A l'image de ce qui se passe sur les marchés financiers internationaux qui connaissent de nouvelles turbulences au niveau du marché monétaire, des tensions sur la liquidité ont surgi au sein du compartiment interbancaire domestique. D'après les analystes d'Attijariwafa bank, ce contexte international moins favorable a des retombées négatives sur l'économie nationale. Il s'agit surtout des nouveaux risques qui pèsent sur la solidité de la demande adressée au Maroc et sur la décélération de nos réserves de change. Ci-après l'analyse du département de recherche de la banque. Les dernières données relatives à la position de la liquidité bancaire font état d'un déficit de 26,5 milliards de dirhams au troisième trimestre, soit un creusement de 5 milliards DH par rapport au deuxième trimestre 2011. Ce resserrement des liquidités bancaires commence à inquiéter surtout après l'exclusion des comptes sur carnets de l'assiette de calcul de la réserve qui a été à l'origine d'une injection structurelle de presque 5 milliards DH, un montant qui n'a visiblement pas suffi à détendre les pressions sur la liquidité. Alors même que le ratio de la réserve obligatoire se trouve actuellement à un niveau de 6%, après cinq baisses successives depuis l'avènement des tensions en 2008. En vue de combler les besoins croissants en liquidité bancaire, l'institut d'émission joue pleinement son rôle de prêteur en dernier ressort. Le taux de satisfaction des banques lors des avances à 7 jours de Bank Al Maghrib a atteint 92% durant ce troisième trimestre, ce qui a permis de réguler les flux de liquidités s'échangeant sur le compartiment interbancaire et détendre les tensions sur les taux interbancaires. La moyenne hebdomadaire de ces avances s'élève à 29,5 milliards DH au 3ème trimestre 2011 contre une moyenne hebdomadaire de 18,5 milliards au 2ème 2011 dénotant de réelles pressions sur le marché monétaire. Ces interventions n'ont toutefois pas atténué le besoin du système, poussant le régulateur à s'intéresser de plus près au creusement des liquidités bancaires. Dans ce sens, et compte tenu du caractère structurel du besoin de liquidité sur le marché monétaire et au regard des prévisions des facteurs de liquidité, la banque centrale procédera à la mise en place d'opérations de pension livrée à plus long terme (maturité 3 mois) dans le cadre de ses opérations de régulation du marché monétaire. Implication active de la banque centrale Cette nouvelle mesure qui vient s'ajouter au large panel d'instruments de politique monétaire existants permettra-t-elle un meilleur accès des banques au financement en monnaie centrale ? La mise en œuvre de cette mesure parviendra-t-elle à apaiser les tensions sur la liquidité bancaire ? Les analystes d'Attijari Intermediation répondent par l'affirmative. En effet, la mise en place d'un nouvel instrument par la banque centrale dénote de l'implication active de cette dernière dans la régulation, l'injection ou l'absorption des liquidités nécessaires au marché afin d'assurer son bon fonctionnement. Nous pensons que cette initiative louable va permettre : • de satisfaire les besoins des banques sur des maturités plus longues avec la mise en place d'avances trimestrielles, réduisant de ce fait le risque de liquidité du système bancaire, un risque issu du rôle de transformation inhérent à l'activité bancaire, qui peut dans des périodes de tension sur les marchés, déstabiliser tout un système financier ; • réduire l'interventionnisme de la banque centrale au niveau des avances hebdomadaires, atténuant de ce fait les tensions de liquidité observées sur le marché interbancaire, le reliquat étant relégué aux avances trimestrielles. En effet, les acteurs de marché privilégieront un prêt d'une plus longue durée, en l'occurrence 3 mois au même taux d'emprunt que les avances à 7 jours. Toutefois, un risque subsiste quant à la volonté des banques de bloquer leurs collatéraux mis en pension pour une durée plus longue ; • atténuer les tensions observées chaque Jeudi au moment des remboursements des avances hebdomadaires, présentant un avantage indéniable pour les banques ; • Enfin, ces opérations permettront d'assouplir le processus d'approvisionnement en cash des banques marocaines, leur permettant ainsi d'être plus actives dans le financement des agents économiques et d'assurer une meilleure gestion ALM. Toutefois, ce processus ne doit pas inciter les banques à développer outre mesure leur activité de crédit afin d'éviter les rappels à l'ordre de la banque centrale. Liquidités bancaires : un déficit structurel L'augmentation de la circulation de la monnaie fiduciaire a atteint 6,6 milliards DH suite aux vacances scolaires et au mois de Ramadan. De même, les opérations du Trésor ont impacté négativement les trésoreries bancaires de 2,5 milliards en raison des souscriptions bancaires aux adjudications des bons du Trésor (11,2 milliards DH) et de l'encaissement des recettes fiscales relatif au 2ème acompte de l'IS de l'année 2011 (10 milliards DH), partiellement compensés par les remboursements des échéances de la dette intérieure au profit du système bancaire (10,9 milliards DH) et le paiement des dépenses de compensation (6,6 milliards DH).