Le club régional de la presse d'Agadir, en coordination avec l'association de recherche en migration et développement dans le Souss, a organisé, lundi dernier à la salle de l'Ecole de Management et d'Administration des Affaires (EMAA), une projection d'un documentaire intitulé «Les gueules noires racontent le charbon», en présence d'une pléiade de journalistes, chercheurs, d'acteurs associatifs et d'étudiants en master d'émigration et de communication. Cette activité qui s'insère dans le cadre de l'animation communicationnelle a été surtout marquée par la présence des réalisateurs de cette production artistique et des membres de l'association du Nord Pas-de-Calais de France. En dépit des moyens techniques utilisés, cette œuvre cinématographique n'a rien à envier aux travaux professionnels des cinéastes chevronnés. En effet, au plan forme, ce documentaire requiert tous les aspects d'une prise de vues à la fois raffinée et expressive. Au niveau du contenu, on est devant un déferlement intelligent des événements du phénomène de migrations dans le Souss, depuis les années cinquante vers les mines françaises, en particulier celle du nord de l'Hexagone. En effet, à cette date, c'était un certain Félix Mora qui se chargeait du transfert des «muscles» du bled, illettrés et pauvres. Plus de 70 000 mineurs ont été donc embauchés sous des mines affreuses, dans des conditions inhumaines. Le film d'une durée exacte de 26 minutes, relatait, outre ces conditions cruelles qu'enduraient ces travailleurs taciturnes, l'action syndicale au sein de la CGT, dirigée par certains ouvriers marocains ayant été révoltés par ces atrocités et, de ce fait, faisait régner dans les rangs des mineurs, une certaine prise de conscience de leurs droits légitimes. Ce traitement oppressant a généré beaucoup de victimes de maladie de cellulose et autres, ainsi que des situations d'exil et de mal de pays. Le documentaire narrait également, d'une manière subtile, les actions associatives auxquelles s'adonnaient les travailleurs qui ont pu installer un esprit de solidarité et de communion, favorisant ainsi, leurs traditions culturelles et cultuelles. Cette œuvre qui été très appréciée par l'ensemble des présents a été l'objet, par la suite, d'un profond débat autour de ce phénomène des mineurs. Les initiateurs de ce projet, en particulier Abderrahmane Amsidder, enseignant chercheur du master émigration et communication à la faculté des lettres et sciences humaines relevant de l'université Ibn Zohr d'Agadir, Khalid Alioud, président de l'association de recherche en émigration et développement du Souss et Abdallah Samat, président de l'association des mineurs du Nord de Pas de Calais en France, ont donné d'amples informations sur les conditions de la préparation et la réalisation de cette œuvre qui, étant donné sa qualité tant artistique que cognitive, est censée être largement diffusée.