(Ph. Akil Macao) Bellahrach : il est temps de reformer le marché du travail Pour Jamal Bellahrach, président de la commission «Emploi et relations sociales» de la CGEM, «la flexibilité n'est plus un tabou». Si le chômage des jeunes fait de la résistance, c'est parce que le marché du travail ne fonctionne pas comme il se doit ! «Aujourd'hui, plus que jamais, nous nous devons de refonder un dialogue social adapté aux nouveaux enjeux de notre pays et de nos entreprises». Car «la compétitivité de nos entreprises est un vrai sujet, en ce sens que le coût du travail est très élevé, l'informel en expansion accélérée, en plus, bien évidement, de la rareté des compétences qui font défaut aux entreprises». Ces dernières ont «besoin de flexibilité, mais cela doit se faire avec des règles qui ne précarisent pas les salariés et qui permettent à ces derniers de retrouver un emploi rapidement. C'est pourquoi, nous voulons instaurer une coupure conventionnelle qui permette un accord de rupture entre le salarié et l'entreprise sans passer par les tribunaux». D'ores et déjà, la CGEM est à pied d'œuvre pour alléger ou supprimer les règles encadrant les licenciements et celles qui réglementent le droit de grève. Il s'agit d'aller vers plus de flexibilité. Une idée à la mode en ces temps de crise. Pour la CGEM, «il est temps de refonder le dialogue social». Lors de la présentation à la presse, tout récemment, de la feuille de route, M. Bellahrach, tentait de dédramatiser les effets de cette flexibilité sur le marché du travail. «Trop de protection de l'emploi, tue l'emploi». L'organisation patronale veut, tout de suite, une «réforme du marché de travail». Une commission technique a été mise en place, dans le cadre du pacte social, pour élaborer - et mettre noir sur blanc - des propositions y compris celle relative au droit de grève. «Notre objectif, dira M. Bellahrach, est de trouver un consensus avec les syndicats et qu'un texte définitif soit déposé au parlement. Il faut arrêter l'hémorragie des grèves et la forme d'anarchie qui règne dans certains secteurs et régions du pays et donner un signal fort à l'ensemble des parties prenantes». o/o Quel est votre objectif en venant présenter la feuille de route de la commission emploi et relations sociales ? Notre objectif est simple : donner notre vision, nos objectifs et nos plans d'actions pour accompagner le mandat de la présidente dans le domaine de la commission que j'anime. Aujourd'hui, plus que jamais, nous nous devons de refonder un dialogue social adapté aux nouveaux enjeux de notre pays et de nos entreprises. Quels sont ces enjeux? Je ne nous vous apprends rien si je vous dis que le niveau de notre croissance reste encore faible par rapport à nos besoins en matière de création d'emplois. La compétitivité de nos entreprises est un vrai sujet, en ce sens que le coût du travail est très élevé, l'informel en expansion accélérée, en plus, bien évidement, la rareté des compétences qui fait défaut aux entreprises. Ces dernières ont du mal à combler ce déficit à cause du manque de réforme de notre système d'éducations et de formation. Vous proposez quoi exactement pour améliorer l'environnement des entreprises? Nous avons identifié six urgences majeures. Je citerai notamment la mise en place d'un texte pour organiser le droit de grève et pacifier le climat social; l'opérationnalisation de l'IPE (indemnité pour perte d'emploi, ndlr) qui devient une nécessité pour accompagner les salariés ayant perdu leurs emplois. Et la réforme de nos régimes de retraites qui tarde à venir. Vous parlez de «flexibilité responsable», c'est quoi au juste ? Les entreprises ont besoin de flexibilité, mais cela doit se faire avec des règles qui ne précarisent pas les salariés et qui permettent à ces derniers de retrouver un emploi rapidement. C'est pourquoi, nous voulons instaurer une rupture conventionnelle qui permette un accord de rupture entre le salarié et l'entreprise sans passer par les tribunaux. L'originalité réside dans le fait que le salarié pourrait bénéficier d'un accompagnement pour retrouver un travail et bénéficier de l'IPE. A cela, nous voulons créer un contrat de travail à temps partiel pour donner la possibilité aux femmes et/ou nouveaux secteurs de recruter pour des durées plus courtes, et ce, avec tous leurs droits. En matière d'emploi, quelles sont vos propositions? 5 mesures d'urgences sont proposées dans notre feuille de route. 1- élargir le CIP (contrat d'intégration professionnelle) à tous les jeunes diplômés sans distinctions; 2- la généralisation de la CNSS à tous les contrats ANAPEC, 3- la création du contrat de formation CAP compétences qui permettra 6 mois de formation en développement personnel, langues et informatique et 6 mois de stage pratique en entreprise avec un tuteur en entreprise et un tuteur ANAPEC, 4- la création de l'observatoire de l'emploi et de l'employabilité 5- rendre le stage obligatoire en entreprise. Ces mesures nécessitent, bien entendu, une mobilisation d'urgence des parties prenantes pour redonner confiance aux 700.000 jeunes sans emplois! Sur le droit de grève, quel va être le process pour faire voter votre proposition de texte? Tout d'abord, nous avons envoyé notre proposition de texte de loi au ministère de l'Emploi et aux syndicats dans le cadre de notre dialogue social direct. Ensuite, nous avons prévu une commission technique dans le cadre du pacte social, que nous avons signé avec les syndicats, pour discuter de l'ensemble de nos propositions y compris celle relative au droit de grève. Au sein de cette commission, notre objectif est de trouver un consensus avec les syndicats et qu'un texte définitif soit déposé au parlement, soit par le ministère de l'Emploi, ou par un groupe parlementaire. Ce qui compte, c'est de prendre conscience que ce texte est une urgence absolue, à la fois économique et sociale. Il faut arrêter l'hémorragie des grèves et la forme d'anarchie qui règne dans certains secteurs et régions du pays et donner un signal fort à l'ensemble des parties prenantes. Mais vous semblez ignorer que les syndicats sont contre ? Les syndicats ne sont pas contre un texte sur le droit de grève. Bien au contraire, ils souhaitent tous que la paix sociale s'installe dans notre pays et que les droits des salariés soient respectés ainsi que la liberté d'entreprendre. Ce que les syndicats veulent, et ils ont raison, c'est que la liberté syndicale soit assurée aux salariés. La CGEM l'a clairement affirmé haut et fort et je le redis ici. Nous avons besoin de syndicats forts et soucieux de la bonne tenue de l'appareil de production. La démocratie sociale passe par ce dialogue et par le respect des droits et des devoirs de chaque partie prenante. Par conséquent, un texte sur le droit de grève ne pourra que renforcer la position des syndicats. Plus vite nous voterons ce texte, plus vite nous entrerons dans une nouvelle ère sociale. Que faut-il retenir de votre proposition de loi sur la grève ? Clairement, nous insistons sur quatre points essentiels: 1- La grève ne doit être déclenchée que lorsque tous les mécanismes de dialogue auront échoué. Seul un syndicat fortement représenté ou un comité de grève élu pourra déclencher la grève. 2- Le préavis de grève est nécessaire ; il doit être de 15 jours au moins. 3- Le respect du droit au travail des salariés non grévistes. 4- Le respect du protocole d'accord lorsque celui ci est acté pour lever la grève. J'estime que notre projet de texte est équilibré et respecte toutes les parties prenantes. La CGEM est entrée définitivement dans une logique de démocratie sociale inéluctable pour assoir une compétitivité durable pour nos entreprises afin de créer la richesse nécessaire au développement de notre pays. Qu'attendez-vous comme réaction de la part du gouvernement ? Juste qu'il comprenne que la CGEM est une force de propositions et que nous sommes disposés à travailler ensemble pour contribuer à l'amélioration de nos indicateurs économiques et sociaux. Chacun dans son rôle. Flexibilité pour l'emploi ! Idée à la mode en France, dure réalité vécue en Allemagne, la «flexibilité» est à la mode, en ces temps de crise. Au Maroc, l'idée fait son chemin. A la CGEM, on estime que «la protection de l'emploi tue l'emploi». Pour Jamal Bellahrach, président de la commission «Emploi et relations sociales», «la flexibilité n'est plus un tabou». Si le chômage des jeunes fait de la résistance, c'est parce que le marché du travail ne fonctionne pas comme il se doit ! Une recette classique d'inspiration libérale -pour nombre d'économistes-, qui pousse à l'abaissement du coût du travail, à la précarisation de l'emploi et à la vulnérabilité des salariés. La CGEM est à pied d'œuvre pour alléger ou supprimer les règles encadrant les licenciements et celles qui réglementent le droit de grève. Le patronat tente de légitimer la démarche, en associant les syndicats dans le cadre du dialogue social direct. M. Bellahrach, en présentant à la presse la feuille de route du patronat marocain pour la «flexibilité de l'emploi», affirme que l'enjeu est d'importance. L'alliance des syndicats, rappelait-il, est un choix et une nécessité pour la démocratie sociale ! C'est une nécessité parce que nous vivons dans un monde complexe d'interdépendance ou nul n'a plus, seul, la solution. La CGEM veut une «réforme du marché de travail», tout en éloignant le spectre du retour de l'insécurité sociale. Selon Bellahrach, il n'y a pas de relation étroite entre flexibilité et fragilité des rapports au travail. Il s'agit, expliquait-il, d'une «flexibilité responsable» où chaque partie prenante aura à jouer son rôle : un Etat régulateur, des syndicats soucieux du droit au travail, et des entreprises compétitives, débarrassées des lourdeurs juridiques et fiscales liées au licenciement et aux plans sociaux. Ce modèle social a besoin d'un débat national pour trouver des réponses idoines à la problématique de l'emploi au Maroc. Car la compétitivité Maroc n'est pas forcément liée au coût du travail. Elle réside dans l'innovation et la créativité des entreprises, à la qualité du management et à la gouvernance. C'est ce que l'on appelle la compétitivité hors coûts ». A.K Idée à la mode en France, dure réalité vécue en Allemagne, la «flexibilité» est à la mode, en ces temps de crise. Au Maroc, l'idée fait son chemin. A la CGEM, on estime que «la protection de l'emploi tue l'emploi». Pour Jamal Bellahrach, président de la commission «Emploi et relations sociales», «la flexibilité n'est plus un tabou». Si le chômage des jeunes fait de la résistance, c'est parce que le marché du travail ne fonctionne pas comme il se doit ! Une recette classique d'inspiration libérale -pour nombre d'économistes-, qui pousse à l'abaissement du coût du travail, à la précarisation de l'emploi et à la vulnérabilité des salariés. La CGEM est à pied d'œuvre pour alléger ou supprimer les règles encadrant les licenciements et celles qui réglementent le droit de grève. Le patronat tente de légitimer la démarche, en associant les syndicats dans le cadre du dialogue social direct. M. Bellahrach, en présentant à la presse la feuille de route du patronat marocain pour la «flexibilité de l'emploi», affirme que l'enjeu est d'importance. L'alliance des syndicats, rappelait-il, est un choix et une nécessité pour la démocratie sociale ! C'est une nécessité parce que nous vivons dans un monde complexe d'interdépendance ou nul n'a plus, seul, la solution. La CGEM veut une «réforme du marché de travail», tout en éloignant le spectre du retour de l'insécurité sociale. Selon Bellahrach, il n'y a pas de relation étroite entre flexibilité et fragilité des rapports au travail. Il s'agit, expliquait-il, d'une «flexibilité responsable» où chaque partie prenante aura à jouer son rôle : un Etat régulateur, des syndicats soucieux du droit au travail, et des entreprises compétitives, débarrassées des lourdeurs juridiques et fiscales liées au licenciement et aux plans sociaux. Ce modèle social a besoin d'un débat national pour trouver des réponses idoines à la problématique de l'emploi au Maroc. Car la compétitivité Maroc n'est pas forcément liée au coût du travail. Elle réside dans l'innovation et la créativité des entreprises, à la qualité du management et à la gouvernance. C'est ce que l'on appelle la compétitivité hors coûts ».