Les marchés boursiers et les cambistes restent sceptiques malgré l'accord des dirigeants européens sur la nécessité d'un durcissement de la politique budgétaire. Les premières annonces du sommet européen de Bruxelles peinaient vendredi matin à rassurer les Bourses européennes qui ont ouvert en baisse et restaient sous tension. "Les dirigeants européens semblent avoir pris conscience de la gravité de la situation" mais le compromis qui se dessine pour résoudre la crise est "peut-être trop complexe pour les marchés financiers" qui espèrent surtout des mesures spectaculaires pour renflouer les pays en détresse, a commenté à Francfort Carsten Brzeski, analyste d'ING. A Bruxelles, "l'avancée en matière de rigueur budgétaire est très positive mais à court terme peu de remèdes susceptibles de faire redescendre les taux d'emprunt (de l'Italie notamment, ndlr) sur le marché obligataire ont été apportés", estime un analyste de la place parisienne. Le sommet a débouché sur un accord pour renforcer la discipline budgétaire dans la zone euro qui ne sera adopté que par les 17 membres de l'Union monétaire et six autres pays volontaires. Le Royaume Uni est resté en dehors de cet accord. La rencontre, tant attendue par les investisseurs, a pour le reste accouché de résultats d'ampleur limitée sur le renforcement du pare-feu financier de la zone euro contre la crise de la dette. Plusieurs solutions ont buté sur l'inflexibilité de l'Allemagne, qui a rejeté l'hypothèse d'euro-obligations et refusé une proposition visant à augmenter les moyens du Mécanisme européen de stabilité (MES), le futur fonds de sauvetage permanent de la zone euro, ou de lui permettre à terme de s'alimenter au guichet de la Banque centrale européenne (BCE). Dans la foulée, des mesures encourageantes ont été prises: outre l'abaissement du taux directeur de 0,25% afin de favoriser la croissance, la BCE va faciliter les conditions de prêt au secteur bancaire européen. Les investisseurs ont tout d'abord applaudi la baisse des taux de 25 points de base annoncée par la BCE, la paire EUR-USD passant rapidement de $1.3378 à $1.3440. Cependant, le président de la BCE Mario Draghi est resté ferme sur son programme de rachat de dettes des pays européens. En effet, le président de la banque centrale européenne a confirmé que la BCE ne ferait pas de rachat massif d'obligations des dettes souveraines, puisque cela n'est pas autorisé par le traité européen. Cette prise de position était comme une sorte de douche froide pour les opérateurs qui attendaient plus de cette réunion mensuelle de la BCE, entrainant un rallye baissier sur l'euro de $1.3440 à $1.3280. Compte tenu de l'ampleur de la crise, la tâche n'est certainement pas facile, pour mettre fin à ce mauvais film. Côté sud de la Méditerranée, on suit de très près l'évolution de ce dossier dont les retombées risquent d'impacter encore plus une situation économique et sociale fortement marquée par le « Printemps arabe ». Au Maroc, par exemple, les comptes extérieurs évoluent dans le déséquilibre et la demande extérieure adressée au pays risque de se réduire, au cas où la crise perdurait. Même si cela paraît peu probable, on peut imaginer que le Maroc -qui sort vainqueur des dernières élections, après l'adoption de la nouvelle constitution- récolte les bénéfices d'une politique d'ouverture et de démocratisation. Reste à construire un pacte national qui devra se traduire dans des choix budgétaires efficients et des modes de régulation plus démocratiques. Le Maroc fait face à ce défi : trouver une place de choix sur la scène politique mondiale.