Pour une ville qui compte 70.000 habitants, multiplier ce nombre par deux, ou voire plus n'est pas une tâche difficile pendant le festival de la musique Gnaoua, Musiques du monde qui a entamé jeudi sa quinzième édition à Mogador, Essaouira. Les visiteurs du festival sont à compter par milliers, comme à l'accoutumée. Les voyages par autocars, ainsi que la grande partie des hôtels de la ville affichent «complet». Dans l'attente d'une ligne aérienne, la ville du poisson et du genévrier accueille ses visiteurs venus des quatre coins du monde avec toute l'hospitalité connue de ses habitants. Le coup d'envoi du festival a respecté la tradition Gnaoui. Il s'agit du rituel «Al âada» : une bénédiction et une prière pour les grands maitres Gnaouis malades ou défunts qui ont transmis les secrets de cet art mystique. Les Mâalems viennent de toutes les régions du Maroc pour célébrer cet instant avec leurs familles. Les Mâalems ouvrent le bal avec la lecture de «Al Fatiha» avant de commencer la marche. La parade démarre de Bab Doukkala jusqu'à la place Moulay l'Hassan où l'ouverture du festival a eu lieu. Andrey Azoulay, le conseiller de SM le roi et le fondateur du festival, a fait une tournée pour saluer les gardiens de cet art. Le coup d'envoi du festival a été donné par le ministre du tourisme, Lahcen Haddad, qui a déclaré dans une allocution à cette occasion que cet évènement est la manifestation de la multiplicité et la diversité de la culture marocaine et son influence sur plusieurs autres cultures. Il a aussi ajouté que cette manifestation culturelle et artistique est une occasion d'échange entre les cultures, dans l'optique de vivre et coexister tous ensemble. Quelques minutes après cette intervention brève de bienvenue, la scène fut libérée au profit des Maâlem Ganouis et leurs confrères, virtuoses du Djembé venus de plusieurs pays de l'Afrique, pour offrir au public une performance incroyablement envoutante. Le Mâalem Abdellah Akhraz vient d'une des plus grande familles qui se sont dédiées à cette musique, il n'est en fait que le fils du grand Mâalem Mahmoud Akhraz, qui, a envouté les amateurs de cet art dans nombreuses éditions du festival. Le public, quant à lui, ne pouvait que répondre aux rythmes des Qraqebs, Hejhouj et Djembé avec des danses jusqu'à la fin du spectacle. Après le Mâalem Abdessalam Alikane, Maâlem Gnaoui et co-directeur artistique du festival, s'est produit à son tour, pour enchanter un public venu d'un peu partout du Maroc et d'ailleurs, gourmant de cet art ancestral. Côté organisation, elle fut impeccable. Aucun problème n'a été signalé pendant cette première journée du festival. Il faut dire que les forces de l'ordre ont été à la hauteur pendant ce festival pour maintenir l'ordre. Le festival se poursuivra, comme on l'a déjà annoncé, jusqu'à dimanche, 24 juin. Au programme ce samedi, le fameux Mâalem Hamid Al Kasri qui jouera en compagnie de Soweto Kinch quartet, groupe de jazz/rap anglais, et de son invitée spéciale Eska, chanteuse jazz anglaise d'origine du Zimbabwe, se produira à 20h à la place Moulay Al Hassan. Sur la place Meditel, c'est un registre musical légèrement diffèrent : il sera au tour des Hoba Hoba Spirit de faire savourer du bon rock made in morocco aux festivaliers. Azoulay: Le festival gnaoua, un des signaux d'ouverture et de modernité du Maroc André Azoulay, Conseiller de SM le Roi et président fondateur de l'Association Essaouira-Mogador, s'est dit convaincu que le festival Gnaoua musiques du monde, qui fête ses quinze ans cette année, est un des signaux d'ouverture et de modernité du Maroc qu'il importe de célébrer avec force aujourd'hui à l'heure où le monde est tenté par le repli identitaire et culturel. Il est important que notre pays envoie au reste du monde tous ces signaux et tous ces messages de modernité. Et en le faisons en juin 2012, cela a encore plus de sens que les années précédentes, a indiqué.