Festival Gnaoua et musique du monde Le festival Gnaoua et musique du monde attire une foule inimaginable. Essaouira, habituellement si calme, se remplit et s'anime d'une ferveur extraordinaire. Coutumière des assauts de la mer, pendant ces quatre jours, c'est une marée humaine qui déferle sur la ville. Un flux permanent qui remplit les ruelles, les places, les restaurants et les hôtels d'une liesse incroyable. Partout des concerts improvisés se forment spontanément, les gens chantent, les gens dansent. Le festival mêle souiris, marocains d'autres villes et touristes dans la même joie de vibrer au son des mâalems et des musiciens du monde entier. C'est une véritable communion entre la musique, les participants et la ville. C'est d'ailleurs l'occasion de redécouvrir cette ville magnifique, apprécier ses rues commerçantes, ses petits marchés, ses remparts, ses sardines grillées... Ce cadre exceptionnel participe à coup sûr à la réussite du festival. Entre tradition et modernité, cette ville rajeunie par l'évènement n'oublie pas ses origines. Les associations inédites qui s'imaginent au cours de ces quatre jours de concert inventent un son unique, céleste, hors du temps. Sur le terreau des musiques ancestrales nait un son d'avant-garde. C'est un authentique «esprit Essaouira» qui s'est constitué depuis ses 16 éditions. La tête d'affiche du festival, le jazzman Maceo Parker, a assuré un spectacle incroyable devant une foule immense place Moulay Hassan samedi soir. Le public, plus habitué aux sons et aux rythmes des mâalems, s'est tout de même passionné de ce concert d'une très grande qualité. Le roi de la funk a su conquérir la foule et la faire danser au rythme de son groove légendaire. La chanteuse germano-nigérienne Nneka a, elle aussi, fourni une représentation sublime sur la scène Méditel, samedi soir. Lorsqu'on lui demande ce qu'elle pense du festival, elle répond «qu'il montre un exemple d'unité, de ce que doit faire le continent africain dans le futur.» Quant à son concert du soir en association avec Mehdi Nassouli, elle dépeint ce guitariste comme quelqu'un «qui vit la musique ; dès que nous avons commencé à jouer, nous avons eu de «bonnes vibes», nous avons fait un véritable travail de fusion entre sa musique et la mienne», ajoute-t-elle. Issam Kamal, leader du groupe Mazagan, nous a livré ses impressions à la fin de son concert : «c'était exceptionnel, le public était très réactif, connaissait par cœur toutes nos chansons, et ca nous a donné beaucoup d'énergie». Selon lui, «Essaouira est la capital mondiale de la musique gnaoua et de la transe, un carrefour culturel où sont réunis de nombreuses affinités musicales, où il se passe une ouverture sur le monde qui est magnifique». «C'est un signe de tolérance, de convivialité d'un peuple qui vit en harmonie. Un festival à l'image du Maroc moderne», ajoute-t-il. En définitive, cette 16e édition est une réussite totale et impose Essaouira comme haut lieu de la culture au Maroc. Un triomphe musical et populaire où l'audace des organisateurs à faire un évènement vrai a été récompensée.