Plus que résilient, le secteur bancaire marocain poursuit sa croissance, en dépit de la persistance de la tension sur les liquidités et le ralentissement du financement de l'économie. Les résultats remarquables enregistrés par le Groupe Banque Centrale Populaire (GBCP), au terme de l'exercice 2012, témoignent de la bonne santé des banques marocaines. Le risque est fort maîtrisé, avec des provisions portées à 1.272,8 millions DH (contre 696,9 millions DH en 2011). 2012 fut une année d'expansion substantielle, autant au Maroc qu'à l'international, pour le premier groupe bancaire mutualiste du pays. En effet, le GBCP signe un bon millésime 2012, en affichant une progression à deux chiffres de ses résultats opérationnels. Le PNB (Produit net bancaire) augmente de 13,3% à 11,5 milliards DH (contre 10,2 milliards en 2011). Cette performance provient de la bonne tenue des composantes de cette valeur ajoutée : 8,5 milliards DH (+10%) au titre de la marge d'intérêt ; 1.331 millions DH pour la marge sur commission, et un peu plus de 1.157 millions DH tirés des activités de marché. Le Groupe, dont les résultats semblent meilleurs que ceux des concurrents, enregistre un bond de 17,7% de son RBE (résultat brut d'exploitation), à 6,1 milliards DH, grâce aussi à l'amélioration de l'efficacité opérationnelle. Le coefficient d'exploitation est en amélioration de 200 points de base à 46,6%, un des meilleurs du secteur. Au final, le Groupe engrange un résultat net de 3,2 milliards DH, en amélioration de 5,6% par rapport à 2011, en dépit d'un effort de provisionnement volontariste visant à améliorer le niveau de couverture des créances en souffrance. Le taux de couverture a atteint 77% contre 63% une année plus tôt. Le Groupe devait affecter une enveloppe additionnelle de 300 millions DH aux provisions pour risques généraux portant son encours à plus d'1 milliard de DH. De son côté, le RNPG titille les 2 milliards DH (+2,7%). Malgré un contexte économique mitigé (aggravation du déficit budgétaire et détérioration de la balance des paiements), la première banque coopérative du royaume parvient avec aisance à accroître ses ressources et à améliorer sa contribution au financement de l'économie. Les dépôts ont progressé de 10%, franchissant, pour la première, le seuil des 200 milliards DH (201,9 milliards contre 183,6 milliards en 2011), dont 143,9 milliards mobilisés sur le marché national des particuliers. Du coup, le Groupe améliore sa part de marché, la portant à 27,9%, devenant ainsi le premier collecteur de dépôts. Le groupe continue à bénéficier de ressources non rémunérées, qui représentent un peu plus de 64% du total des dépôts. Sur le marché des Marocains du Monde, le Groupe consolide sa position de leader, avec un volume de dépôts de 74,2 milliards de DH en croissance de 4,5%, alors que les transferts des MRE sont globalement en repli de 4% à quelque 56,3 milliards DH. Côté financement de l'économie, les créances sur la clientèle ont atteint 184,2 milliards DH, contre 170,5 milliards en 2011, soit une hausse de 8%. La distribution additionnelle sur le marché national s'est élevée à 6,6 milliards DH. Grâce à cette amélioration, le Groupe s'accapare plus du quart du marché national (25,6%). Le développement des crédits à la clientèle n'entame pas les ressources de la banque, puisque le coefficient d'emploi est encore aux encablures de 94%, contre une moyenne sectorielle à 115%, voire 120% pour certaines banques. Ceci étant, au plan financier, le Groupe BCP, tirant profit de sa profitabilité et de la rentabilité notable de ses différentes filiales, renforce son assise financière. Les fonds propres ont franchi à la hausse la barre des 30 milliards DH, contre 27,9 milliards en 2011. Le Groupe a augmenté de manière significative ses provisions pour risques, bien que son coût du risque est largement maîtrisé (3,9% contre 5,3% pour le secteur). Le ratio de solvabilité est conforme aux contraintes réglementaires, avec un Tier One au-dessus de 10%. Même si la sortie de l'Etat du tour de table a coûté la bagatelle de 8 milliards DH, le Groupe Banques Populaires dispose d'un matelas financier de près de 5,5 milliards DH pour couvrir les risques. Tant au plan commercial qu'au plan financier, le Groupe BCP poursuit sa croissance soutenue et termine l'année avec un chiffre d'affaires en accroissement de 14,4% à 271,4 milliards DH contre 237,4 milliards un an auparavant. Ces performances remarquables expliquent la résistance du titre sur le marché boursier casablancais, dont le cours est resté presque inchangé, alors que le Masi, le principal indice de la Bourse de Casablanca, lâchait plus de 15%. Le Président du Groupe BCP, Mohamed Benchaâboun reste invariablement optimiste quant aux perspectives de développement sur la période 2013-2015. Sauf évolution contrariante, le Groupe table sur une progression de 5% en moyenne de ses dépôts, une hausse de 7% des crédits et une amélioration de 9 % du PNB. En dépit du caractère oligarchique et une très faible concurrence dans le secteur, M. Benchaâboun constate que les «banques marocaines sont fortes et saines».