En ces temps d'évolution capacitière toutes catégories confondues, il nous est contraint d'évoquer cette problématique du tourisme intérieur. Après une année de travail pénible et languissant, les familles marocaines à petites et moyennes bourses s'ingénient à se permettre quelques jours loin de leur domicile de résidence. Les régions du pays, en particulier les cités côtières où on cherche fraîcheur et ressourcement, sont tellement tentantes que les visiteurs nationaux n'y renoncent jamais. D'ordinaire, l'idée de voyage ne vient qu'à la dernière minute car, comme tout monde le sait, rares sont les familles qui planifient leur sorties bien à l'avance. Et puis c'est la grande aventure qui n'en finit pas. Le calvaire du transport pour les non motorisés et les coups d'arnaque dans la plupart des hôtels. Les vacances qui devraient donner à leurs auteurs repos et sérénité tournent au vinaigre, avec les vilaines surprises qui accompagnent le parcours. Cette situation dramatique dont souffre une bonne partie de nos citoyens interpelle le département de tutelle qui continue à tourner le dos au tourisme national, pourtant considéré comme la cheville ouvrière du secteur. Des pays touristiques telles la France, l'Espagne ou encore la Turquie en font leur cheval de bataille, avec une valoriastion certaine des sites d'attraction et de merveilles patrimoniales. Chez nous, de tout temps, on n'a pas daigné mettre en place des structures adéquates pour encourager et développer ce tourisme, au côté des réalisations de haut standing destinées à une catégorie touristique étrangère. Les différentes tentatives d'y remédier telle l'opération “Kounouz biladi”, se paie la tête des concitoyens par ses bluffs attentatoires à la dignité nationale, en dépit des louanges des spots publicitaires qui se contredisent dans les faits. Le comble c'est que la formule «tout compris» adoptée dans la majeure partie des hôtels luxueux se vendent pas plus de 200 dhs la nuitée en pension complète, alors que pour le même produit dans le même hôtel, les «nationaux» louent la chambre à plus de 1000 DH en BB. De quoi s'arracher les cheveux de cette discrimination ahurissante. Pis encore, la plupart de ces hôtels pêchent par un mortel manque de clients puisqu'ils ne font que 20 à 30 % du taux de remplissage. Mais, ne se hasardent jamais à ouvrir leurs locaux aux nationaux à des prix préférentiels, au lieu de chômer presque toute l'année. En fait, l'absence d'une stratégie du département du tourisme en faveur de cette catégorie nationale qui voyage de plus en plus assène un coup dur au secteur. D'autant plus que se contenter du tourisme étranger est souvent une erreur monumentale puisque le tourisme à cette échelle est toujours sujet aux méandres de la conjoncture internationale et, partant, demeure constamment aléatoire et précaire. Un plan de développement du tourisme national est une priorité impérative qu'il faudrait prendre en compte et concrétiser dans les plus brefs délais, à commencer, bien sûr, par revoir ce système préjudiciable qu'est le « All Inclusive ». Des assises nationales consacrées uniquement à l'épanouissement du tourisme interne permettrait, sans doute, un débat fructueux axé sur le civisme et la solidarité qui devraient constituer, à jamais, notre force de pointe. En fait, pour une métropole agissante comme Agadir, il est loisible de conforter l'éventail des lits au niveau des infrastructures hôtelières destinées au tourisme interne qui, à lui seul, pourrait grossir davantage les flux touristiques escomptés, à l'instar des grandes destinations internationales. Des villes monstres comme Paris, avec ses sites de haute notoriété patrimoniale, s'attire chaque année un volume de plus de 60 millions de visiteurs dont la plupart viennent des autres régions tricolores. A Agadir, il va falloir, à coup sûr, diversifier de cachet touristique en direction des petites et moyennes bourses, à travers la plantation des hôtels de famille à tarification abordables, tout en se focalisant sur des paramètres accompagnateurs à savoir l'animation et les loisirs dans une ville pratiquement baignant dans la morosité.