Boukkous au Forum de la MAP Il reste beaucoup à faire pour que la reconnaissance de la langue amazighe en tant que langue officielle dans la Constitution de 2011 devienne réalité, selon le Recteur de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), Ahmed Boukkous, qui était l'invité lundi du Forum de la MAP. Deux ans après l'officialisation constitutionnelle de leur langue, les Amazighophones n'attendent plus que les lois organiques pour que cet acquis soit traduit dans la réalité, a-t-il relevé, estimant que la vigilance doit rester de mise pour aplanir toutes les difficultés susceptibles de retarder le projet. Pour Ahmed Boukkous, il ne manque plus que les lois organiques pour qu'une nouvelle étape soit franchie dans la mise en œuvre des dispositions constitutionnelles relatives à l'officialisation de la langue amazighe. Une fois adoptées, ces lois organiques vont permettre à la langue amazighe de jouer pleinement son rôle en tant que langue officielle et de travail du pays, à coté de la langue arabe, a-t-il ajouté. Il est également nécessaire de procéder à la promulgation d'une loi organique, qui détermine les attributions, la composition et les modalités de fonctionnement du Conseil national des langues et la culture marocaine, «chargé notamment de la protection et du développement des langues arabe et amazighe et des diverses expressions culturelles marocaines, qui constituent un patrimoine authentique et une source d'inspiration contemporaine» (Art 5). En tant que langue, la langue amazighe est prête à jouer comme il se doit ce rôle, ce qui devra avoir un impact considérable sur la vie de millions de Marocains au niveau professionnel, communicationnel et social, a-t-il dit. Mais ce n'est pas automatique, vous diront certains militants, selon lesquels le passage à la mise en pratique du texte officialisant la langue amazighe requiert des changements en profondeur au sein de la société marocaine qui doit enterrer ses préjugés envers les Amazighes et pour que leur langue acquière ses lettres de noblesse et tout le respect qu'on lui doit à coté de la langue arabe. Selon la constitution, «l'amazigh constitue une langue officielle de l'Etat, en tant que patrimoine commun à tous les Marocains sans exception» (art 5). Revenant sur la portée de cette reconnaissance constitutionnelle, M. Boukkous a estimé que cette officialisation a généré chez les Amazighophones «un sentiment de fierté légitime, de dignité retrouvée, de réconciliation avec nous-mêmes et entre nous-mêmes, le sentiment, enfin, d'appartenir à part entière à la nation marocaine». Tout en restant optimiste sur la poursuite du processus d'officialisation et de mise en pratique de cette disposition constitutionnelle, M. Boukkous a indiqué qu'il s'agira sans doute d'une étape très laborieuse, au vu de toutes les nouveautés qu'elle implique pour la société marocaine tout entière. En attendant, a-t-il dit, l'IRCAM a poursuivi sa mission afin que la langue amazighe soit suffisamment outillée pour jouer son rôle en tant que langue officielle dans l'enseignement, la communication et d'autres domaines de la vie. A présent, l'IRCAM dispose d'une documentation suffisante. Un dictionnaire amazigh sera publié en 2014, a-t-il dit, précisant qu'un certain nombre de lexiques (média, communication, audiovisuel) sont déjà disponibles. Plusieurs publications ont été déjà réalisées consacrant ainsi le passage du patrimoine oral au patrimoine écrit, a-t-il ajouté, rappelant que quelque 600.000 élèves poursuivent des cours de langue amazighe. Des filières des études amazighes ont été introduites depuis 2007 au niveau d'un certain nombre d'universités marocaines, (Agadir, Fès, Tétouan, Rabat, Oujda), a-t-il indiqué, rappelant que la création d'une chaîne de télévision amazighe est un pas important dans l'officialisation de cette langue nationale. Il s'est en outre félicité de voir nombre d'établissements nationaux dont la MAP n'ont pas attendu la promulgation des lois organiques requises pour passer à l'acte et à la concrétisation des dispositions de la Constitution dont sont fiers tous les Marocains dont en premier lieur les militants amazighophones.