Rencontre-débat à l'Espace cadres du PPS C'est une vérité apodictique : la gestion communale est en crise. Il faut reconnaitre que le problème ne date pas d'aujourd'hui, mais remonte à plusieurs années, voire des décennies. A qui impute-t-on la responsabilité à un moment où tout le monde observe un silence-radio ? Pour répondre à cette question, le forum de l'Espace cadres du PPS de Casablanca a organisé, samedi 22 juin, une rencontre débat, placée sous le signe : la crise de la gestion communale et la problématique de la démocratie représentative, animée par Abdellatif Ouammou, président de la municipalité de Tiznit, et Anas Doukkali, élu local de la ville de Rabat. Cette manifestation a été une occasion pour les deux intervenants de relater leurs propres expériences et dresser un état des lieux de l'action locale, les entraves et les perspectives de développement de la commune. Me Ouammou a d'abord insisté sur le fait que la démocratie représentative n'est qu'un prélude pour la démocratie participative. La commune devrait avoir une vocation solidaire D'ailleurs, la constitution a reconnu clairement ce principe, d'où la nécessité de son institutionnalisation. Ouammou, conseiller à la 2e chambre du Parlement et membre du Bureau politique du PPS, a appelé à une qualification des ressources humaines existantes et en particulier les élus, et a mis l'accent sur le manque de programmes de formation pour la qualification des ressources existantes, l'absence d'une vision claire et la pénurie des moyens financiers destinés à la commune. Ce qui rend difficile la concrétisation de certains projets, a-t-il souligné. Abondant dans le même ordre d'idées, il a souligné l'importance du renforcement de la capacité de la gestion communale, qui devrait se baser sur une planification stratégique participative et la mise en place des structures fortes dotées des cadres et experts, avec une division nette de tâches. Qui plus est, la maîtrise et la détermination des processus de décision est une condition sine qua non de l'amélioration de l'action des élus, a-t-il martelé. En d'autres termes, la commune devrait avoir une vocation solidaire. Son rôle consiste à gérer l'espace dans sa globalité par la satisfaction des besoins de la population, tout en mettant en place des projets de développement à vocation sociale : électrification, équipements, installation d'eau... Cela doit passer par se forger une identité, c'est-à-dire qu'on doit d'abord à l'identification des besoins du groupe. Autrement dit, il faut agir en fonction des besoins de la population. Ces besoins, on peut les identifier à travers l'initiation des débats et la mobilisation de tous les acteurs autour des objectifs mesurables et réalisables, a-t-il ajouté. Bref, selon l'intervenant, la gestion communale devrait se faire sur trois niveaux : stratégique, politique et spatial. Le premier consiste à gérer les relations conflictuelles au niveau national, notamment avec le pouvoir de tutelle. Le deuxième requiert la mobilisation de la population, notamment les associations de la société civile et son implication dans la gestion de la chose publique afin de renforcer les responsabilités territoriales. Quant au troisième axe, il porte sur la maîtrise de l'espace et son développement par la consécration du principe de la bonne gouvernance. L'absence de l'élu stratège Par ailleurs, Anas Doukkali a axé son intervention sur la relation entre le pouvoir central et les collectivités territoriales soulignant dans ce sens que la plupart des choix effectués au niveau local émanaient d'en haut. Une telle vision des choses n'a pas contribué à l'émergence d'une élite locale forte. Pire, la mise en place du système de l'unité de la ville a favorisé l'instabilité des conseils communaux et la faiblesse de l'élite locale. Pour ce professeur universitaire, les réformes entamés depuis 1976 jusqu'au 2009 ont consacré davantage la notion de l'élu du quartier au détriment de l'élu stratège qui agit pour l'intérêt général de la collectivité. Faisant allusion à la ville de Rabat, dont le déficit du budget a atteint 70 millions de DH, Doukkali a fait savoir que contrairement à l'image véhiculée, la capitale administrative connait une situation difficile. Selon lui, plus de 120.000 personnes y vivent dans des conditions désastreuses, 6.000 familles résidant dans les bidonvilles, sans omettre l'habitat menaçant ruine. Pour faire face à une telle situation, le député à la première chambre du parlement a appelé à l'élaboration d'une vision globale pour la prochaine étape. Une vision s'inscrit aux antipodes de la «logique des chaises», qui a souvent prévalu dans la gestion de la chose locale.