Cette année, le mois sacré du Ramadan aura lieu du 20 Juillet au 17 Août 2012, autant dire une période qui sera relativement marquée par la chaleur et donc la soif. Si pour les individus en bonne santé la pratique du jeûne pendant cette période ne pose pas de problème, il en va autrement pour les malades diabétiques. Quand la décision de jeûner est prise, le patient diabétique doit demander l'avis de son médecin au moins 1 à 2 mois avant le début de Ramadan, c'est-à-dire maintenant. Consciente plus que toute autre personne des risques et dangers que peut faire courir pour sa santé le malade diabétique qui décide malgré tout de jeuner pendant le mois de Ramadan, l'Amicale des Endocrinologues Diabétologues du Grand Casablanca (ADEC) a organisé le Mardi 12 Juin 2012 à Casablanca une conférence de presse à laquelle ont été invités les différents medias (presse écrite –audio-visuelle ..) pour débattre du diabète au Maroc et comment gérer le jeûne pendant Ramadan. Beaucoup de diabétiques continuent de jeuner malgré les recommandations du corps médical qui, pourtant, insiste sur les risques que font courir pour leur santé certains diabétiques qui sont censés être exemptes de jeûne. .Faire évaluer son état de santé par son médecin traitant permet au malade diabétique de type 2 d'avoir un conseil individualisé, adapté à sa situation afin de réduire au maximum les risques associés au jeûne Tout au long du mois du jeûne de ramadan, il faut surveiller attentivement l'état de son diabète et consulter son médecin à la moindre difficulté. Une consultation après Ramadan pour évaluer les effets du jeûne sur sa santé est vivement recommandée afin de discuter avec son médecin traitant des réajustements nécessaires concernant votre traitement. Malheureusement un grand nombre de malades diabétiques n'en font qu'à leur tête, ils n'écoutent pas les recommandations de leur médecin traitant. Ne pas jeûner pour certains malades diabétiques équivaut à une sorte de reniement de sa foi, de sa religion et par conséquent se sentir exclus par ses proches, ses amis, l'entourage, sans parler des ragots et autres commérages. L'islam ne dit pas ça, l'islam c'est la religion de la tolérance, du pardon, de la facilitation Le coran est clair au sujet des personnes malades et de celles qui ne peuvent pas jeûner. Les orateurs qui se sont succédé pour présenter leurs interventions et ceux qui ont répondu aux nombreuses questions posées par les journalistes présents à ce point de presse, ont tous été unanimes pour dire que c'est pour toutes ces raisons, mais aussi à cause des conséquences néfastes qui peuvent en découler et où le pronostic vital peut être engagé pour certains diabétiques qu'aujourd'hui ils essaient, en tant que spécialistes de la maladie diabétique, d'accompagner leurs patients au lieu de leur interdire tout bonnement de jeûner. Ce que vous devez savoir au sujet de l'hypoglycémie. Une étude menée entre Mars et Mai 2011 chez 950 patients (âgés entre 18 et 75 ans, dont 56 % d'hommes et 44 % de femmes) et qui a été réalisée grâce à la participation de 425 médecins dont 53 % d'endocrinologues, 12 % médecins généralistes, 16 % médecins - internistes, 3 % cardiologues et 16 % de médecins spécialisés dans le diabète, cette étude a montré que : Près des 3/4 des malades ne sont pas conscients que certains médicaments pour le diabète peuvent causer une hypoglycémie. Certains patients confondent les symptômes d'hypoglycémie et ceux de l'hyperglycémie Environ 1/3 des patients ne parlent pas de leur hypoglycémie à leur médecin 44% des médecins pensent que leurs patients n'évoquent pas avec eux leurs épisodes d'hypoglycémie. Il est évident que le jeûne du mois de Ramadan au cours duquel nos habitudes alimentaires sont modifiées peut avoir des conséquences sur notre organisme à des degrés variables, mais ces modifications peuvent entraîner des complications chez les personnes diabétiques de type 2, telles que l'hypoglycémie (faible taux de sucre dans le sang), l'hyperglycémie (fort taux de sucre dans le sang), l'acidocétose diabétique, la thrombose et la déshydratation. De plus, les patients sous médicaments qui décident de décaler la prise du traitement sont susceptibles d'être confrontés à des cas d'hypoglycémie causant des vertiges, des pertes de conscience ou la transpiration et doivent être pris en charge d'urgence. «Le ramadan modifie les habitudes alimentaires du patient, augmente le grignotage, la non-consommation d'eau ou encore la consommation de sucreries, fatales pour un diabétique», explique le professeur El Ghomari endocrinologue au niveau du CHU Ibn Rochd et membre de l'Amicale des Endocrinologues Diabétologues du Grand Casablanca (ADEC). Ce risque peut être évité en prenant rendez-vous avec son médecin 1 à 2 mois avant le ramadan. Un suivi est important avant, pendant et après le mois sacré pour diminuer les risques de complications, telles que les arythmies cardiaques ou les risques d'amputation. C'est pour cela qu'il est recommandé de consulter et, surtout, de ne pas hésiter à interrompre le carême en cas d'aggravation de la santé ou à la demande du médecin. Reconnaître les signes de l'hypoglycémie Les longs intervalles entre les repas pendant le mois de Ramadan ont des impacts certains sur le niveau de la glycémie. Si on ajoute à cela la consommation de certains médicaments du diabète, on contribue grandement au risque d'hypoglycémie durant la journée et d'hyperglycémie à la suite du Iftar. Il est important de savoir reconnaître les signes et les symptômes de l'hypoglycémie. Si l'hypoglycémie n'est pas rapidement prise en charge, ses conséquences peuvent être graves. Les malades diabétiques de type 2, doivent reconnaître les signes et cas, les symptômes de l'hypoglycémie qui peuvent être soit légers mais qui dans certains sont sévères et qui peuvent entrainer : Des confusions, des vertiges, de la somnolence, des battements de cœur rapides, de la nervosité, des céphalées, une sensation de faim, de la transpiration et une faiblesse La plupart des diabétiques savent gérer leur hypoglycémie, mais une hypoglycémie sévère nécessite une assistance médicale immédiate. Questions à poser a son médecin avant le Ramadan Nous avons vu qu'il est très important, recommandé et, partant, sensé pour un malade diabétique de type 2 de consulter son médecin traitant avant le mois de Ramadan. Cette attitude sage est dictée par le souci de préserver l'état de santé du malade et de lui éviter des complications qui peuvent parfois être très lourdes de conséquences et comme dit l'adage : «mieux vaut prévenir que guérir». Demander conseil à son médecin rentre dans le cadre des relations privilégiées qu'entretient le patient avec son médecin, c'est la rencontre entre deux êtres, entre la science et la confiance. Le diabétique pourra demander par exemple : Quel sont les risques du jeûne liés à mon état de santé et mes antécédents spécifiques ? Comment devrais-je contrôler mes niveaux de glycémie pendant le Ramadan ? Quels changements devrais-je apporter à mon régime alimentaire pendant le Ramadan pour garantir le contrôle de mon diabète ? Y-a-t-il des situations dans lesquelles je devrais arrêter mon jeûne ? A quelle fréquence devrais- je vérifier ma glycémie ? Qui dois-je contacter en cas de situation urgente ? Puis-je maintenir mon activité physique pendant le mois de Ramadan ? Qu'est-ce que c'est l'hypoglycémie ? On parle d'hypoglycémie quand la glycémie (taux de sucre dans le sang) est trop faible par rapport aux besoins de l'organisme, c'est à dire en général quand la glycémie est en dessous de 4.4 mmol / l (0.8 g /l). Les causes de l'hypoglycémie peuvent être multiples : Une absence de repas Un excès d'insuline Un exercice physique non compensé par des hydrates de carbone supplémentaires La prise de certains médicaments Que faire en cas d'hypoglycémies Dès que ces signes se font sentir, il faut alors se «resucrer» rapidement, avec par exemple 4 morceaux de sucre (15g) (= 1 verre de coca = 1 verre de jus de fruit = 1 berlingot de lait concentré sucré) Les signes disparaîtront environ 5 minutes après le «resucrage». Il est conseillé de se contrôler environ 20 minutes après le «resucrage», et éventuellement de reprendre un morceau de sucre si la glycémie n'est pas suffisamment remontée. Il vaut mieux éviter de trop «resucrer», car cela ferait passer l'organisme d'une hypoglycémie à une hyperglycémie. Si l'hypoglycémie est très forte, et entraîne l'inconscience, il faut consulter le plus vite possible le médecin ou l'hôpital le plus proche Le danger des hypoglycémies Les hypoglycémies sont surtout dangereuses quand elles surviennent dans des situations où la précision des gestes et du raisonnement sont nécessaires (conduite de véhicule, position en équilibre, ...). En effet, l'hypoglycémie entraîne souvent des troubles des facultés intellectuelles tels que perte de mémoire, lenteur des gestes et des capacités de réaction. L'hypoglycémie sévère non corrigée peut même entraîner une perte de connaissances, un coma, ou la mort. Ce sont là quelques éléments qui pourront, j'en suis très persuadé, être utile et rendre service aux malades diabétiques et plus particulièrement les diabétiques de type 2 qui sont nombreux et qui, arrivé le mois de Ramadan, ne savent plus quoi faire, jeûner ou ne pas jeûner. Dans ce cas précis nous les encourageons à consulter leurs médecins traitants qui sont les mieux à même de les conseiller, les orienter et les accompagner pour que le jeûne du mois sacré de Ramadan se passe dans de très bonnes conditions . D'ici là portez-vous bien