Nouvel album des Saghru Band. C'est le cinquième d'une courte, mais riche carrière d'un groupe musical amazigh, connu pour avoir contribué grandement à Amun Style, nouvelle vision de la musique amazighe. Il s'agit de la première sortie artistique, après le décès il y a pratiquement dix mois de cela, de leur leader et fondateur Mbarek Oularbi, dit Nba. “Imettinen : Atig n Tudert”, qui est le titre de cet opus, entend rendre hommage aux morts et à la vie humaine. Par là, les Saghru Band, avec cette fois khalid Oularbi, comme leader, veulent surtout dire un adieu artistique à celui qui fut élu meilleur chanteur amazigh moderne de l'année 2010 par l'Institut de la culture amazighe «IRCAM». On ressent certes, l'absence de la douce voix du chanteur, de sa touche au niveau e l'arrangement musical, mais l'on découvre aussi une nouvelle expression qui s'impose d'elle-même. Un Khalid qui est déterminé à préserver les traces du passé, mais à s'élancer aussi dans une nouvelle aventure musicale. « Nous ne pouvions relancer le groupe après sa mort (Nba –NDLR-) sans lui rendre un grand hommage, vu les traces dont il a impacté le style de notre groupe, c'était en quelque sorte notre parrain, notre guide spirituel et notre maître artistique…», dit Khalid Oularbi, nouveau chef de groupe et frère du défunt. Ce nouvel album comprend quatorze morceaux dont “IYiman N Iyyma”, “N'ba” (nouvelle collaboration choral avec Iman n Sgahru), “Imettinen : Atig n Tudert ! “, “Tulid Tafuyt !”… Pour continuer sur cette même piste d'universalité, les jeunes musiciens ont mis à la disposition les paroles des chansons en langues anglaise, allemande et française ... répondant ainsi une demande accrue de la part de leurs fans à l'étranger, lors de leurs dernières tournées en Europe. A l'instar de Muh'a, Tilelli, Awes-i Tala et No Borderline, «Imettinen» garde le même cap thématique. Si le quotidien aussi bien politique, économique, social que culturel constitue la matière qui prête à réflexion pour les Saghru Band, le style connaît sans cesse des changements et du renouveau. “Notre nouveau album est certes différent dans la mesure où l'on a fait appel à des rythmes et à un concept qui s'apparentent aux Blues, Jazz, tout en gardant nos rythmes proprement Amazigh. Et c'est là la philosophie de la musique alternative et des groupes faisant part de l'Amun style», explique Khalid. L'on ressent ainsi la présence de ces fusions avec des sonorités différentes, notamment l'harmonie créée de la fusion des rythmes afro méditerranéennes, car il existe à la fois des synthétiseurs mais aussi une allusion aux rythmes de désert, Isemkhan, Ahidus, Ahwach. Pour Khalid Oularbi, ainsi que ses collaborateurs, notamment Driss et Muha Malal, ce genre de métissage n'est pas étranger, car ils l'ont déjà expérimenté dans Awes-i Tala et No Borderline 2008, 2009. Un grand pari gagné par les Saghru Band que celui d'universaliser les rythmes amazighs.