Surtout pas de précipitation Le meilleur aliment pour un nouveau né est bien entendu le lait maternel. Tout le monde est conscient de cette réalité, c'est pourquoi ce geste maternel naturel revêt une importance capitale pour toute les femmes du monde entier qui sont de plus en plus nombreuses à allaiter leurs bébés jusqu'à six et plus. Le lait maternel est idéal pour le bébé car il contient tout ce dont il a besoin pour son développement harmonieux. Lorsque le bébé grandit, son alimentation évolue. Habitué au lait maternel, il va découvrir fruits, légumes, œufs, viande, fromage... Quels aliments sont conseillés ? A quel âge ? Pour plus d'informations et d'éclaircissements sur ces questions qui taraudent l'esprit de bien des mamans, nous avons rencontré pour vous le docteur Moulay Said Afif, pédiatre. Avant d'aborder la question de la diversification de l'alimentation de bébé, il faut d'abord s'attarder sur l'allaitement maternel, sur ses avantages, ses bienfaits tant pour le bébé, la maman que pour le couple, et partant la communauté. Mais cette pratique est malheureusement en régression au Maroc, où seulement 20 à 25% des femmes allaitent leurs bébés au sein. Pourtant, l'allaitement maternel est synonyme de vertus, de bienfaits et d'avantages certains pour le bébé et pour la maman. Au niveau de certain pays comme la Norvège, la Suède et la Finlande on note que près de 80 à 90 % des femmes donnent le sein à leur bébé. Les bienfaits de l'allaitement maternel Allaiter est à la fois bon pour la maman et le bébé. Les apports du lait maternel fournissent au bébé ce dont il a besoin pour se développer et renforcer ses défenses. Depuis longtemps, on sait que les enfants nourris au sein sont plus résistants à certaines maladies bactériennes et virales (gastro-enterites, rhinopharyngites, otites...) que les autres bébés qui sont nourris avec le biberon. Le lait maternel contient en effet les éléments nutritifs essentiels tels que vitamines, protéines, glucides, sels minéraux, lipides, acides gras et fer qui contribuent au développement harmonieux du nourrisson. En outre, le lait maternel se digère facilement et permet de diminuer l'apparition d'allergies. Il permet la diminution des allergies, notamment dans les familles à haut risque, avec une diminution certaine des risques d'eczéma. L'allaitement pourrait également protéger des risques d'apparition de l'asthme. Le lait maternel a aussi des effets préventifs antiallergiques... C'est pourquoi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande l'allaitement exclusif au sein de bébé durant les six premiers mois de la vie. L'allaitement est aussi un moment d'échanges privilégié entre la mère et son enfant, car il renforce les liens affectifs. De nombreux psychologues insistent sur l'importance de l'allaitement sur le comportement psychoaffectif du nourrisson. Le lait maternel est stérile, sain, tiède, pur et toujours disponible. Il évite tous les préparatifs des biberons avec leur stérilisation. C'est le lait le plus économique. Chez la femme qui allaite, on constate un renforcement des contractions utérines favorable à une rapide involution de l'utérus. Les études épidémiologiques mettent en évidence d'autres avantages. Pour la mère, une durée d'allaitement de douze mois (dans la vie) réduit de 30 % le risque de cancer du sein durant la préménopause (représentant le quart des cancers du sein). Allaiter pendant au moins deux mois réduit de 25 % le risque de souffrir d'un cancer des ovaires. Pour l'enfant, l'allaitement pourrait également jouer un rôle dans la protection contre le diabète, l'obésité, les caries, les mal-occlusions et la sclérose en plaques. Un effet bénéfique est observé sur l'acuité visuelle des prématurés. Les causes en sont imprécises mais différentes théories tentent d'expliquer ces constatations mettant au premier plan des mécanismes immunologiques, le taux de cholestérol, le rapport zinc/cuivre, etc. Menu type en fonction de l'âge de bébé En matière d'alimentation et d'appétit chez les bébés, il n'ya pas de règle générale, chaque bébé a ses goûts et ses préférences, il en est de même pour l'appétit et les besoins qui sont différents. A 4 mois (ou 5 mois): Le matin : 1 biberon de 180 à 210 ml de lait 1er âge (ou 1 tétée). A midi : Proposez quelques cuillerées de légumes (cuits mixés, natures), suivies d'1 biberon de 180 à 210 ml de lait 1er âge (ou 1 tétée). Au cours de la diversification, faites goûter un seul légume nouveau par repas. Débutez par les haricots verts, épinards, carottes, potiron, courgettes. Au goûter : Proposez quelques cuillerées de compote de fruits (cuits et mixés, sans sucre), puis 1 biberon de 180 à 210 ml de lait 1er âge (ou 1 tétée). Donnez un seul fruit nouveau par repas pour les premières fois, et débutez de préférence par la pomme, poire, abricot, banane, pêche. Le soir : 1 biberon de 180/210 ml (+/- quelques cuillerées de céréales infantiles sans gluten) (ou 1 à 2 tétées). A 5 mois (ou 6 mois) : Le matin : 1 biberon de 180 à 210 ml de lait (1er âge pour les moins de 6 mois, 2e âge après 6 mois) ou 1 tétée.A midi : En fonction de l'appétit du bébé, augmentez les quantités de purée, d'abord jusqu'à 60 grammes, puis jusqu'à 120 grammes (soit 1 petit pot vers 6 mois). Vous pouvez donner tous les légumes (cuits mixés, natures), en évitant les légumes secs (lentilles, pois cassés, difficiles à digérer). Après la purée, donnez 1 biberon de 150 à 180 ml de lait 1er âge ou 1 tétéeAu goûter : Augmentez les quantités de compotes, d'abord jusqu'à 60 grammes, puis jusqu'à 120 grammes (soit 1 petit pot vers 6 mois) + 1 biberon de 150 à 180 ml de lait 1er âge ou 1 tétée. Vous pouvez donner tous les fruits (cuits mixés, natures). Le soir : 1 biberon de 180/240 ml (+/- 1 ou 2 cuillerées de céréales infantiles avec gluten), ou 1 (ou 2!) tétées Si le bébé boude les biberons, vous pouvez remplacer par des petits suisses ou yaourts. A 6 mois : Le matin : 1 biberon de 180 à 240 ml de lait 2e âge ou 1 tétée.A midi : Vous allez augmenter les quantités de purée de légumes de 120 à 200 grammes (format grand pot), dans laquelle vous rajouterez 5 à 10 grammes de viande ou poisson (toutes et tous) bien cuits et mixés (soit 2 cuillères à café), suivi d'un biberon de 120 à 150 ml de lait 2e âge, ou d'1 yaourt (ou de 2 petits suisses) (ou tétée). Vous pouvez proposer à la place de la viande ou poisson 1/4 d'œuf dur (jaune), une fois par semaine, et ajouter dans les purées un peu de beurre, huile d'olive, de colza, de crème fraiche... Et même commencer à faire goûter les fromages à tartiner. Vous pouvez ajouter des féculents dans les purées pour les lier. Au goûter : 1 compote (120 /150grammes) ou 1 fruit cru bien mûr bien écrasé + 1 biberon de 150 à 180 ml de lait 2e âge ou 1 yaourt (ou petits suisses) ou 1 tétée. Soir : 1 biberon de 180/240 ml de lait 2ème âge (+/- 1 ou 2 cuillerées de céréales infantiles), ou 1 (ou 2) tétées De 9 mois à 1 an : Le matin : 1 biberon de 180 à 240 ml de lait 2ème âge (ou 1 tétée) A midi : Environ 200 grammes de purée de légumes avec 20 grammes de viande ou poisson bien cuits et hachés (soit 4 cuillères à café) ou 1/3 d'œuf dur. Au dessert, donnez 1 yaourt (ou 2 petits suisses ou 1 fromage pasteurisé) +/- 1 fruit +/- du pain. Proposez les légumes écrasés à la fourchette et la viande et le poisson hachés en petits bouts à côté de la purée... Les bébés doivent apprendre à manger des morceaux. Proposez de l'eau dans un verre ou une tasse à bec. Au goûter : 1 compote (120 /150grammes) ou 1 fruit cru bien mûr + 1 biberon de 120 à 180 ml de lait 2e âge ou 1 yaourt (ou 2 petits suisses) +/ pain ou biscuit. Soir : 1 biberon de 150/180 ml de lait 2e âge + 1 purée ou 1 soupe de légumes (environ 60 à 100 grammes). L'avis du pédiatre Bébé a grandi, que doit-on lui donner à manger ? C'est la question que posent pratiquement toutes les mamans, surtout celles qui en sont à leur première expérience. Cette question taraude les esprits, particulièrement quand on entend les conseils de la voisine, ou quand on se met à lire des magazines qui traitent à la légère ce sujet sans consulter un spécialiste. Le docteur Moulay Said Afif, spécialiste pédiatre bien connu, est catégorique en ce qui concerne la diversification alimentaire de bébé : c'est oui à partir de 4 mois, mais sans précipitation. Pour ce spécialiste qui voit défiler dans son cabinet des dizaines de bébés chaque jour, la diversification de l'alimentation de bébé s'impose, mais doucement. Tout doit se faire par étapes. Donc pas de précipitation, car le bébé qui est nourri au sein ou au biberon doit rester au lait au moins jusqu'à quatre mois. Pourquoi ? Parce que le nombre d'allergies alimentaires chez les enfants est en constante augmentation, notamment à cause des diversifications alimentaires trop précoces. Pour certains ingrédients, l'introduction doit être plus tardive encore : pas avant six mois pour le gluten des céréales et six mois pour le jaune d'œufs. Le docteur Afif a insisté sur la notion de progressivité dans l'introduction des aliments. La maman doit procéder doucement, pas plus d'un nouvel aliment à la fois. Par quoi commencer ? Il est vrai que ça dépend des uns et des autres. Même les pédiatres peuvent être plus ou moins partagés sur la question. Mais pour le docteur Moulay Said Afif, il faut commencer par les légumes et puis ensuite les fruits, les yaourts, puis la viandes de veau à 5 mois à raison de 5 grammes par jour et, à 6 ou 7 mois, le poisson, et enfin le jaune d'œuf en particulier. Donc c'est quelque chose de progressif. Il faut en faire une diversification très progressive et aliment par aliment. Ne jamais introduire deux aliments nouveaux en même temps, pour savoir éventuellement, si jamais il y a une allergie quelconque ou une intolérance quelconque, lequel incriminer. Mais ne pas oublier que jusqu'à au moins 1 an, le lait reste l'aliment privilégié de bébé à raison de 1/2 litre par jour. Pour les enfants à risque d'allergie, la diversification débute plus tard en suivant les conseils de son médecin traitant.