A l'initiative de l'association «Carrefour des arts» dont le président est le professeur Mohammed Ridai et dans le cadre du salon littéraire animé par la nouvelliste et critique d'art Zahra Ziraoui, une soirée musico-poétique a été organisée récemment en hommage à feu Assia El Ouadie, et ce en présence de plusieurs personnalités des mondes des arts et des médias et de nombreux représentants de la société civile, tels que Salah El Ouadie et son frère Aziz, Mohammed Lghafi, Ayoub Mliji (poètes), Said Raji, Abdellah Hariri et Moubarak Ammane (artistes peintres), Nabil Chami (chanteur imprégné de soufisme) et bien d'autres encore. Dans son mot d'allocution, Zahra Ziraoui a mis en exergue les qualités humaines de la regrettée Mama Assia au grand cœur, son travail pour la défense des droits des enfants et des jeunes et en particulier des droits des pensionnaires des Centres de réforme, de rééducation et de réinsertion, en mettant l'accent sur son apport dans le domaine de la justice, son militantisme pour la préservation de la dignité des citoyens et son abnégation.. Une femme dont il est difficile de parler au passé et que tous les superlatifs ne suffisent pas pour louer toutes ses qualités. Durant toute la soirée, des hommages plus poignants les uns que les autres ont afflué. Ils versent tous dans le même sens pour signifier que les grands de ce monde ne meurent jamais. Ils disparaissent certes de nos regards mais demeurent vivants éternellement dans nos cœurs. Inaugurant les actes de cette rencontre littéraire, Salah El Ouadie, poète et militant confirmé aussi bien dans le domaine politique que dans le domaine des droits de l'homme, a marqué les actes de ce salon par des lectures poétiques illuminées qui nous rappellent ses univers romanesques et satiriques : «Le Marié» (Paris-Méditerranée, roman, 2001), «Les Blessures de la poitrine nue» (Benchara, recueil de poèmes, 1985), «Au fond du cœur, l'espoir» (Ouyoun Al Makalat, recueil de poèmes, 1988) et beaucoup d'autres œuvres littéraires de valeur poétique indiscutable... Sa lecture poétique dédiée à l'âme de sa sœur Assia El Ouadien nous fait allusion également au «Moment de poésie», programme poétique sur la chaine de télévision marocaine, 2M, animée, à l'époque, par ce poète engagé qui, au pic de la détresse quotidienne, offrait aux téléspectateurs des moments qui les réconciliaient avec eux-mêmes. Il y avait surement un secret qu'il n'avait jamais osé révéler jusqu'à ce qu'un jour, Salah El Ouadie, lors d'un propos de presse, confirma que la poésie s'accorde avec le théâtre et la lecture expressive. Cette même idée, on l'entend résonner chez Frederico Garcia Lorca qui disait: «La poésie vit quand elle est lue mais perd son âme quand elle est muette dans un livre». Ainsi, grâce à ses compétences littéraires et à ses préparations sur le plan audiovisuel, il a pu réussir son programme télévisé en faisant de la poésie un pont menant vers l'autre rive. De son coté, Aziz El Ouadie a ponctué cette soirée par ses anecdotes humoristiques et ses dits poétiques, venant assouvir notre soif du mot et honorant le coté humain qui réside au plus profond en chacun de nous. Il est à rappeler que Aziz El Ouadie est membre fondateur de la section Amnesty internationale au Maroc et de l'Observatoire marocain des prisons et animateur de la Synergie civique, initiée par Fatima Mernissi qui a pour but de promouvoir la citoyenneté à travers les livres édités relatifs aux droits humains, aux droits de femmes et aux droits civiques à travers l'écriture. Il a publié «Sarikna dahikan» (Nous avons volé des rires), éd. Le Fennec 2001: Recueil de portraits et d'anecdotes écrits avec humour et spontanéité sur l'histoire des prisonniers dans les années 70. Et récemment «Poivre et Sel». Il travaille actuellement sur un projet pour la mise en scène de ses anecdotes sous forme de pièce théâtrale ou de documentaire et prépare un nouveau recueil de nouvelles. A l'image de leurs regrettés parents Touria Sekkat et El Assafi, des militants de la première heure, les enfants El Ouadie sont restés fidèles à la bonne cause. Une famille digne d'être citée en exemple. Lors de cette soirée, le musicien et chanteur éclairé Nabil Chami a impressionné les passionnés du Samaa et Al Madih (panégyrique et psalmodie) par son talent et ses soufflés mystiques visant la purification de l'âme. Il a pu se forger une expérience unique à travers une carrière artistique acharnée partagée entre les dictes illumines et les actions associatives, ce qui a contribué énormément à la promotion de son parcours créatif.