Le pari de la première banque privée du royaume est en passe d'être gagné. Un rapide coup d'œil sur les réalisations commerciales et financières du Groupe Attijariwafa bank en 2012 permet de dire que la banque continue à gagner de l'argent. En effet, la banque que préside Mohamed El Kettani détient des montagnes de cash. Le PNB (indicateur de profitabilité) s'affiche en hausse de 7,3% à 17,04 milliards DH, contre 15,88 milliards en 2011. La banque renfloue ses coffres grâce, bien entendu, à de grosses marges réalisées sur les prêts accordés à ses clients (chiffrés à plus de 10,03 milliards DH), mais aussi du fait des gains sur les marchés financiers (pas moins de 2,70 milliards DH). Sans oublier que la banque se nourrit également des commissions perçues sur les opérations effectuées pour le compte de ses clients, et qui ont rapporté quelque 3,56 milliards DH. En dépit d'un contexte économique et financier un peu tendu, avec un PIB laborieux (+2,7%) et un marché boursier exécrable, le premier groupe bancaire marocain se porte bien. Le résultat net s'établit à 5,30 milliards DH. Un niveau quasi similaire à 2011. Hors contribution au fonds de solidarité sociale et l'impact de l'augmentation de capital réservée au personnel, ce résultat aurait enregistré une croissance de 9,6%. Au final, le RNPG (Résultat net part du groupe) a limité sa croissance à 4,50 milliards DH contre 4,45 milliards DH en 2011, soit une petite expansion de 0,9% en comparaison avec l'année précédente. Selon Ismaïl Douiri, responsable du Pôle Finances et opérations, 2012 fut la première année de l'impact de la contribution à la cohésion sociale (120 millions DH au titre du résultat net) et 100 millions DH sur la décote, (estimée à 542 millions DH, accordée aux salariés dans le cadre de l'augmentation de capital). «Ces impacts sont venus rogner le RNPG et ralentir la croissance. Mais, retraité, le RNPG aurait augmenté de 9%», dira M. Douiri, N'empêche, la banque consolide tout de même sa profitabilité. Son ROE (return on equity) ou le rendement des fonds propres atteint 17,6%. Qui dit mieux ? Même si le ratio de transformation (crédits/dépôts) se rapproche des 110%, cela ne touche en rien la bonne santé financière du Groupe. Il est vrai que les dépôts augmentent moins vite que les crédits, mais le Groupe Attijariwafa bank a su diversifier ses ressources pour une meilleure sécurisation de ses fonds. Mohamed El Kettani précisait, lors du point de presse, lundi à Casablanca, que la banque fait désormais plus dans la bancassurance et dans la gestion d'actifs. Il semble qu'il n'a pas tort de répéter que l'on se dirige vers une financiarisation de l'économie marocaine. Encore une fois, Attijariwafa bank signe le succès du passage à un nouveau modèle économique. Ce ne sont pas uniquement les dépôts qui font les crédits. Pour l'heure, le premier groupe bancaire consolide son positionnement de leader de la Place. Il est 1er collecteur de l'épargne (dépôts, OPCVM et Assurance Vie), avec un total ressources de 310,4 milliards DH, dont 17% collectés à l'international. En regard, les crédits à la clientèle ont totalisé 247,6 milliards DH, en progression moins vigoureuse que l'année d'avant (7% au lieu de 15%), soit un taux de transformation de 108%. A ce titre, rappelle, M. El Kettani, Attijariwafa bank demeure le premier financeur de l'économie et le premier bancassureur, avec le meilleur coût du risque de la Place (0,48%). Le Groupe peut se targuer d'être le premier réseau bancaire et financier au Maroc, comptant 2.882 agences. Le P-DG du Groupe fait remarquer que le taux de bancarisation au Maroc est encore limité à 55%. En Afrique, ce taux oscille entre 5 et 8%. «Il y a des autoroutes de croissance qui nous attendent», a fait observer le Président, le sourire en coin. Quoi de plus normal, puisque, encore une fois, il ne manque pas d'arguments de succès. Fini les déconvenues en Afrique (Tunisie et Cote d'Ivoire). Quant au Mali, il sera provisionné pour l'instant, mais reste de très faible impact sur les agrégats. Pour autant, l'Afrique reste un réservoir de richesses pour le champion du secteur bancaire marocain. Les perspectives de croissance s'annoncent prometteuses au niveau du continent. Croissance moyenne, certes, mais 2012 reste une année positive, selon M. El Kettani. La banque a réussi à surperformer le marché, avec des gains de parts de marché, tant sur les ressources que sur le financement de l'économie. La richesse de la banque s'explique aussi, selon son P-DG, par la rationalisation des coûts et par la recherche permanente de l'efficacité rationnelle. Ce n'est donc pas pour rien que la banque est allée chercher l'épargne des couches moins favorisées, en créant WafaCash, un modèle dit «low cost». Elle se veut pionnière en matière de coûts modérés du service bancaire le plus compétitif de la Place. Une manière de mener la vie dure à la concurrence, mais aussi de «démentir» ceux qui considèrent que les services bancaires au Maroc coûtent encore plus chers.