finance islamique au Maroc attend le grand jour La finance islamique s'apprête à faire son entrée au Maroc, un peu doucement mais intelligemment. Faute de produits réels sur le marché financier marocain, la finance islamique a mérité de nombreuses conférences depuis le début de cette année. Après celle animée tout dernièrement par Lahcen Daoudi, ministre de l'Enseignement supérieur, à l'Université internationale de Rabat, c'est au tour de l'ISCAE d'abriter un colloque scientifique qui a vu la participation d'une pléiade d'experts représentants des établissements bancaires, compagnies d'assurances et cabinets de consulting. Une opportunité de combler le déficit en matière d'information de l'opinion publique, et de mettre le doigt sur les verrous qui freinent le développement de la finance islamique au Maroc. Compte tenu de l'importance des flux financiers dans le monde et de la résilience dont elle a fait preuve dans le contexte de crise financière internationale, la finance islamique occupe les espaces de débat au Maroc, notamment dans les milieux universitaires. Sans doute pour sensibiliser à l'importance stratégique de ce type de financement dans un pays musulman comme le Maroc, et à l'intérêt d'accélérer le processus d'adoption des textes réglementaires relatifs à la mise en place des produits financiers islamiques. La persistance des obstacles fiscaux et administratifs et le manque patent de compétences montre combien il est long le chemin qui reste à faire. Le colloque scientifique, organisé par l'ISCAE, en partenariat avec Al Maali Consulting Group, samedi 2 mars 2013, à Casablanca, a permis de faire un tour d'horizon des principales thématiques qui paraissent indispensables à la compréhension de la finance islamique. Tenu sous le thème: «Finance Islamique au Maroc, quelles perspectives?», ce colloque, dont les travaux ont été animé par plusieurs experts , a permis de traiter, entre autres des « Principes, Pratiques et Perspectives de la finance islamique»; des «Sukuk et leur rôle dans la place financière marocaine»; de la «Gestion des risques dans la finance islamique»; des «Fondements shariatiques des transactions financières islamiques» ; mais aussi de l'importance d'une « Réforme comptable pour la réussite du système de la finance islamique au Maroc»; et de la nécessité d'une « Réforme fiscale pour accompagner le développement de la finance islamique au Maroc». Parmi les recommandations formulées à l'issue des travaux de ce colloque, la nécessité pour le royaume de se préparer pour accueillir la finance islamique, considéré comme un système économique cohérent. Pour y parvenir, les participants ont souligné la nécessité d'assurer les formations et l'encadrement dans les métiers de la finance islamique et d'opérer des réformes juridiques, fiscales et comptables pour favoriser la réussite de ce système tant attendu par les marocains. Une pléiade d'expert Il est intéressant de noter que ce colloque a vu la participation de nombreux experts. Il s'agit notamment de Mahfoudh Barouni, président du Conseil d'Administration de Zitouna Takaful (companie d'assurance islamique) et du directoire de ATID & Co (société de gestion conforme à la Sharia); Mohamed Boulif, directeur général d'Al Maalya Consulting (cabinet de conseil et formation en finance islamique) et professeur de la finance islamique à Paris-Dauphine et consultant à Al Maali Consulting Group; Ali Alami Idrissi, directeur général d'Optima Finance Consulting (cabinet de conseil et formation en Risk Management). Ont pris part également à cette manifestation, Mohamed Karrat consultant à Al Maali Consulting Group et ex membre du comité de fatwa sur les transactions financières au ministère des Affaires islamiques d'Abou Dhabi; Mme. Salima Bennani, experte comptable et directrice générale du cabinet Dar Al-Khobaraa, et Mohamed El Omari El Alaoui, expert en fiscalité et en finance islamique, en plus de nombreux professeurs, étudiants et responsables d'organismes bancaires et financiers. Projet de loi dans le circuit Encore balbutiante, la finance islamique à fait ses début au Maroc dès 2007, année où Bank AL Maghrib a adressé aux établissements de crédit une recommandation les autorisant à commercialiser trois produits financiers islamiques (Mourabaha, Ijara et Moucharaka) appelés timidement "instruments financiers alternatifs". Avec l'arrivée aux affaires du PJD, le gouvernement s'est montré réceptif à la mise en place d'un cadre législatif favorable à l'émergence de la finance islamique dans notre pays. Un projet de loi sur les banques islamiques est déjà dans le circuit, et son adoption est prévue avant la fin de l'année 2013.