L'envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara, Christopher Ross, a compromis de manière irrémédiable la neutralité consubstantielle à sa mission onusienne de médiateur, un constat qui vient s'ajouter à une méthodologie de travail qui a montré ses limites et inscrit le processus de négociations informelles dans l'enlisement. M. Ross se doit dans ces circonstances de tirer les enseignements d'une gestion non aboutie de plusieurs années déjà du dossier du Sahara, aggravée par un parti-pris caractérisé et une cécité déconcertante vis-à-vis de la vérité historique et de la réalité sur le terrain. La crédibilité des négociations a pâti de la personnalisation du processus de négociations par M. Ross, par le biais d'une vision qui s'inscrit à rebours des avancées enregistrées jusque-là, illustrées par les résolutions pertinentes du Conseil du sécurité et les conclusions de son prédécesseur, Peter Van Walsum, pour qui “l'indépendance du Sahara n'est pas une option réaliste”. De par ses conclusions, Van Walsum était guidé par le souci de “mettre l'accent sur le respect de la réalité politique parallèlement à la légalité internationale”, en faisant bien savoir qu'il “réfute l'idée selon laquelle la prise en compte de la réalité politique constitue une concession ou encore une capitulation”. “La principale raison, disait-il, pour laquelle je trouve intolérable le statu quo est qu'il est trop aisément accepté, non pas seulement par des spectateurs non engagés des pays lointains, mais aussi par les partisans inconditionnels du Front polisario, qui n'ont pas vécu eux-mêmes dans les camps, mais qui sont convaincus que ceux qui y vivent préfèreraient y rester indéfiniment au lieu d'opter pour une solution négociée en deçà de l'indépendance totale”. Sur ce point précis, on est en droit de s'interroger pourquoi M. Ross, un diplomate de carrière passé par Alger, passe sous silence la nécessité impérieuse de procéder à un recensement des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, en dépit des appels du pied de la communauté internationale et des experts en la matière. Pourquoi n'y met-il pas la même diligence, certains diront acharnement, lorsqu'il influe sur la teneur du dernier rapport du secrétaire général sur le Sahara, clairement hostile et attentatoire aux intérêts du Maroc tout en dédouanant les autres parties. En annonçant ce jeudi le retrait de sa confiance à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Christopher Ross, le Maroc souhaite un redressement du processus de négociation tout en réitérant son attachement aux résolutions du Conseil de sécurité, en vue de parvenir à une solution politique, durable et consensuelle. De par sa gestion et sa méthode, M. Ross fait désormais partie du problème. Une situation dont il est seul responsable, alors même que sa mission exige une neutralité à toute épreuve en tant que médiateur d'un processus de négociation qui se tient sous l'égide des Nations Unies.