L'abattage clandestin est à l'ordre du jour. Toutes les lumières sont braquées sur cette pratique illicite et très dangereuse pour la santé des individus, du cheptel et de l'économie. L'abattage clandestin fait l'actualité, toute la presse en parle, la TV a montré des images ahurissantes, incroyables des quartiers de viande provenant de carcasses de bêtes destinées à la vente, des abats entreposés à même le sol dans des conditions d'insalubrité choquantes, des images qui ne laissent personne insensible, poignantes et saisissantes et semblent même sortir directement d'un sordide film d'horreur à la Hitchcock. Trois tonnes de viandes rouges provenant d'abattage clandestin saisies, des individus directement impliqués arrêtés, des boucheries perquisitionnées, une maison servant d'abattoir prise d'assaut. On se croirait dans un film d'action. Non c'est une descente effectuée dans les règles de l'art par la brigade criminelle de la wilaya de la sûreté du Grand Casablanca et la police judiciaire de l'arrondissement de Casa - Anfa. Les Motifs de cette action musclée qui a nécessité l'intervention de plusieurs représentants de l'ordre public , sont bien entendu l'abattage clandestin, les conditions dangereuses et honteuses de vente des viandes et abats qui découlent de ce commerce, le manque d'hygiène, l'évolution alarmante de cette pratique qui représente un réel danger pour la santé des consommateurs, le laisser – aller de la part de certains agents véreux qui ferment les yeux , et l'ampleur constatée puisque ces derniers temps l'abattage clandestin est réalisé au vu et au su de tout le monde L'exemple le plus flagrant de ce laxisme reste Zankat Al Maâden à Derb Ghallef qui n'est que la partie visible de l'iceberg , là –même ou a eu lieu cette opération . Pourtant la rue Al Maaden à Derb Ghallef est réputée pour ce trafic de la honte , elle est connue de tous les bouchers , des restaurateurs , des Snack , des gargotiers, des particuliers et autres pour l'abattage clandestin qui est une activité quotidienne réalisée par des individus sans foi ni loi qui n'hésitent pas un seul instant à vendre des viandes impropres à la consommation provenant de vaches malades, enragées, de bêtes volées aux origines douteuses, ces individus sont motivés par les gains faciles réalisés grâce à ce commerce sordide. Soulever aujourd'hui le problème de l'abattage clandestin au détour d'une opération de police qui est une excellente initiative, ne peut occulter le vrai danger que représente la prolifération des viandes qui sont aujourd'hui commercialisées de manière informelle. Ces tonnes et tonnes de viandes proviennent de l'abattage clandestin, incontrôlé et donc potentiellement très dangereuses pour la santé des consommateurs car aucune mesure d'hygiène n'est observée, la chaîne de froid est inexistante, quand aux contrôles vétérinaires, vaut mieux ne pas en parler. C'est notamment le cas des viandes exposées à la vente dans certains Souks, elles proviennent essentiellement de Sbit de Tit Mellil, Khmiss Mediouna, Bouskoura, Dar Bouazza et Mohammédia. Il est évident que le problème de l'abattage clandestin est une culture bien encrée chez nous car le méchoui tout le monde aime, il y a ceux qui le mangent et ceux qui l'empochent et qu'à ce titre, ce n'est pas demain qu'il sera mis fin à cette pratique, tout au plus il convient aujourd'hui d'en limiter les effets au niveau des grandes villes en attendant des jours meilleurs. Absence de contrôle Quand on parle de viandes impropres à la consommation, celles même qui proviennent de l'abattage clandestin, qui ne respecte pas le circuit formel, qui n'obéissent pas aux contrôles en usages destinés à assurer la sécurité des consommateurs, nous faisons aussi référence à toutes les autres denrées alimentaires qui sont proposées librement à la vente que ce soit au Souk de Derb Ghallef, à Derb Omar, au niveau de bien d'épiceries et supers marchés qui proposent tous des produits de contre bande . Là aussi, il y a un réel danger pour la santé des consommateurs. On ne comprend pas ce que signifie tout ce laxisme, ce silence accusateur qui dure et perdure depuis des années, au moment où ces produits alimentaires sont exposés à même le sol au célèbre Souk de Derb Ghallef. Là où le bât blesse, c'est qu'il n'y a pratiquement pas ou presque de contrôle des services de la répression de la fraude et de la qualité. Face à ce vide, à ce silence mortel, il est légitime de se poser la question de savoir à qui incombe cette responsabilité, cette mission de salubrité publique ? Il est évident que les départements ministériels directement concernés sont les plus à blâmer. C'est le cas des ministères de l'Agriculture, de la Santé, de l'Intérieur, ce sont eux qui ont le pouvoir de décision, de nomination des compétences, des compétences qui ont les profils nécessaires pour mener à bien les objectifs assignés. En second lieu, il y a le rôle important que doivent assumer les représentants de la nation au niveau du contrôle des actions menées par les différents ministères. En troisième lieu, il y a la responsabilité des services concernés par les missions de contrôles de salubrité, de sécurité alimentaire qui eux aussi endossent une grande part de ce laisser-aller. Et puis, il y a les citoyens qui sont complices car ils achètent des produits aux origines douteuses, des produits dangereux, susceptibles de provoquer des maladies dangereuses. Mais fait-on tout ce qu'il faut pour informer ces mêmes citoyens sur les dangers potentiels que représentent tous ces produits de contre bande, toutes ces viandes qui proviennent de l'abattage clandestin ? Nous le disons et nous le répétons, le consommateur n'est pas bien informé sur ce sujet. Il n'est pas informé sur ce qu'il mange comme viande surtout quand l'origine est douteuse. Une viande qui peut-être cachectique, fiévreuse, cadavérique ou pisseuse ? Est-il conscient des risques qu'il encourt pour sa santé et celle des membres de sa famille ? Lorsqu'on sait qu'une prise en charge médicale en soins intensifs peut coûter des milliers de DH par jour pour une intoxication alimentaire. Un danger pour la santé Au regard de tous ces éléments, il est évident qu'en ce qui concerne l'abattage clandestin, celui-ci représente un grand danger pour la santé de nos concitoyens qui sont attirés par les prix bas affichés. Mais ces prix aussi modestes soient-ils, ne doivent pas nous faire oublier pour autant tous les risques de transmissions de maladies graves d'origine animale que nous risquons de contracter comme le charbon, la brucellose. A-t-on une idée exacte de la provenance des viandes qui sont proposées aux consommateurs, ces viandes qui sont vendues en dehors de circuit officiel ? Des viandes qui sont exposées parfois par terre ou dans des conditions d'insalubrité choquantes. Sait-on que tout prés de nous et plus exactement au niveau de la décharge de Médiouna des moutons pâturent au milieu des ordures et que la viande de ces mêmes moutons est par la suite proposée à la vente par des bouchers peu scrupuleux. Autres maladies qui peuvent affecter l'homme, c'est le kyste hydatique, qui est très contagieux surtout quand on mange du foie, ou du poumon, ou de la cervelle contaminées, des organes très appréciés et qui peuvent être infectés et en l'absence de contrôle, c'est la contamination assurée. La tuberculose figure elle aussi au registre des maladies dont le coût sanitaire est énorme. Selon une enquête effectuée par le Laboratoire national d'épidémiologie et des zoonoses (LNEZ) en 2004, au Maroc, la tuberculose a constitué le premier motif de saisie des viandes et des abats aux abattoirs, avec une moyenne de 20 à 25% de l'ensemble des saisies opérées. C'est dire toute la gravité de la situation qui découle de l'abattage clandestin. La situation est très sérieuse, il convient d'en finir avec le laxisme, de faire preuve de plus de fermeté, d'être sans pitié avec tous ceux qui mettent en danger la santé de nos concitoyens. Il faut donner l'exemple en procédant à la fermeture définitive de plusieurs boucheries à Derb Ghallef. Les Snack doivent tous justifier la provenance des viandes, des steaks, des saucisses, du foie, et viande hachée qu'ils proposent chaque jour aux consommateurs. La même attitude, la même approche et le même procédé doivent prévaloir au niveau des restaurants qui s'approvisionnent en grandes quantités de viandes, mais connaît-on sa provenance ? Les Mahlabat, ces commerces sensés vendre du lait et autres produits laitiers qui se sont transformés en restaurants , proposent des plats de viandes hachées, des saucisses, une pratique non autorisée qui peut s'avérer dangereuse surtout si ces mêmes viandes proviennent de l'abattage clandestin… La liste est longue, il s'agit donc de passer à l'action et de faire un peu le ménage car ça commence à sentir mauvais. A bon entendeur salut.