Récession, pauvreté et gros lot de la loterie Il est certain que 2012 ne sera jamais oubliée en Espagne pour être l'année où le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a réduit l'accès des immigrés à la santé publique, éliminé la prime de fin d'année aux fonctionnaires et augmenté les droits d'inscription à l'université. C'est aussi l'année qui sera retenue pour le plus haut taux de chômage de plus de 25% de la population active, de plus de 35% de chômeurs étrangers, de réduction des subventions destinées aux ONG et à la coopération internationale. Le déluge de données et informations de signe négatif, qui tombent chaque jour, ne cessent d'assaillir la population. Elles se traduisent par la recrudescence du taux de pauvreté, du nombre de familles délogées pour incapacité d'honorer les hypothèques de leurs appartements, et, des foyers dont tous les membres sont en chômage. Samedi, 22 décembre, a été un jour exceptionnel en Espagne puisque les espagnols avaient durant toute la matinée les yeux rivés sur les petits écoliers qui chantaient à la télévision les numéros primés de la loterie nationale. A midi, les heureux gagnants du gros lot de cette loterie se sont vite convertis en protagonistes de l'actualité et de l'image aimable d'un pays en pleine crise. La loterie nationale a réparti plus de 2,5 milliards d'euros et la presse a réservé, dimanche, une bonne place à la Une à un retraité qui lui a souri la chance en le récompensant de quatre millions d'euros. Les principaux titres de la presse, s'intéressant aussi aux résultats des matchs de football disputés samedi soir, parlent d'un FC Barcelone pléthorique qui prend l'ascenseur et du Real Madrid qui perd le train de la Liga après sa défaite face au Málaga Club de Football (3-2). Lundi, la routine de tous les jours refera surface ; les instituts nationaux de l'emploi rouvrent leurs portes aux travailleurs qui viennent d'être virés ; les infirmiers et médecins prennent la rue pour protester contre la privatisation de la santé publique à Madrid et les étudiants-chercheurs manifestent contre la réduction des budgets des universités et de la rubrique Investigation et Développement. C'est surtout la situation des foyers qui préoccupent à cause de la forte proportion de demande d'emploi et de services sociaux. D'après les données de l'Enquête sur la Population Active du deuxième trimestre, 39% des ménages ont pour soutien économique une personne inactive, dont 26% sont des retraités ou touchant une pension. La crise est devenue insupportable pour 26% des ménages qui assurent passer par des difficultés de joindre les deux bouts du mois. La dette des ménages espagnols a également augmenté passant de 21 milliards d'euros en 2004 à 724 milliards d'euros en 2010, indique d'autre part la Banque d'Espagne dans son Enquête Financière des Familles. L'Espagne est devenue tristement, en cette fin de 2012, un cas à citer comme une victime de la récession économique et un grand malade de l'Union Européenne.