SM le Roi Mohammed VI n'a pas manqué, dimanche au terme du second tour de l'élection présidentielle en France qui a porté le socialiste François Hollande à la Magistrature suprême, de mettre en évidence l'attachement constant du Maroc à revigorer son partenariat stratégique avec l'hexagone et à resserrer leurs liens de coopération exceptionnelle, sans cesse renouvelée. Plus qu'une affaire de circonstance, ce souci sans équivoque de consolidation de la coopération avec la France, premier partenaire commercial du Royaume, s'affirme et se confirme au fil des ans. C'est de fait une volonté partagée qui ne s'est jamais démentie, portée de part et d'autre par les directions politiques au plus haut rang. Les faits sont là, têtus, pour conforter cette dynamique vertueuse qui a résisté de tout temps aux aléas et basculements sur les scènes régionales et internationales, depuis l'indépendance jusqu'à nos jours. C'est dans cet esprit que le Souverain a assuré le nouveau hôte de l'Elysée, dans un message de félicitations, de sa “ferme détermination à œuvrer de concert avec Vous pour enrichir cette relation qui puise sa force dans la vigueur sans cesse renouvelée des liens séculaires d'amitié et de considération réciproque entre les peuples marocain et français”. Mettant en valeur l'histoire commune et les acquis jusque-là accumulés dans la coopération bilatérale, le message royal fait l'éloge du partenariat stratégique entre Rabat et Paris. L'accent y est mis sur la concordance des prises de position sur les questions régionales et internationales, y compris le développement de l'Afrique, la paix et la sécurité dans le continent, notamment dans la région sahélo-saharienne, sur la consolidation de la coopération entre les deux rives de la Méditerranée pour l'édification d'un espace euro-méditerranéen où prévalent la démocratie, la stabilité, la concorde et le co-développement. Dans cet élan de partenariat solidaire, les deux pays, souligne SM le Roi, demeurent “fermement attachés aux nobles valeurs universelles de dialogue, de tolérance et de respect de l'Autre”, résolus à poursuivre leur action commune en faveur de la paix et de la sécurité dans le monde, de la promotion d'une coopération Nord-Sud plus solidaire et plus harmonieuse et d'une mondialisation à visage humain, au service du développement durable, du progrès et de la prospérité partagés. François Hollande a été porté à la présidence de la France à la faveur d'un programme électoral axé en substance sur le redressement de l'économie et de la finance, la relance de la croissance en France et en Europe, la lutte contre les inégalités, les discriminations et la stigmatisation des étrangers. Sa campagne électorale avait certes pour maitres mots les questions internes et européennes, mais sans perdre de vue l'importante communauté de France à l'étranger, y compris au Maroc. C'est là d'ailleurs l'objectif qui a présidé au déplacement effectué à Rabat en mars dernier par Martine Aubry, premier secrétaire générale du Parti Socialiste. Au cours de cette visite, la patronne du PS a défendu le programme du parti lors de rencontres avec ses compatriotes établis dans le Royaume. Elle a aussi été reçue par SM le Roi Mohammed VI et a tenu des rencontres avec le chef du gouvernement et d'autres responsables et acteurs politiques et de la société civile. Ses discussions au Maroc ont porté sur des sujets se rapportant non seulement aux relations bilatérales mais aussi au Maghreb et à la situation internationale. Mme Aubry a saisi l'occasion pour affirmer que le PS “continuera à soutenir fermement l'initiative d'autonomie au Sahara s'il est porté au pouvoir”. S'adressant à ceux qui l'ont soutenu et au peuple français, M. Hollande a promis de tenir ses engagements en particulier pour la justice, la jeunesse et l'égalité. “Aujourd'hui même, je demande à être jugé sur deux engagements majeurs : la justice et la jeunesse. Chacun de mes choix, chacune de mes décisions se fondera sur ces seuls critères”, a-t-il déclaré devant la foule dans son fief de Tulle, en Corrèze. “Au terme de mon mandat, je regarderai à mon tour ce que j'ai fait pour mon pays, je me poserai une seule question : est-ce que j'ai fait avancer la cause de l'égalité et est-ce que j'ai permis aux nouvelles générations de prendre toute leur place”, a-t-il conclu. Quand la Bastille parfuma … du socialisme Ce fut une journée mémorable. La Bastille n'en avait connu de pareille ambiance depuis un peu plus de trente ans. Exactement, lorsque les Français avaient voté pour un changement historique. A l'époque, ce fut François Mitterrand qui fut élu président de France. Ce dimanche, un autre François, François Hollande, anime de nouveau les espoirs des Français qui l'ont élu à 52 %. L'espace symbolisant la révolution française, la Bastille, embaumait un air particulier. La Bastille parfuma … du socialisme. Un autre espoir porté par les citoyens français contre les politiques d'austérité. Il faut dire que François Hollande avait longtemps attendu ce moment. Lui qui avait occupé le poste de conseiller de son «père spirituel», devait voir défiler d'abord les Jospin, Ségolène Royal, DSK… pour croire en ses chances et redorer enfin le blason des socialistes français, écartés de l'Elysée depuis trois mandats déjà. D'aucuns ont voulu punir le candidat de droite, le président sortant Nicholas Sarkozy, pour ses penchants présidentiels à l'américaine, d'autres ont vu dans les axes majeurs du programme socialiste une échappatoire d'une crise qui n'a pris que d'ampleur depuis l'arrivée de cette vision d'austérité « permanente ». Le statut d'homme d'Etat vide depuis le départ de Jacques Chirac était également pour quelque chose dans cette chute prévisible. Le mandat de François Hollande reste aussi une aventure, dans la mesure où il hérite d'un pays économiquement en crise déclarée. La politique extérieure n'est pas à plaire à ses électeurs qui s'attendent à des changements consistants, portant retour à une pondération certaine. L' «amitié» de Sarko aux dictateurs tunisien et égyptien, ainsi que son alignement contre les attentes populaires dans ces deux pays n'ont pas laissé indifférents les Français, qui ont réalisé, il faut le dire, un Printemps français à leur manière. Anas Azizi