Bonne nouvelle pour le Maghreb. Le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération consacrera son premier déplacement à l'étranger au voisin algérien. Le chef de la diplomatie marocaine entamera aujourd'hui une visite de deux jours à Alger, où il rencontrera son homologue algérien, Mourad Medelci, et sera reçu par le président Bouteflika. Cette visite dissipera la longue brouille qui a marqué les rapports bilatéraux pendant plus de deux décennies. Le Maroc, dans la nouvelle dynamique issue des dernières Législatives, entend dégeler sérieusement les rapports avec l'Algérie et explorer les opportunités qui favorisent un retour à de meilleurs sentiments. La visite de Saâdeddine El Othmani à Alger, aujourd'hui et demain, met fin à une rupture de facto des relations officielles de haut niveau entre les deux pays qui, depuis 1994 après la fermeture des frontières, sont presque au point mort, si l'on excepte quelques visites de responsables de second plan et une certaine coordination sécuritaire. Le rapprochement entre les deux pays était prévisible, durant la dernière période et il faudra croire que la nouvelle conjoncture politique régionale a contribué à donner une suite aux multiples appels du Maroc, en direction du pouvoir algérien, pour la réouverture des frontières et la normalisation des rapports entre les deux pays. De plus, si l'on croit certaines sources, Washington aurait mis une certaine pression pour que le Maghreb ne continue plus à perdre au moins 2 points pour son PIB, à cause de la fermeture des frontières algéro-marocaines et des échanges économiques intra-maghrébins qui sont en deçà des réelles potentialités, alors que la crise mondiale nécessite d'explorer toutes les opportunités qui favorisent la croissance mondiale. Une certaine embellie a été relevée, dernièrement, au niveau des échanges entre les opérateurs économiques des deux pays. Ce qui a insufflé une nouvelle dynamique aujourd'hui confirmée officiellement, avant cette visite, tant à Rabat qu'à Alger. Les deux pays semblent animés, aujourd'hui, d'une même volonté de mettre fin à tant d'années d'inaction et de fixation politique qui ont causé d'énormes préjudices économiques aux deux pays mais également au reste du Maghreb. Le son de cloche a été donné par le gouvernement Benkirane, qui, dans sa déclaration d'investiture devant le Parlement, a réitéré la nécessité de faire revenir les relations bilatérales au niveau qu'elles méritent. Le chef de l'Exécutif marocain avait annoncé que le gouvernement s'attellera, en ce qui concerne le voisinage immédiat, «à renforcer la dynamique positive qu'ont connues dernièrement les relations maroco-algériennes en vue de favoriser la normalisation totale des relations avec l'Algérie, y compris l'ouverture des frontières terrestres, prenant en compte en cela la profondeur des liens religieux et historiques qui unissent les deux peuples frères, et eu égard aux défis communs et à l'impératif de réaliser l'intégration maghrébine». Dans cette lancée, le ministre des Affaires étrangères et de la coopération a estimé que «cette visite s'inscrit dans le cadre de la consolidation du processus des rencontres et des concertations entamé par les deux pays pour hisser leurs relations au niveau des aspirations des deux peuples frères». La même volonté a été affirmée par Alger. Pour le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, la visite d'El Othmani permettra de «raffermir les liens de fraternité et de coopération qui unissent les deux peuples frères». Dans une déclaration à l'agence APS, Amar Belani, a souligné que les deux ministres «examineront les voies et moyens susceptibles de relancer l'Union du Maghreb arabe (UMA) en réorganisant certaines de ses institutions et de ses mécanismes en vue d'une meilleure efficacité». L'espoir est ainsi émis pour que les deux pays frères, unis dans la lutte pour l'indépendance, retrouvent les marques de l'amitié, de la solidarité et de l'entraide encore gravées dans la mémoire collectives des peuples maghrébins.