L'affaire de l'appel au meurtre du rédacteur en chef du quotidien «Al Ahdat Al Maghribia», Mokhtar Laghzioui, ayant défrayé la chronique, continue de susciter des réactions, des vives condamnations et tout un élan de solidarité avec la personne visée. Et en parallèle, la justice est à pied d'œuvre en vue de tirer au clair cette affaire obscurantiste, véhiculant des thèses d'obscurantisme. Ainsi, le parquet général d'Oujda a immédiatement enclenché une enquête dans ce cadre. Le prêcheur Abdallah Nhari, auteur de la fameuse «fatwa», appelant au meurtre du journaliste du quotidien «Al Ahdat Al Maghribia», a été entendu par la police judiciaire compétente. Et selon des sources concordantes, une procédure de fermeture des frontières à l'égard de l'accusé a été ordonnée par la justice, en attendant l'approfondissement de l'enquête. De même, précisent les mêmes sources, le prêcheur en question aurait été interdit de donner des déclarations à la presse dans ce sens. Dans le même cadre, mardi, on apprend que la brigade préfectorale de la police judiciaire chargée de démêler cet écheveau a convoqué la victime pour se présenter devant elle dans les plus brefs délais. Joint au téléphone, Mokhtar Laghzioui a confirmé cette information, précisant qu'une fois ses propos enregistrés dans un procès verbal suivant les procédures en vigueur, l'affaire serait renvoyée devant le parquet compétent pour prendre la décision qui s'impose. Et de souligner cet élan de solidarité suscité envers lui et à travers lui envers le support pour lequel il travaille et les idées qu'il défend. «Cet élan de solidarité explique que la société marocaine a saisi la gravité et le danger d'une telle déclaration (fatwa) et montre sa disposition à combattre l'obscurantisme et les thèses qu'il véhicule sous leurs formes», affirme Mokhtar Laghzioui, soulignant que cette forte mobilisation de la société civile et des ONGs de défense des droits humains le conforte en attendant à ce que justice lui soit rendue. Lundi, la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), a exprimé sa solidarité inconditionnelle avec le journaliste Mokhtar Laghzioui et ses confrères du quotidien Al Ahdate Al Maghribiya, et s'est dite «consternée et choquée» par les propos du prêcheur Abdallah Nhari, dans lesquels il a lancé un appel au meurtre du journaliste en réaction à des déclarations de ce dernier à une chaîne libanaise sur les libertés individuelles. Dans un communiqué rendu public lundi, la FMEJ exprime sa satisfaction quant à l'ouverture par le parquet d'Oujda d'une enquête sur les propos de Abdallah Nhari, se disant disposée à adhérer à toute initiative civile visant à faire face avec «fermeté à ce dangereux dérapage». Auparavant, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a également exprimé sa solidarité avec M.Laghzioui, tout en condamnant vigoureusement l'agissement du prêcheur, Abdallah Nhari. Dans le même registre, des réactions et des condamnations de toute part se multiplient, dénonçant cette sortie hasardeuse et obscurantiste du prêcheur Nhari. Cela montre clairement que la société marocaine qui prône la tolérance, l'ouverture et la cohabitation des civilisations rejette catégoriquement tout nihilisme et obscurantisme, sous toutes leurs formes.