Fuite en avant d'Israël Une nouvelle fois, les Israéliens donnent la preuve qu'ils restent l'enfant gâté de la communauté internationale, en prouvant par de nouveaux actes irresponsables qu'ils n'ont de comptes à rendre qu'à eux-mêmes. La nouvelle reconnaissance internationale, dont vient de jouir la Palestine de la part des 2/3 des membres de l'ONU, constitue en effet, aux yeux d'Israël, un «crime» dont les Palestiniens doivent être punis. Accueilli en héros par les siens à Ramallah, dès son retour de New York où il a réussi à donner à son pays un nouveau statut d'Etat observateur non-membre à l'ONU, Mahmoud Abbas a triomphalement annoncé que la Palestine est «désormais un Etat». Il a expliqué que faute d'avoir atteint ce but à travers des négociations de paix, dont c'était là l'objectif essentiel et ultime, il a justement eu recours à la communauté internationale pour imposer son existence face au constant déni israélien. Tous ses pairs arabes, avec à leur tête le Roi Mohammed VI, président du Comité Al Qods qui lui a adressé un vibrant message de félicitations, l'ont immédiatement soutenu dans cette démarche... qui en appelle d'autres dans l'avenir. Surtout celle de demander prochainement l'adhésion à la Cour pénale internationale, une initiative qui vise à se prémunir contre les crimes de guerre et crimes contre l'humanité dont Israël s'est toujours rendu coupable pendant quelque soixante-cinq ans, sans jamais être inquiété. Face à toutes ces démarches qui visent à asseoir l'existence de l'Etat palestinien qu'il refuse de reconnaître, Israël a choisi la voie de la surenchère. «Aujourd'hui, nous bâtissons et nous continuerons à bâtir à Jérusalem et dans tous les lieux qui sont inscrits sur la carte des intérêts stratégiques de l'Etat d'Israël», vient de lancer, plus extrémiste que jamais, le Premier ministre israélien de droite Benyamin Netanyahu, après avoir donné l'autorisation d'un nouveau projet de colonisation des terres palestiniennes (3000 nouveaux logements pour les colons en Cisjordanie). Ce projet est d'autant plus mal venu qu'il va couper la Cisjordanie en deux. Une façon comme une autre de dire qu'il n'est pas question pour Israël ni de laisser s'ériger un Etat palestinien viable, ni de reprendre de sitôt les négociations de paix que les Palestiniens ont justement conditionnées à l'arrêt de la colonisation. Pire, un embargo financier vient d'être décrété contre l'Autorité palestinienne. Une enveloppe de 92,7 millions d'euros, qui devait être versée en décembre dans les caisses de l'Etat palestinien à qui elle appartient de droit, à été bloquée par Youval Steinitz, ministre des Finances israélien. Mais preuve que les choses sont en train de changer avec l'octroi d'une nouvelle stature internationale à la Palestine, Paris, Londres et Stockholm ont convoqué, hier lundi, les ambassadeurs israéliens pour protester contre le projet de nouveaux logements dans des colonies en Cisjordanie et à Al Qods-Est. Londres et Paris envisagent même le rappel de leurs ambassadeurs en Israël, ce qui constituerait une première. Même les Etats-Unis ont jugé «contre-productif» ce projet de colonisation, alors que les Russes l'ont ouvertement qualifié d'«illégal» et les Allemands d'«inquiétant».