une question d'Etat et de régime pour l'Algérie Le Sahara marocain constitue pour le Maroc «une affaire de peuple à la différence des frères en Algérie qui la considèrent comme une question d'Etat et de régime», a souligné le chef du gouvernement Abdelillah Benkirane. M. Benkirane a estimé, dans un entretien au journal qatari «Acharq», publié mercredi, au lendemain d'une rencontre avec une délégation de journalistes arabes ayant visité le Maroc récemment, que «les évènements survenus dans la région incitent tout le monde à reconsidérer plusieurs questions». Après avoir rappelé le cheminement historique de la question du Sahara marocain, le rôle joué par le colonel Kadhafi pour semer la discorde autour de cette question et la persistance de l'Algérie à continuer à soutenir les séparatistes dans l'objectif de nuire au Maroc, le chef du gouvernement a émis l'espoir de voir se résoudre cette question dans un proche avenir, notant «qu'il n'existe aucune divergence entre les peuples algérien et marocain et que si les frontières s'ouvraient et que la question du Sahara se réglait, tout le monde se rendrait compte que cette affaire est montée de toute pièce». Sur l'impact des derniers évènements au Mali sur le Maroc, M. Benkirane a reconnu qu'ils auront certainement des conséquences sur la question du Sahara marocain, ajoutant que l'on ne peut imaginer que de nouveaux Etats puissent faire en sorte que des personnes qui s'emparent des armes et des dérivés de pétrole, dont on ignore l'origine, veuillent imposer leur idéologie jihadiste, ce qui, a-t-il dit, appartient à une époque bel et bien révolue, avec l'avènement de l'ONU et des frontières entre pays. Dans le même ordre d'idées, il a ajouté que des Etats fragiles n'ont pas lieu d'exister, rappelant que le Maroc a fait d'énormes efforts en proposant une initiative d'autonomie dans les provinces du sud, dans un cadre qui donne entière satisfaction au peuple marocain. Sur les résultats de sa rencontre avec l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Christopher Ross, le chef du gouvernement a dit avoir discuté avec le responsable onusien en toute franchise et clarté, tout en l'invitant à déployer des efforts pour le règlement de cette question en tenant compte des réalités historique et politique. Evoquant la vie politique au Maroc, M. Benkirane a relevé qu'après les élections, les Marocains ont adhéré au processus de réforme au sein d'un gouvernement de coalition où règne un climat «très positif», rappelant que le Parti de l'Istiqlal, «après l'élection de son nouveau secrétaire général, a occupé sa position naturelle au sein de la majorité constituant un gouvernement cohérent, dans le cadre des grandes orientations du pays qui demeurent inchangées». «Ce qui fait la singularité du Maroc dans cette étape, a-t-il fait savoir, c'est la voie qu'on a choisie, dans le sillage du printemps arabe, est celle de ne pas sortir dans la rue, une action qui ne peut conduire à la stabilité du pays, mais plutôt de poursuivre les réformes engagées». Il a estimé que la logique de l'opportunisme, de la parenté avec les responsables et la corruption ne constituent plus des critères d'embauche au Maroc et que seuls la compétence et le mérite sont désormais pris en compte. «Telle est la nouvelle voie suivie au Maroc». M. Benkirane a, d'autre part, souligné qu'il n'y a pas de divergence sur l'autorité de l'Etat, car il s'agit, selon lui, d'un élément fondamental de stabilité auquel veillent le Parti de la justice et du développement et les autres partis, mettant l'accent sur la détermination du gouvernement à maintenir la coalition entre les partis constituant l'exécutif, suivant une approche basée sur le consensus et le sérieux.