Où vont les élections au Maroc ? La réponse nous vient d'Inezgane. On ne s'en remettra jamais. Ce qui s'est passé dans cette petite et surpeuplée préfecture du royaume n'est nullement de bon augure. A l'occasion des élections partielles. Durant plus de deux semaines, on aura vu de toutes les couleurs ! La moralité et le scrupule n'ont pas de sens dans ce combat de becs aiguisés et de griffes étirées. Tous les moyens sont bons pour s'adjuger le poste de prestige. On multiplia les meetings par-ci et par-là, non pas pour mener un débat politique posé, imbu de raison et de logique. Mais pour exceller dans l'injure et l'affabulation. On puisa dans tout le lexique vil de l'infamie. Les chefs de file de la «politique» nationale étaient fous de rage de mettre le clou de l'insulte le plus profond possible. Et pourtant, ils se côtoient dans la majorité. On ne comprend plus ! Tout au long de la campagne électorale, de part et d'autre, on fait appel à l'élite de son camp, la crème du produit politique national, afin d'entendre les leaders tenir le discours de caniveau. Des actuels et anciens ministres, des récents et révolus députés, des hauts cadres exerçant et de futures relèves, tous ont vomis les immondices du populisme béat. Pendant deux semaines, les électeurs qui se comptent par milliers ont savouré les délices des plats pantagruéliques. Une aubaine pour remplir les panses et vider les pensées. La course effrénée pour s'octroyer, non pas le siège de députation, car ni l'un ni l'autre n'en ont besoin, en fin de compte, mais pour remporter le duel de coqs. Le premier eut le dernier mot, pour maintenir la suprématie. Jamais deux sans trois, disait l'autre. Le second pour inaugurer le récent triomphe à la tête de son parti, par une confirmation tant convoitée, mais soldée, hélas, par une cuisante débâcle. En effet, celui-ci a mis le paquet pour ce faire, sans, pour autant, parvenir à ses fins. La paisible localité d'Inezgane, connue pour être l'un des premiers pôles de commerce du pays, s'est transformée, en quelques jours, en premier pôle du «commerce électoraliste», à coups de milliards, pour un modique poste au parlement ! Jamais la bassesse politicienne n'ait atteint une si hideuse posture ! Il y a donc de s'alarmer, à la veille du prochain échéancier électoral. La dépravation sordide des élections ne fait, alors, que s'accentuer avec la venue de la nouvelle vague de détenteurs de commandes qui relève les figures de proue de la politique historique et qui prétend être, non sans démagogie, «fils du peuple». Ce que les citoyens nobles ont vu déferler devant leurs yeux, comme festins «hatimiens» et discours «calomnieux», martèle le clou de la désolation sur le cercueil électoral du corbillard funeste. Au moment où on s'ingénie à moraliser le champ politique et le libérer du carcan des dépravateurs, on se rend compte qu'on ne fait que verser de l'eau dans le sable. Après quelques prouesses acquises dans ce sens, la dépravation renait des cendres de ceux qui, aujourd'hui, l'attisent, à la moindre occasion. Inezgane en est une nouvelle illustration !