L'élection du nouveau président de la Chambre des représentants a ravi la vedette, l'instant d'un vote lundi après-midi, aux concertations sur l'architecture du prochain gouvernement et sur les «ministrables». Karim Ghallab a été élu au perchoir, à la majorité absolue dès le premier tour. Le candidat istiqlalien de la nouvelle majorité (PJD-PI- MP-PPS) a obtenu 222 voix, contre 82 à son rival Mohamed Abbou, candidat du duo RNI-PAM, alors que les députés de l'USFP se sont retirés de la séance pour «protester de la non constitutionnalité de la candidature de Karim Ghallab», étant donné qu'il était ministre du gouvernement sortant, encore en place dans l'attente de la formation de la nouvelle équipe exécutive. Selon les experts des textes constitutionnels, le combat sur l'inconstitutionnalité de cette candidature est «un combat d'arrière garde» car le ministre ne pouvait démissionner qu'après son élection à la présidence de la Chambre. Mais «c'est de bonne guerre» estiment des analystes qui, toutefois, mettent cette sortie sur le compte d'une «comédie politicienne». Sitôt élu, Karim Ghallab, pour couper court à toute contestation futile, a présenté sa démission de son poste de ministre de l'Equipement et du Transport au chef du gouvernement sortant. Abbas El Fassi a «porté cette décision de démission à la connaissance de SM le Roi Mohammed VI. Le Souverain a accédé à cette requête pour permettre à M. Ghellab d'accomplir sa nouvelle mission à la tête de la chambre des représentants», rapporte la MAP lundi en début de soirée. C'est le secrétaire général du ministère de l'Equipement et du transport qui assurera l'intérim pour expédier les affaires courantes. S'agissant du vote pour la présidence de la Chambre des représentants, il faudra relever que la majorité gouvernementale a fait le plein de ses voix et obtenu au moins 5 voix supplémentaires (au cas où tous ses députés étaient présents au moment du vote) venant de députés ne figurant pas dans ses rangs. Karim Ghallab avait besoin de seulement 197 voix pour l'emporter haut la main dès le premier tour. Il faudra dire, au contraire, que ce qui reste du G8 n'a pas fait le plein des voix et n'a obtenu que 82 voix, qui représentent moins du total entre le RNI et le PAM (respectivement 52 et 47 députés, sans parler des 4 du PT et le siège du PG) … Ni des 16 votes annulés, qui peuvent provenir de l'UC et d'autres élus apparentés ou non. La nouvelle majorité part donc du non pied et semble disciplinée au niveau de ce premier vote. L'espoir, selon les observateurs, est que la Chambre des représentants garde cette image de mobilisation tout au long de l'action parlementaire. Par ailleurs, les partis politiques qui n'ont pas encore structuré leurs groupes parlementaires demeurent dans l'expectative, en attendant de voir «les députés ministrables», appelés à céder leurs places aux nouveaux « candidats heureux de la dernière minute ». S'agissant de la formation du gouvernement Benkirane, les leaders de la nouvelle majorité devaient se revoir hier, après un report de la réunion qui était prévue lundi, afin de mettre la dernière touche sur l'architecture de l'Exécutif, que le chef du gouvernement désigné devait remettre, incessamment, à SM le Roi, avant de décider des postes attribués à chaque parti de la coalition gouvernementale et des profils proposés. Il faudra donc s'attendre à ce que l'installation du nouveau gouvernement se fasse dans les tout prochains jours. Au plus tard, au début de la semaine prochaine, le temps que les partis valident les noms des ministrables.