les exigences du marché Qu'adviendra-t-il si le raffinage au Maroc n'est pas compétitif ? On se passera de la raffinerie locale et on importera les produits finis sur le marché mondial. Un pas vite franchi par Afriquia SMDC (Société marocaine de distribution de carburants) qui, depuis un certain temps, s'approvisionne sur les marchés internationaux pour répondre aux exigences de l'environnement et satisfaire la demande des clients. Un défi considérable lorsqu'on sait que le secteur des transports est à la fois le domaine qui réclame la plus forte mobilisation dans la lutte contre le réchauffement climatique et celui où il est le plus difficile d'agir. Car, au Maroc, en plus des ventes illicites de carburants de contrebande de piètre qualité (le gasoil algérien est de type 35O PPM -particules de souffre par millions- très polluant et désastreux pour les véhicules), le raffinage local est à peine parvenu à produire du gasoil 50 PPM, la norme réglementaire, alors qu'en Europe, on fournit du gasoil 10 PPM. En invitant la presse nationale à visiter ses installations de stockage de carburants importés, au port Tanger Med, le Groupe Afriquia voudrait, sans aucun doute, montrer qu'il a pris la mesure des enjeux. A l'origine de ce «coup» médiatique, il y a incontestablement une concurrence sans merci sur le marché des carburants au Maroc. Un marché de plusieurs milliards DH de chiffre d'affaires, dans lequel le Groupe Akhannouch entend bien consolider son positionnement face aux majors du secteur. C'est qu'en fait le Groupe Afriquia ne manque pas d'atouts-maîtres: une capacité de stockage de près d'1 million de m3, soit le premier dispositif de stockage au Maroc, comptant plusieurs unités à Agadir, Jorf Lasfar, Casablanca, Mohammedia et Tanger, mais aussi Marrakech et Meknès; une flotte de 200 camions équipés de GPS pour une meilleure traçabilité; un dispositif de contrôle qualité aux meilleurs standards internationaux (en plus de l'assistance du Laboratoire suisse SGS, la société dispose de 7 laboratoires mobiles (SALUB) pour des contrôles inopinés à travers tout le territoire national); un réseau de 450 stations services, le plus grand au Maroc, employant 4.000 personnes ; et une politique de gestion de la qualité stricte et rigoureuse. Contrôle sur toute la chaine de valeur La filiale d'AKWA Group, leader marocain dans le secteur des hydrocarbures, place depuis toujours la qualité au cœur de ses priorités. «C'est un facteur clé de notre succès» affirmait Said El Baghdadi, Directeur Général d'Afriquia SMDC. «Nous avons toujours été scrupuleux sur ce point qui représente pour nous un engagement essentiel pour une entreprise qui se veut modèle et pionnière dans ses activités», insiste M. El Baghdadi. «Le processus de contrôle qualité est verrouillé sur l'ensemble de la chaine de valeur, de l'approvisionnement à la livraison», résume, pour les journalistes présents, Mohamed Drissi Aboulouafa, Directeur Qualité et HSE. Sur le site de stockage à Tanger Med, les journalistes ont pu constater qu'il existe bien aujourd'hui des circuits alternatifs d'approvisionnement à partir de sites portuaires, et il est possible donc de substituer aux raffineries des parcs de stockage sur les façades maritimes. Ce n'est pas une plaisanterie. C'est l'illustration parfaite de la libéralisation, particulièrement dans le secteur des hydrocarbures. Et ce n'est pas sans raison que «la majeure partie des carburants Afriquia (près de 95%, assure-t-on) sont issus de l'importation et cette tendance, selon les responsables, ne pourra que croître». Une manière, nous confie-t-on, «d'assurer une indépendance en matière d'approvisionnement ainsi qu'un respect des normes internationales de qualité». A Jorf Lasfar comme à Tanger Méd, la société se fait livrer du carburant par des navires pétroliers venus des quatre coins du monde. Du coup, elle contribue à la stratégie nationale visant à diversifier les sources d'approvisionnement et à mettre sur le marché des produits de plus grande qualité. Selon ces mêmes responsables, «Afriquia exige de ses fournisseurs du Gasoil 10 ppm au lieu des 50 PPM, norme réglementaire chez nous. Il s'agit là d'un «engagement pris par l'entreprise pour fournir un produit moins polluant et plus adapté aux moteurs de nouvelle génération». Guerre à l'eau C'est ainsi qu'à la réception du produit acheté localement ou importé, un cabinet d'expertise indépendant (SGS) procède à des analyses de conformité avant de procéder au déchargement du navire. Au cas où le produit est non conforme ou présente des anomalies, son déchargement sera tout simplement refusé par Afriquia SMDC. Afin d'éviter toute fraude, le «plombage» est devenu la règle. Le système consiste, explique Kharzaz Mohamed, ingénieur chargé du dispositif de contrôle, à verrouiller toutes les bouches de compartiments et les vannes de dépotage des camions de transport à l'aide de scellés numérotés. «Au cours des transferts inter-dépôts ou des dépôts vers les stations-service ou consommateurs directs (cas des industriels ou des sociétés de transport), le réceptionneur n'aura plus qu'à vérifier les numéros de série des scellés et les comparer avec ceux figurant sur son bon de livraison pour s'assurer qu'il s'agit bien du produit qui lui a été destiné», précise M. Kharzaz. De même, les gérants des stations sont, à leur tour, impliqués dans le processus de qualité garantie. A chaque livraison de camion, ces derniers effectuent «un contrôle des plombages des citernes et des vannes avant tout déchargement». Les gérants sont également en charge du contrôle de la présence d'eau dans les citernes des stations. Un phénomène qui se produit sous l'effet de la condensation après dépotage. Le pompiste doit vérifier, à l'aide d'une jauge au bout de laquelle on applique une pâte spéciale (test) qui permet de révéler la présence ou non de traces d'eau dans le bac de la station. C'est dire que le dispositif de contrôle porte sur l'ensemble de la chaîne, depuis le bateau jusqu'aux stations-service, en passant par les dépôts de stockage et les camions citernes. Pour cette année, la société prévoit d'investir 3,4 millions DH pour l'acquisition d'un nouveau matériel de pointe en phase avec les évolutions technologiques. Une preuve supplémentaire, rappelle M. Aboulouafa, des exigences et des contraintes qu'Afriquia SMDC s'impose pour garantir la qualité de ses carburants.