Amnesty International (AI) a soumis au gouvernement marocain des recommandations l'invitant à «saisir l'occasion favorable dans le pays pour prendre des mesures concrètes au profit des Droits de l'Homme», à la suite de l'adoption de la nouvelle Constitution, qui a «élargi la sphère des Droits de l'Homme» dans le pays. Présentant le rapport annuel de l'organisation sous l'intitulé «une année de rébellion : la situation des Droits humaines au Moyen Orient et en Afrique du Nord», le président de la section d'AI au Maroc, Hassan Saâf a rappelé que cette rencontre se tient au lendemain du «printemps arabe», qui a été marqué par des soulèvements sans précédent des peuples de la Région pour mettre fin à des décennies de répression, de corruption et de dictature. Au Maroc, a-t-il relevé, les manifestations des jeunes du 20 février, qui réclamaient des changements, le respect de la dignité et la lutte contre la corruption et les abus de toutes sortes, ont été suivies par nombre de mesures qui se sont traduites notamment par l'adoption de la nouvelle Constitution, laquelle permet aux Marocains de participer de manière effective à l'édification de leur avenir, garantit aux hommes et femmes des opportunités équitables et des règles justes pour participer à la vie politique, à la gestion de la chose publique, à la protection des Droits de l'Homme et de la suprématie de la loi. Des élections législatives, saluées par la communauté internationale ont enfin sanctionné ce processus. C'est pourquoi, AI estime que le moment est «favorable au gouvernement» pour prendre des mesures visant le renforcement des Droits humains dans le pays, a-t-il dit, notant que son organisation se félicite de la libération de nombre de détenus politiques, qui ont bénéficié de la grâce royale, à l'occasion de l'Aid Al Mawlid Annabaoui. En dépit des progrès réalisés, la section marocaine d'AI appelle le nouveau gouvernement à répondre à ses préoccupations concernant notamment la mise en œuvre des recommandations de «l'Instance Equité et Réconciliation», l'alignement des lois et leur application avec les lois et critères internationaux en particulier dans le domaine des Droits humains, a-t-il ajouté. Quant aux détenus dont les aveux ont été arrachés sous la torture, ils doivent bénéficier de procès révisés équitables, a-t-il dit, ajoutant qu'AI estime aussi nécessaire d'alléger l'application de la peine de mort. Pour ce qui est du système judiciaire, il doit faire l'objet de réformes fondamentales visant à assurer l'indépendance de la justice et la cessation de l'intervention de l'appareil exécutif du gouvernement, a-t-il avancé. AI estime aussi impératif pour le gouvernement de revoir toutes les dispositions contenues dans les codes pénal, de la presse et dans celui des libertés publiques, qui condamnent l'exercice pacifique du droit d'expression, de rassemblement et d'association, a-t-il affirmé. Selon AI, seul le respect des Droits de l'Homme est susceptible d'empêcher les abus et dépassements dans le but d'assurer au Maroc démocratique toutes les conditions de succès, d'après Saâf.