Dans une missive transmise récemment par le Conseil régional de tourisme, au nom des professionnels de la région Souss Massa Drâa, au ministre de tutelle, il est question, encore une fois, de l'expression de malaise de la destination, après le recul criard des marchés porteurs, tels que l'Allemagne et la Pologne. La référence de l'année 2007, marquée par une embellie manifeste, n'est plus qu'une belle réminiscence enfouie dans les méandres de la nostalgie. Le responsable du département ne tarda pas à faire suite à cette morosité expressive. L'aveu du ministre quant à ces régressions relevées, en dépit des éclaircies sporadiques en janvier 2013, ne fait pas de doute. Pour ce qui est du marché germanique dont les parts d'environs 75 millions de touristes par an font le tour du monde, le ministre promet de mettre le paquet lors de la prochaine bourse internationale des voyages à Berlin (ITB), en vue d'assurer la différenciation par rapport à une concurrence farouche pour un émetteur vivement convoité par les grands produits récepteurs de la planète. Quant à Varsovie, la démarche du ministre s'en tient à l'imminente ouverture de la représentation de l'ONMT en terre polonaise, afin de redynamiser ce marché porteur et positionner le Maroc et en particulier la capitale du Souss. Dans le même ordre d'idées, l'interlocuteur annonce la mise en place d'une base à Agadir de la Royal Air Maroc, à partir de laquelle seront desservis les foyers d'émission à haut potentiel. C'est tellement beau pour y croire, malgré le plan d'action ambitieux de la structure fédératrice d'Agadir. En effet, l'ambiance touristique dans la présumée première station balnéaire du royaume est plutôt préoccupante, depuis un bon bout de temps. On déplorera les mouvements protestataires qui accablent nombre d'unités hôtelières. Les ouvriers fort asphyxiés par le patronat et ses acolytes administratifs accentuent leurs manifestations en procédant à l'arrêt de travail et revendiquant leurs droits légitimes. On s'indignera encore plus devant l'état chaotique dans lequel se trouvent encore de grands hôtels qui, des années durant, gisent tels des pachydermes éventrés, en plein centre de la ville. D'autres tardent à voir le jour sans que la procédure de transaction légale ne soit entamée pour permettre à des repreneurs potentiels d'activer la mise en œuvre, comme ce fut le cas du complexe Royal Atlas dont la finalisation a été récupérée et redéfinie par la Royal Air Maroc pour en faire un réel joyau. Devant tous ces dysfonctionnements, outre l'état délabré dans lequel se débat plus de la moitié de la capacité litière censée être rénovée depuis longtemps, le secteur de l'hôtellerie n'est nullement en beau point. Le climat de tension qui y règne risque de frictionner encore davantage les rapports entre les intervenants dans la plupart des hôtels. Il est bien vrai que la crise qui secoue le domaine aussi bien interne qu'externe ne fait que s'aggraver. Cependant, il n'est pas question que les frais de ces retombées négatives de la conjoncture générale soient payés par les ouvriers en portant atteinte à leur gagne-pain et à leurs droits les plus rudimentaires. On ne peut donc prétendre contribuer à l'essor touristique si l'on persiste à se dérober face à ses responsabilités incontournables envers la classe travailleuse dans les divers compartiments de la structure hôtelière. Il va alors falloir combler ces attentes pour décrisper les relations et faire régner une atmosphère de paix et de communion. D'autre part, on remarquera, non sans satisfaction, la présence des professionnels du secteur, dont l'apport est judicieux, en dépit des contraintes matérielles et humaines, mais lassés par la déchéance. Un marché comme l'Allemagne, avec plus de 75 millions touristes par an, dont quelques modiques milliers vont au Maroc, est doté d'une seule délégation en Rhénanie, à Düsseldorf, alors que la Tunisie à titre d'exemple en possède pas moins de quatre, réparties dans les meilleures régions germaniques. Cela se passe de tout commentaire et mettra, peut-être, la puce à l'oreille du ministre dont l'optimisme demeure le meilleur atout...