Demain, c'est la femme. Journée emblématique à travers le monde pour l'égalité, le 8 mars fête le genre humain sans lequel l'humanité disparaitra. Une fête pendant laquelle la revendication prime encore sur l'allégresse et la frivolité du moment car il reste beaucoup à faire pour que véritablement la fête batte son plein. De par le monde, des femmes et des hommes sont mobilisés pour l'égalité du genre. A l'occasion, une chanson sera lancée par ONU Femmes pour appeler au changement et célébrer la contribution de la femme au développement. Mais suffira-t-elle pour arrêter les multiples et diverses violences commises contre la femme ? Permettra-t-elle à la femme, à la fille, de vivre dans la sérénité et l'épanouissement au foyer, dans la rue ou le quartier, dans le bus, à l'école ou au travail ? Pourra-t-elle éliminer la discrimination dans les droits fondamentaux, la privation et la pauvreté, l'abandon scolaire, la violence sexuelle, la mortalité maternelle. Sera-t-elle le bouclier qui protégera la femme lors des conflits et les guerres ? Assurément une chanson ne peut assumer à elle seule ce fardeau qui pèse sur le dos de l'Homo sapiens depuis qu'il est sur terre. Elle permettra le déclic, la réflexion, la sensibilisation et la résolution comme la chanson de Ferrat, «La femme est l'avenir de l'homme», du siècle dernier. À nous tous, hommes et femmes, de faire en sorte que le changement s'opère en nous, individuellement et collectivement. Au Maroc, il est certain que notre société a connu des avancées notoires dans l'émancipation et la libération de la femme même si des comportements reliques persistent; car dans ce clair-obscur où vit la société marocaine, et dans ce domaine comme dans d'autres, «les monstres» restent à l'affût. Il est évident que l'effort législatif et juridique (entrepris sous l'effet de la pression d'un mouvement social féminin de plus en plus présent), aussi important et nécessaire soit-il, restera sans portée conséquente dans l'évolution de la condition féminine dans notre pays si son application souffre de dérogations ou de manœuvres dilatoires. A titre d'exemple, le mariage de jeunes filles en bas âge, l'exploitation éhontée des «petites bonnes» sont à bannir définitivement. La levée des réserves sur la Convention pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes doit aboutir à «l'harmonisation de la législation nationale avec les conventions internationales ainsi que la réforme des lois discriminatoires affectant les femmes dans l'espace public et l'espace privé, notamment la législation pénale ; à l'élaboration de politiques publiques capables d'asseoir l'égalité homme/femme et la lutte contre la discrimination, et de consolider les acquis en la matière et à la mise en place de l'Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination, telle que prévue dans la Constitution de 2011, à savoir un mécanisme indépendant de proposition, de reddition de comptes et de suivi de la politique nationale» comme le réclame l'Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM). L'amélioration du niveau d'instruction des femmes, et par conséquent leurs perspectives économiques, doit être une priorité nationale. La lutte contre le phallocentrisme doit accompagner l'éducation scolaire dès le très jeune âge comme elle implique juridiquement l'éviction des héritiers agnats lorsque les héritiers réservataires sont toutes de sexe féminin. Cette indignité successorale, et d'autres encore, ne sont pas compris par des femmes qui assument leurs responsabilités dans la famille et dans la société dans un Maroc démocratique et moderne. Elles ne veulent plus, à l'instar de leurs parents, contourner la loi; car ce n'est pas ainsi qu'elles ont été éduquées et c'est dans le respect de la loi qu'elles ont vécu. Enfin, on ne peut parler de la femme sans revenir à Lucy, cette Australopithecus afarensis dont la bipédie permanente a permis au genre humain de relever la tête. En amharique, son nom est Dinkenesh qui signifie «Tu es merveilleuse». Merveilleuse et sujet d'émerveillement, la femme, ici et ailleurs, sera certainement l'homme du XXIe siècle.