpitaux est d'autant plus nécessaire quand le malade est un enfant, donc un petit être plus vulnérable à l'angoisse de ceux qui l'entourent. Tous les enfants doivent être aidés durant l'hospitalisation que se soit ai niveau des services de pédiatrie, d'oncologie –pédiatrique, ou les unités pour enfants brulés. la présence des parents auprès de leurs enfants est un acte thérapeutique, il est donc normal d'aménager ces services pour concrétiser le droit des parents des enfants hospitalisés Un effort doit être réalisé dans ce sens par l'ensemble des gestionnaires de nos hôpitaux, les professionnels de santé (médecins-infirmiers) qui sont en contact constant avec ces jeunes patients et leurs familles. Les hôpitaux d'enfants sont donc tous concernés par cette approche qui privilégie un accueil personnalisé, l'écoute des familles et du malade, l'accompagnement tout au long de l'hospitalisation. En plus clair des relations humaines basées sur le respect de l'autre, ce qui contribuera grandement à une meilleure compréhension de la maladie par l'enfant et sa famille qui adhéreront plus à la nécessité du séjour à l'hôpital et du respect du traitement prescrit par le médecin. Intégrer la famille aux soins et aux traitements de leur enfant permet de leur offrir une éducation à la santé et à la maladie dont souffre leur enfant. L'intégration de la famille assure aussi la continuité de la vie familiale. C'est porter un autre regard sur le patient et sa famille, en les écoutant, en reconnaissant les limites de chacun, en acceptant l'interrogation, l'insatisfaction. En d'autres mots, c'est oser communiquer. Perçu sous cet angle, l'hôpital est un organisme vivant possédant d'immenses richesses, de multiples ressources humaines dotées d'un potentiel immense de créativité. Un organisme qui va bien, vit et évolue. Mais pour grandir il est indispensable de communiquer, de partager ses réussites, ses projets, ses soucis, ses manques aussi. Communiquer pour humaniser A l'hôpital le terme humaniser est souvent employer par tout le monde, mais c'est selon la perception des uns et des autres. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que humaniser, c'est d'abord et avant toute chose considérer le demandeur de soins, non comme un matricule, comme une maladie à traiter en prenant en charge toutes les conséquences de cette attitude. L'humanisation de l'hôpital, c'est la qualité de la relation inter-personne, entre soignant et soigné. Pour ce faire les professionnels de santé (médecins- infirmiers) doivent toujours avoir présent à l'esprit que l'humanisation implique de conjuguer une relation technique régie par l'acte médical à une relation morale faisant appel à l'écoute et l'empathie. La prise en compte du vécu personnel de la maladie est essentielle en ce sens, tout comme l'abandon du jargon technique médical pour un langage accessible au patient, or dans la réalité le malade ne comprend pas le langage médical, ce qui complique la relation entre le médecin et son patient et partant le malade ressent un sentiment d'impuissance et d'incompréhension. Placer le citoyen au cœur du système de santé La santé des citoyens, la qualité des soins qui sont prodigués aux malades ont de tous temps fait l'objet d'un intérêt particulier de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dont la sollicitude pour le secteur de la santé est constamment renouvelée Cet intérêt pour les malades a fait l'objet d'un message très important que SM le Roi Mohammed VI a adressé aux participants aux travaux de la 2ème Conférence sur la Santé, qui s'était tenue à Marrakech les 1-2 et 3 Juillet 2013 et dont la lecture avait été donnée par Houcine Louardi, ministre de la santé. Ci – dessous un passage de ce message qui place le citoyen au cœur du système de santé : «...La réunion de votre conférence aujourd'hui, qui consacre la pertinence de l'approche participative pour toutes les questions vitales de la nation, ne devrait pas être seulement l'occasion de faire le point des réalisations accomplies. Elle devrait être essentiellement un moment propice pour s'imprégner du sens des responsabilités et des valeurs de patriotisme. Car il s'agit de mettre au point une charte nationale réaliste et applicable, qui place le citoyen au cœur du système de santé et s'attache à préserver les réalisations, à redresser les dysfonctionnements, à trouver les voies et moyens de dépasser les contraintes et à esquisser des perspectives d'avenir prometteuses. Tout ceci doit s'inscrire dans une approche globale et novatrice et avoir pour dessein ultime de mettre à la disposition des citoyennes et des citoyens des prestations de haute qualité dans le cadre d'une démarche efficiente, juste et équitable...». Le droit à la santé pour tous Il faut être à l'écoute de l'autre, savoir que nul n'est à l'abri d'un mal, et qui sait si vous même serez un jour sur un lit d'hôpital... C'est pourquoi il est temps de réinventer la générosité du cœur, du geste et de la parole, se dire quelque part que ceux qui viennent à l'hôpital public, qu'il soit autonome ou pas, CHU ou autre, sont des citoyens qui ne demandent que leur droit à la santé. Il serait injuste et inhumain de vouloir les priver de prestations (scanner, IRM...), une situation qui nuit à l'image des hôpitaux, une réalité malheureusement qui est relevée au niveau de certains CHU et de certains hôpitaux SEGMA. Il faut savoir que la carte RAMED donne le droit à son détenteur et à ses ayants droit à l'accès à toutes sortes d'examens. Mais il faut aussi se pencher sur la situation de celles et ceux qui, pour une raison ou pour une autre, n'ont pas ce sésame, des citoyens démunis, des personnes en situation de précarité et qui se voient refuser telle ou telle prestation car n'ont aucun papier. Un hôpital qui répond aux carences de l'aide sociale par l'exclusion des laissés-pour compte, des exclus et des indigents ne se met-il pas en totale contradiction avec sa mission? Au bout de cette logique, le pire peut arriver. Imaginez un pauvre gars tout ce qu'il y a de plus indigent qui se présente pour une IRM ou un scanner qui pourra aider le médecin à établir un diagnostic, et qui reste là planté pour des raisons qu'on ne peut accepter et puis qui meurt un jour faute de n'avoir pas pu être pris en charge. Nous ne faisons ici référence à aucun hôpital en particulier sachant pertinemment qu'il y a des dérapages ici et là et qu'il serait vain de vouloir dire le contraire. Non et non, l'année n'est pas belle, il faut dénoncer ceux qui se comportent en maîtres de lieux, ceux qui agissent dans une opacité totale. Opacité qui leur permet de masquer des avantages acquis illégalement. Il est grand temps de nettoyer en profondeur nos structures sanitaires et de mettre à la tête des établissements hospitaliers des gestionnaires compétents, intègres qui aiment leur pays et leur noble travail. L'heure est à la mobilisation pour humaniser nos hôpitaux pour le plus grand bien des Marocaines et des Marocains.