Un énorme reptile préhistorique long de près de 10 mètres, dont un crâne fossilisé a été découvert au Maroc. Il est l'ancêtre des crocodiles vivant aujourd'hui en Afrique, selon des travaux de chercheurs américains publiés mardi. Cette créature, baptisée “Shieldcroc” (crocodile blindé) en raison de l'épaisse couche de peau recouvrant le dessus de sa tête, a été mise au jour par Casey Holliday, de l'Université du Missouri, alors qu'il étudiait ce crâne fossilisé d'un spécimen datant d'environ 95 millions d'années. Ce crâne, qui n'est pas entier, se trouvait au Musée Royal d'Ontario (Canada) depuis plusieurs années avant que le professeur Holliday n'entreprenne de l'étudier. “Cette découverte d'Aegisuchus witmeri ou Shieldcroc, avec d'autres faites auparavant, montre que les ancêtres des crocodiles d'aujourd'hui étaient beaucoup plus diversifiés que ne le pensaient les scientifiques”, souligne le professeur Holliday. Il a pu estimer sa taille et celle de son cerveau en analysant les marques laissées sur l'intérieur de la boîte crânienne. Le crocodile avait une tête longue de 1,52 m, pour une taille totale de 9,14 m. Cette découverte fournit un meilleur éclairage de l'évolution des crocodiles. Cela pourrait aider à trouver de meilleurs moyens de protéger leur environnement et empêcher leur extinction, expliquent les auteurs de cette communication parue dans la revue scientifique américaine Journal PLoS-ONE (Public Library of Science). Shieldcroc est également le dernier spécimen d'espèces de crocodiles mis au jour qui vivaient à la fin du crétacé, il y a environ 95 millions d'années. Cette période fait partie de l'ère mésozoïque (-245 à -65 millions d'années) aussi appelée “l'Age des dinosaures”, disparus il y a 65 millions d'années. L'analyse des empreintes laissées sur le crâne par les vaisseaux sanguins a permis aux chercheurs de déterminer que le crocodile était doté d'une sorte de bouclier sur le dessus de la tête, du jamais vu chez ces animaux. Selon le professeur Holliday, cette protubérance visait probablement à attirer les femelles et à impressionner les ennemis de “Shieldcroc”. Il pouvait peut-être aussi servir de régulateur thermique pour contrôler la température dans la tête de l'animal. Vu ces caractéristiques physiques, les chercheurs jugent improbable que le crocodile “Shieldcroc” ait combattu des dinosaures en bord de mer. Il devait plutôt passer beaucoup de temps dans l'eau en utilisant ses longues et fines mâchoires pour attraper des poissons. Ce crocodile préhistorique attendait peut-être patiemment dans l'eau que des poissons passent à sa portée. Quand les proies étaient suffisamment proches, Shieldcroc ouvrait simplement la gueule et dévorait sa victime sans effort, éliminant ainsi le besoin de fortes mâchoires.