Le marché marocain et la débâcle immobilière en Espagne Au moment où la campagne «appartement en Espagne en échange d'un DNI», qui a été largement diffusée et mal interprétée au Maroc, de nouvelles données en rapport avec le secteur de l'immobilier en Espagne invitent à appréhender les raisons qui justifient un tel débat. L'idée de permettre à des étrangers d'accéder à un permis de résidence par le bais de l'acquisition d'un appartement d'au moins 160.000 euros, n'est pas nouvelle. Les municipalités espagnoles, fortement affectées par la crise du bâtiment, explorent depuis plusieurs années le marché international en quête de potentiels acheteurs du stock d'appartements invendus. Le marché marocain n'a jamais fait partie de l'agenda des agents immobiliers espagnols, conscients des entraves qui se dressent devant un éventuel projet à cause des restrictions imposées par le ministère marocain des Finances concernant le transfert de devises. Ce sont surtout les fausses interprétations des médias marocains qui ont aidé, dès le départ, à semer la confusion en incitant à se faire de fausses illusions et «bâtir des châteaux en Espagne». Responsables politiques et promoteurs immobiliers parcourent, depuis plus d'un an, le monde pour la promotion de la campagne «Road Shows», le nom donné à la tournée mondiale pour la vente de plus de 700.000 appartements, révèle par exemple le journaliste-écrivain suédois Per Svensson dans sa chronique hebdomadaire dans le journal numérique espagnol periodistas-es.org. Certaines de ces «coûteuses expéditions» ont été dirigées par de hauts responsables du ministère des Affaires extérieures et d'autres par des représentants des gouvernements régionaux et municipalités. Elles comprenaient également des associations de promoteurs et agents immobiliers, «principaux coupables» de la bulle immobilière. Un spécial «Road Show» a été par la suite organisé par l'assemblée provinciale de Malaga et le Patronat du tourisme de la Costa Del Sol avec au programme des visites au Royaume-Uni, en Russie, en Suède, en Bulgarie et en Allemagne. L'objectif était de trouver une solution à 1.000 logements invendus sur les 40.000 que compte cette zone méditerranéenne, rendue célèbre dans les années 60 par le slogan «tourisme de soleil et de plage». Résultat : seul un logement a été vendu à l'issue de la tournée dans les cinq pays, note Svensson. Les autres «Road Shows» n'ont pas fait mieux sauf générer des «dépenses pour des voyages et séjours d'hommes politiques et promoteurs immobiliers dans les grands hôtels aux bons frais du contribuable», remarque le journaliste-écrivain suédois qui qualifie «ces spectacles d'échec grave». Pourtant, la crise dans le secteur du bâtiment est loin d'être résolue puisque le nombre de permis de construction de logements ou maisons unifamiliales concédés de janvier à septembre a baissé de 43,4% par rapport à la même période de 2011. Selon les calculs du groupe de transactions immobilières Fotocasa, la valeur des appartements a baissé, dans les opérations de revente, de 35% par rapport à celle d'avril 2007. Durant cette période, le prix du mètre carré moyen est passé de 2.952 euros à 1.926 euros. Il y a une dizaine de jours, le secrétaire d'Etat espagnol au Commerce avait lancé un ballon d'essai en annonçant que le gouvernement compte réformer la loi régissant les conditions de travail et de séjour des étrangers en Espagne pour l'adapter à la mesure destinée à réduire le stock d'apparentements aux étrangers pour relancer l'activité immobilière. «Il n'est pas prévu de prix inférieur à 160.000 euros, comme limite des apparentements à acquérir, pour éviter une demande massive de permis de résidence. Un prix inferieur pourrait servir d'excuse pour l'obtention de la résidence», a-t-il mis en garde. En aucun cas, les Marocains ne sont signalés, ni par les autorités ni par les promoteurs, comme acquéreurs-cibles dans une telle initiative.