Les affrontements armés ayant opposé, à la frontière entre le Mali et l'Algérie, des trafiquants et des bandes proches du Polisario renseignent sur les visées que nourrit ce dernier pour mettre la main sur la filière de la drogue dans cette région qu'il veut “enfoncer dans le chaos et persister ainsi dans la politique du pire”, mettent en garde des experts américains. “Des gouvernements responsables comme le Maroc et des analystes indépendants avaient, depuis plusieurs années, attiré l'attention de la communauté internationale sur cette dérive du Polisario, qui veut ainsi diversifier ses différentes activités de contrebande en se lançant dans le trafic juteux de la drogue”, souligne Jonah Alexander, Directeur du Centre international des études sur le terrorisme, relevant du Potomac Institute à Washington. Dans un entretien à la MAP, il appelé “à ne pas sous-estimer le mélange détonnant que constituent la collusion d'éléments du Polisario avec le groupe terroriste d'Al-Qaeda dans le Maghreb Islamique (AQMI) et leur implication dans le trafic de drogue”, appelant à mettre fin à cette situation dangereuse pour “ne pas avoir à en regretter les conséquences”. Cette situation, a insisté l'expert US, constitue en effet une menace sérieuse pour la région du Maghreb et par conséquent à la sécurité nationale des Etats-Unis du fait de l'interconnexion entre le trafic de drogue et le terrorisme, expliquant que les routes du trafic de la cocaïne sud-américaine passe par des territoires sahéliens contrôlés ou marqués par la présence de la franchise d'Al-Qaeda. Dans ce contexte régional exacerbé par la crise libyenne, Peter Pham, Directeur du Centre Michael Ansari pour l'Afrique du think tank américain Atlantic Council, a pointé du doigt “l'émergence d'un partenariat entre les narcotrafiquants et la franchise d'Al-Qaeda en Afrique du nord, ainsi que leurs sous-traitants du Polisario”. Pis encore, a-t-il dit, la chute du régime Kadhafi a laissé des dizaines de mercenaires du Polisario, qui avaient prêté main forte pour mater la rébellion libyenne, “dans une situation de sous-emploi, sans vision pour l'avenir, d'où le danger qu'ils constituent pour le Sahel, le Maghreb et l'Occident en général”. “Il n'y a pas de doute, a-t-il poursuivi, que les membres du Polisario qui ont combattu aux côtés des forces loyales au régime déchu de Kadhafi sont de retour et veulent semer les graines de la déstabilisation pour pouvoir ensuite capitaliser sur le désordre”. Cet auteur de plusieurs essais géostratégiques sur l'Afrique met, par ailleurs, l'accent sur la nécessité de la mise en place d'une politique de lutte globale contre le terrorisme au Sahel, notant qu'il s'agit là “d'un fléau qui touche tous les pays de la région et par conséquent l'apport de chacun d'eux demeure incontournable”. Il a estimé, à ce propos, que “toute stratégie de lutte antiterroriste dans la région ne saurait être viable sans l'apport effectif du Maroc”.