L'agriculture joue à nouveau un rôle fortement salvateur pour l'économie nationale. La bonne récolte céréalière prévue cette année devrait atténuer les effets d'une crise dite plurielle sur certains secteurs d'activité. Le Centre marocain de conjoncture (CMC) vient de le confirmer dans sa dernière livraison. Les experts du centre estiment toutefois que la machine économique s'essouffle plaçant les grands indicateurs de performance dans le rouge. Qu'on le veuille ou non, l'économie marocaine reste largement dépendante du secteur agricole. En tout cas elle s'attribue la part de lion dans la croissance économique nationale. La preuve par la campagne agricole 2013 qui s'est bien déroulée et qui s'est traduite par une production céréalière record. Les estimations tablent sur une récole de 97 millions de quintaux. Une aubaine qui devrait profiter à la croissance économique et particulièrement à certains secteurs comme l'agroalimentaire, l'emploi, les exportations et, dans une large mesure, la valeur ajoutée nationale. Pour le CMC, seules les performances attendues du secteur agricole et des activités qui lui sont rattachées vont amortir le choc des différents déficits : un taux de croissance dépassant 5% est prévu pour 2013. Néanmoins, les répercussions attendues sur la situation de l'emploi s'avèrent très limitées, voire insignifiantes. Le Centre marocain de conjoncture, qui confirme cet état des lieux, constate par ailleurs que la conjoncture actuelle place le pays dans une crise plurielle mettant à bas le moral des patrons et des ménages. L'absence de plan anticrise ou encore l'adoption des mesures ponctuelles ou conjoncturelles conforte l'incertitude. Conséquence : de nombreux indicateurs de performance de l'économie s'inscrivent dans le rouge. L'évolution asymétrique de recettes (-4%) et des dépenses (+7% pour les dépenses de fonctionnement) situe les besoins de financement de l'Etat dans un niveau inquiétant, soit 28 milliards de dirhams. Le secteur du bâtiment et travaux publics subit aussi les contrecoups de cette crise plurielle. La consommation et la demande de ciment accusent une baisse. Le Centre annonce aussi un recul de la production de logements, une diminution des crédits octroyés aussi bien aux ménages qu'aux promoteurs immobiliers. Les exportations affichent une baisse de 3,8% au terme du mois d'avril dernier traduisant une nette dégradation du taux de couverture. Une sortie de crise requiert, estime le CMC, une relance de la dynamique des réformes engagées et un passage à la vitesse supérieure.