Le conseil de Bank Al Maghrib (BAM) a décidé, lors de sa réunion trimestrielle tenue mardi, de maintenir inchangé le taux directeur à 3%, dans un contexte caractérisé par une orientation globalement neutre de la balance des risques et une prévision centrale de l'inflation durablement en ligne avec l'objectif de la stabilité des prix. Par ailleurs, le conseil a noté que l'évolution de l'inflation est restée modérée, en ligne avec l'appréciation faite lors de sa réunion de mars dernier. Après 0,4% en février et 0,3% en mars, l'inflation en glissement annuel s'est établie à 1,2% en avril 2012 principalement tirée par la hausse des prix des produits alimentaires volatils. Maintien du taux d'intérêt directeur à 3% Parallèlement, l'inflation sous-jacente, qui reflète la tendance fondamentale des prix, n'a pas connu de variations notables d'un mois à l'autre, se stabilisant autour de 0,8% en mars et avril, après 1,4% en février, selon la Banque Centrale qui postule que ce ralentissement découle, en grande partie, de la baisse en mars de 9,5% en variation mensuelle et de 22,3%, en glissement annuel, des tarifs de la rubrique services de téléphonie et télécopie. Par ailleurs, le ralentissement des prix internationaux des produits énergétiques et la baisse de ceux hors énergie continuent au niveau interne de se transmettre aux prix à la production industrielle, dont la hausse en glissement annuel s'est établie à 6,5% en avril, après 7,2% en mars et 8,7% en février. Compte tenu de la décision d'augmentation des prix des produits énergétiques prise récemment par le Gouvernement, la prévision centrale de l'inflation ressort en ligne avec l'objectif de stabilité des prix, indique la Banque Centrale. Ainsi, au terme de l'horizon de prévision, soit le troisième trimestre 2013, l'inflation devrait s'établir à environ 2%. Quant à l'inflation sous-jacente, elle devrait rester modérée, ne dépassant pas 2%. La prévision moyenne de l'inflation en 2012 a été révisée à la baisse de 1,7% à 1,4 %, en liaison notamment avec l'effet ponctuel du nouveau recul des prix des services de communication. Sur le registre des prévisions de croissance pour 2012, la banque centrale avance que la croissance devrait se situer à moins de 3% pour le PIB global et entre 3 et 4% pour sa composante non agricole en liaison avec la matérialisation des risques liés au ralentissement de l'activité des principaux partenaires et la baisse de la production céréalière. L'analyse des évolutions monétaires à fin avril 2012 fait apparaître une hausse de 5,2% de M3 en glissement annuel, après 5,5% au premier trimestre. Le taux de progression du crédit bancaire est, pour sa part, revenu de 9% à 6,9% entre le premier trimestre 2012 et le mois d'avril, celui des crédits au secteur privé ayant décéléré de 7% à 5,1%. Dans ce contexte, l'écart monétaire s'est maintenu à un niveau négatif, dénotant l'absence de pressions d'origine monétaire sur les prix. Pour cette année, le rythme de progression du crédit bancaire devrait se situer entre 7% et 8%, soit un niveau proche de son rythme de long terme. Au niveau des comptes extérieurs, les données provisoires indiquent que le déficit commercial s'est de nouveau aggravé à fin mai, tandis que le rythme d'accroissement des transferts des MRE a ralenti revenant en glissement annuel de 8,2% à 2%, et celui des recettes de voyages a baissé de 0,2% après une hausse de 13% à fin mai 2011. Pour leur part, les investissements directs étrangers nets se sont inscrits en repli de 11,8%. Compte tenu des autres éléments du compte de capital et d'opérations financières, les réserves de change ont enregistré une baisse proche de 15,5% par rapport à leur niveau de mai 2011, pour s'établir à plus de 4 mois d'importations de biens et services. L'environnement international reste marqué par d'importantes incertitudes, notamment dans la zone euro. Les résultats des comptes nationaux du premier trimestre 2012 indiquent en effet une croissance nulle dans cette région, tandis qu'une légère amélioration est observée aux Etats-Unis. Cependant, après un premier trimestre caractérisé par une certaine accalmie, les indicateurs financiers d'avril et de mai montrent l'émergence de nouvelles difficultés, sous l'effet essentiellement des risques inhérents aux situations budgétaire et politique dans la zone euro. Au total, l'atténuation de l'inflation au niveau international et l'affaiblissement de l'activité chez les pays partenaires du Maroc laissent indiquer que les tensions inflationnistes d'origine externe devraient rester modérées au cours des prochains trimestres. Les crédits accordés aux PME ont enregistré leur taux d'augmentation le plus fort à 14% (14 MMDH) Bank Al-Maghrib (BAM) mettra à la disposition du système bancaire les liquidités dont il a besoin pour un financement "sain" de l'activité économique, a affirmé mardi à Rabat Abdellatif Jouahri, gouverneur de la banque centrale. "Le niveau de liquidités au Maroc n'est pas inquiétant, ces liquidités étant destinées exclusivement au financement sain de l'activité économique", a déclaré M. Jouahri lors d'un point de presse à l'issue de la réunion du Conseil d'administration de BAM. "Sur le plan de la mise en oeuvre de la politique monétaire durant les cinq premiers mois de l'année en cours, nous avons augmenté les interventions de la banque centrale pour le secteur bancaire à travers, notamment les avances à 7 jours", le montant global des interventions totalisant environ 60 milliards de dirhams (MMDH), a-t-il souligné. Dans le même contexte, le gouverneur de Bank-Al Maghrib a démenti que les liquidités de BAM soient utilisées à des fins spéculatives par les banques commerciales à l'aide des liquidités de la banque centrale. La banque centrale assure le suivi quotidien de ses interventions, avec à l'appui "une bonne connaissance de leurs destinations et des banques qui sont structurellement emprunteuses". "Je ne vois pas comment les banques peuvent emprunter sur le marché monétaire au jour le jour pour aller souscrire des bons de trésor à 15 ans", a-t-il dit. M. Jouahri a relevé qu'à la suite de la récente réduction du taux d'intérêt directeur, une légère détente sur les taux d'intérêt a été constatée à fin mars, date de la dernière enquête des taux menée par BAM. A cet égard, "les crédits accordés aux Petites et moyennes entreprises (PME) ont enregistré leur taux d'augmentation le plus fort à 14 % (14 MMDH), qui concerne aussi bien les renouvellements que les nouveaux crédits", au cours de ce trimestre suite aux mesures entreprises par Bank Al-Maghrib, a-t-il renchéri. Pour ce qui est des crédits, M. Jouahri a souligné que "les directives de la banque centrale ont commencé à donner leurs effets, mais il nous appartient de mieux les analyser à travers un rapport détaillé qui sera réalisé à fin juin. Ce rapport va présenter des recommandations à même de permettre d'assurer aux décisions de BAM d'avoir le plein impact". Au volet des finances publiques, M. Jouahri a indiqué qu'une panoplie de mesures ont été prises au niveau des recettes, précisant que les chiffres à fin mai "démontrent des réalisations intéressantes sur les différentes rubriques fiscales où des augmentations, se situant entre 8 et 9%, font en sorte que les prévisions de loi de finances soient améliorées". Ainsi, a-t-il poursuivi, un effort de recouvrement important a été déployé par le ministère de l'Economie et des finances, qui table sur trois MMDH de recettes supplémentaires au titre de recouvrements. Sur le plan des dépenses, les autorités budgétaires tablent sur une économie de 5 MMDH sur la rubrique "matériel", et un gain au niveau de la Caisse de compensation sur fond du repli des prix des produits énergétiques à l'échelle internationale. A cet effet, M. Jouahri a noté que le déficit budgétaire au titre de l'année 2012 serait autour de 5,5%.