Il était une fois un bout du territoire, au sud-est du royaume, appelé Tinghir. Cet immense patelin, joliment lové dans la vallée de Drâa, majestueusement paré d'exquises gorges de Toudrha et Dadès, était érigé, il y a quelques années, en province à part entière, en vue de le hisser au sommet de la modernité et le sortir des affres de la vie. Seulement voilà, il s'est trouvé que l'espoir de toute une communauté était sérieusement compromis par la démission déficiente de l'ancien gouverneur, en connivence flagrante avec un parlementaire richissime. Cette complicité avait cruellement hypothéqué le bien-fondé d'une volonté manifeste de faire de cette zone le fleuron d'une région en continuelle gestation. Rassurez-vous, cet horrible gouverneur n'est plus en place, après ires et huées des populations, arborant sans cesse le fameux slogan «Dégage !» Aujourd'hui, Cette déchéance n'est plus qu'un hideux souvenir, puisque son successeur, dont le tempérament est tout à fait civique, s'attelle d'arrache-pied à assainir ces dérapages. Récemment encore, une affaire scabreuse relevant de ce passé sinistre a refait surface. En effet, le dossier (n° 386/12) de falsification des attestations de résidence dont les auteurs ont été rayés des listes d' électeurs pour le compte des précédentes échéances législatives, dans la commune rurale d'Iknioun dépendant de la province de Tinghir, a été, encore une fois, rouvert, après la reformulation de la requête des victimes usurpées, contre le président de la commune suscitée et quatre agents de l'autorité, dont trois relèvent du caïdat d'Iknioun et le quatrième du pachalik de Tinghir. Comme précédemment mentionné, ces contrevenants ont été surpris en flagrant délit inhérent à l'opération frauduleuse sus indiquée, afin d'influencer les élections en question, au profit d'un parti-machine et en défaveur du PPS, constituant une réelle menace à l'ancien gouverneur et ses acolytes. La procédure d'enquête, menée dans ce sens, a révélé, enfin, que lesdits certificats, objet d'opposition et portant les signatures de deux agents dépendant d'Ikinioun, ont été effectués sur demande du président et non de leur auteur. Les mis en cause ont finalement avoué leur forfait, lors de la séance du 14 février courant, ainsi que d'autres accusés dont notamment le gendre du président, occupant le poste du 4e vice-président, et qui impliquait également quatre autres employés à la commune, s'étant chargés de dénicher les documents nécessaires. Le président lui-même a reconnu s'être référé aux archives de la commune pour prendre connaissance des numéros des CIN des personnes ciblées dont le penchant électoral allait à l'encontre des instructions commanditées. Parmi les victimes supposées avoir procédé à la signature légalisée des demandes, avant la suppression de leur nom du registre, nombre d'entre elles se trouvaient en Europe, conformément aux indications de leur passeport. Après toutes ces révélations qui ne souffrent d'aucune contestation, la justice est appelée donc à assumer toute sa responsabilité et suivre à terme la procédure judiciaire, dans le but de couper court aux éventuels lobbys. L'excès de zèle des agents d'autorité et leurs protégés n'a plus raison de perdurer dans une nation fortement acquise aux valeurs de la justice et de la démocratie.