Qui gouverne vraiment et effectivement Casablanca ? Le constat est sans appel. La table ronde, organisée samedi 16 mars 2013 par la Région du Grand Casablanca du Parti du progrès et du socialisme (PPS) autour de la problématique de la Métropole et de ses maux, a conclu que la ville plonge dans l'anarchie, échappe au contrôle et se développe sans vision globale et sans stratégie bien déterminée. A qui incombe la responsabilité ? Cette question fortement soulevée par l'assistance a suscité une autre interrogation. Qui gouverne vraiment et effectivement Casablanca ? Les intervenants comme l'assistance n'ont pas caché leur inquiétude à propos d'un pouvoir occulte qui a fait main basse sur la Métropole. Une carte blanche accordée à un promoteur immobilier a ruiné toute la préfecture de l'Arrondissement de Hay Hassani et provoqué des embouteillages énormes au niveau de l'axe des facultés, dira l'architecte Rachid Haouch. Le constat est le même du côté de la préfecture de Nouaceur et celle de Médiouna. Les plans d'aménagements obéissent à la «philosophie» des artisans de la brique. On parle uniquement de combien d'hectares allaient intégrer le périmètre urbain et non pas du «comment» les exploiter, s'exclama Fikri Benabdallah. Dans la périphérie, les responsables évoquent des contraintes foncières pour justifier les retards enregistrés dans la réalisation de certains projets socioéconomiques ou la suspension d'autres, alors que certains élus ont mis la main, au vu et au su de tout le monde, sur des terrains domaniaux dans la même zone. C'est le cas de cette affaire, du moins «insolite», d'un président-élu dans la Région qui a pu bénéficier d'un précieux terrain domanial d'une superficie de dix hectares dans le pôle urbain de Nouaceur, en cédant en contrepartie à l'Etat un autre d'une superficie de seulement sept hectares non constructibles. Du jamais vu, sachant bien entendu que l'Etat ne fait pas d'échange en cas de besoin d'une terre pour l'utilité publique, mais procède à son expropriation. Et d'ailleurs, dans la même zone, des petits fellahs ont vu leurs terres expropriées pour la réalisation des projets (autoroutes, entre autres), alors qu'un élu bénéficie d'un bijou dont le coût se chiffre en plusieurs milliards. Ce cas a laissé perplexes les architectes ayant décortiqué la problématique de la métropole lors de cette table ronde. L'argument des contraintes foncières est également brandi chaque fois que la question de recasement des bidonvillois hors de la métropole est soulevée. C'est dire l'ampleur et l'atrocité des crimes que certains lobbies sont en train de commettre à l'encontre de la ville. Cela rejoint l'idée soulevée par l'architecte Rachid Andaloussi quand il a souligné que cette ville est généreuse. Elle «donne mais ne perçoit rien en contrepartie», a-t-il dit. «Des personnes y atterrissent, s'enrichissent et disparaissent», a dit, non sans amertume, le président de l'Association «Casa-Mémoire». Voilà comment la ville plonge dans le chaos. Et la cohésion sociale ne peut jamais se faire sans cohésion urbaine.