Eclairage Gonzalo Alvarez, tout juste atterri à Cancun pour y passer deux semaines de festivités liées à un événement majeur du calendrier maya, semble relativement décontracté pour quelqu'un sur le point de disparaître, emporté par l'Apocalypse. «Nous sommes venus pour nous amuser et nous préparer à une nouvelle ère», dit cet architecte de 39 ans tout en récupérant ses bagages sur un tapis roulant de l'aéroport. Alvarez est venu au Mexique en provenance de Floride pour assister en témoin privilégié au début de la nouvelle ère maya le 21 décembre, qui va faire l'objet de célébrations dans tout le sud du Mexique et en Amérique centrale. Le Mexique est l'un des cinq pays qui se préparent à marquer cette date représentant la fin d'une période de plus de 5.000 ans, selon le «compte long» du calendrier maya, débuté en 3114 avant Jésus Christ. Le commencement de la nouvelle ère maya va aussi représenter une grosse opération touristique et publicitaire dans la région. Des millions de visiteurs sont attendus pour une célébration qui va comprendre feux d'artifices, concerts, reconstitutions et autres spectacles prévus sur plus de trente sites archéologiques. Outre le Mexique, les pays qui vont fêter l'événement sont le Belize, le Guatemala, le Salvador et le Honduras, et au moins deux chefs d'Etat seront de la partie dans leurs pays, le président guatémaltèque Otto Perez et le président hondurien Porfirio Lobo. Mais, tandis que la plupart se préparent à la fête de la fin du calendrier maya, d'autres s'attendent au pire: la fin du monde. Certains spiritualistes «New Age» sont convaincu que le 21 décembre est le jour prévu comme étant celui du Jugement dernier annoncé par des hiéroglyphes, selon certaines interprétations. La prophétie à laquelle ils se réfèrent a été trouvé gravée dans un des fragments d'une imposante stèle de pierre taillée, le «Monument 6», aujourd'hui pieusement conservé sur le site archéologique de Mucuspana, à El Tortuguero, dans l'Etat du Tabasco (sud). C'est ce fragment qui a donné lieu aux spéculations sur une prétendue prophétie maya de la «fin du monde». En réalité ce monument narre l'histoire d'un seigneur maya dans laquelle la date du 23 décembre - et non pas le 21 décembre- fin d'un cycle long du calendrier maya est simplement mentionnée. Les experts du monde maya s'indignent devant les interprétations erronées qui ont été faites de ce texte. «Le thème central du Monument 6 n'est ni la date, ni une prophétie, ni la fin du monde. C'est l'histoire de Balam Ahau, qui fut un +seigneur sacré+ d'El Tortuguero», assure José Romero, un archéologue mexicain. La crainte d'une fin du monde a été alimentée en partie, bien au delà de la Mésoamérique, par des films catastrophe comme «2012» de l'Allemand Roland Emmerich et des livres comme «La prophétie maya» de l'auteur américain de science fiction Steve Alten. Romero critique Hollywood pour une interprétation plutôt fantaisiste des hiéroglyphes «sans véritable connaissance des faits» de l'histoire et de la culture maya. Mais la croyance a fait son chemin dans le monde. Dans la ville russe de Tomsk par exemple, une société a mis sur le marché un «kit de l'Apocalypse» qui comprend de la nourriture, des médicaments, ainsi qu'une bouteille de vodka, ou de téquila, au choix du client. Des leaders indigènes du Mexique ne ménagent pas leurs critiques sur la commercialisation de la fin de l'ère maya. Ils préfèrent mettre l'accent sur la culture maya et la véritable signification de la nouvelle ère. «Comme d'autre cultures indigènes dans le monde, nous voulons maintenir notre identité culturelle préserver nos manière de parler, de penser et de voir le cosmos», dit Mary Coba, une représentante d'un conseil tribal. Les indigènes ont préparé des rites pour la nouvelle ère, caractérisés par la simplicité et la profondeur. «Il n'y a pas de consignes particulières» pour ceux qui veulent y assister. «Nous demandons seulement aux gens d'arriver vêtus de blancs et de porter avec eux une bougie blanche».